Les voilà de retour, vos bêtes de foire suédoises préférées, celles qui hantent vos nuits depuis déjà… 28 ans ! Legion a foutu le camp et Morgan ne semble pas vouloir faire taire à jamais sa guitare, aussi sautille-t-il d'albums pareils à albums semblables depuis trop longtemps. Certes, la venue de Mortuus en 2004 a semblé lui faire du bien, revigorant son envie d'approfondir son style d'écriture et de varier davantage les rythmiques. Oh oui, l'époque de "Panzer Division" est loin…

Mais bon, ce qu'on ignore presque tous chez Morgan est l'existence de son one-man band ABRUPTUM, créé un an après MARDUK ! Cela veut dire que le bonhomme a su faire sortir la pression, notamment au piano, grâce à cette autre entité. Rares sont les traces par contre de ce passe-temps plus soft dans la musique sans merci de MARDUK, qui, au mieux, déclenche ce genre d'ineptie chez les observateurs à chaque nouvelle arrivée dans les bacs : « Ouais ben, c'est MARDUK hein, faut pas s'attendre à autre chose…» Si par malheur, en tant qu'artiste fier de son art, j'avais eu droit à ces banals commentaires de la part de la plèbe, il aurait été foutrement le temps d'accrocher mon instrument et de partir à la retraite.

Faut croire que cette « logique » ne s'applique pas souvent dans le Metal… Alors quelques fois par année, nous sommes forcés de nous farcir de sempiternels rabâchages. Que ce soit avec des vieux Heavy Metalleux ou des Blackeux, le principe est le même. On écoute, on espère le miracle ; il vient rarement, aussi retournons-nous à nos classiques du groupe en question en maudissant le jour où ces vétérans ont mal géré leur argent ou se sont fait rouler par leur label/gérant pour être obligés de sombrer dans le pathétique radotage que seuls les aficionados stoïques vont ouïr en jouissant.

Tout cela pour vous dire que "Viktoria", quatorzième album de MARDUK, est l'archétype de ce que je viens de décrire. C'est solide, violent, assez carré et ça parle encore de guerre. Les Suédois offrent surtout des moments plus marquants quand ils ralentissent le tempo (à part "Varna", le meilleur brûlot du skeud) en tournant le fer dans la plaie comme sur "Tiger I" et "Silent Night", qui achève heureusement le disque sur une note positive. La pièce-titre est aussi intéressante, mais le coït est interrompu si brutalement qu'on reste férocement sur notre faim, la frustration dans les tripes.

Seule vraie lueur d'espoir dans ce tripot : le chant de Mortuus, alias Arioch, qui apporte décidément une dimension supplémentaire à cet orchestre des ténèbres. Ce type a un plaisir fou à gueuler sa colère, aucune lésinerie chez lui. Écoutez-le s'amuser sur "June 44" ! Dommage que Morgan ne puisse plus injecter ce genre de drogue dans son interprétation…

"Viktoria" se dévoile sur 33 minutes, soit près de 20 minutes de moins que sur "Frontschwein". Tirez les conclusions que vous voudrez, mais ça s'entend que les Suédois ont fait les coins ronds et ont enclenché le pilote automatique. Aucune surprise là, on les voyait arriver à des milles à la ronde.

Note : 2,5/5.

Podium : (or) "Narva", (argent) "Silent Night", (bronze) "Viktoria".

Indice de violence : 3,5/5.