Les concerts de Black, on ne connaît que trop : les musicos passent souvent bien plus de temps à enquiller les approximations qu’à tenter de reproduire la qualité des prestations studio, et font souvent preuve d’autant de force convaincante que d’appétit pour la Sainte Bible. Bref, les manifestations du metal noir souffrent de cette irritante capacité de nous faire entrer dans une colère de la même couleur, et ne vont pas sans déclencher ici et là quelques rires dans l’assistance, tant le spectacle s’apparente parfois à une véritable clownerie. Heureusement, il existe quelques combos qui défendent vaillamment le blazon du Black sur les planches… Et MARDUK fait partie de ces entités qui, non contentes de fouler les planches avec plaisir, se font également une joie de leur foutre le feu !

On conçoit l’incrédulité du lecteur, que seules des preuves tangibles seraient à même d’infléchir. Besoin de matos ? « Live In Germania » de MARDUK, par exemple ? Sorti dans la foulée de la tournée entérinant l’explosion d’un groupe dynamisé conjointement par l’arrivée du redoutable Legion au chant et par la sortie du monumental « Heaven Shall Burn... », ce disque Live constituait à l’époque la preuve par douze que le Black pouvait s’acclimater du contexte Live.

Piochant très largement dans son dernier disque (pas moins de cinq extraits), MARDUK nous expose ici son incontestable capacité à faire vivre un Black violent et extrêmement intransigeant, le tout sans jamais verser dans l’abrutissement de mauvais aloi : servi par une production somme toute très correcte étant donné la complexité de la tâche, les suédois nous servent ici le grand jeu, et profitent de l’occasion pour dépoussiérer d’antiques classiques (« The Black… », « On Darkened Wings ») qui, remaniés selon la nouvelle orientation musicale du groupe, bien plus intense et belliqueuse, arborent une toute autre allure !

Que les allergiques de « Opus Nocturne » et « Those Of The Unlight » jettent une oreille sur ce Live incandescent, ils n’en reviendront pas de la puissance décuplée animant les « Sulphur Souls » et autres « Wolves », incontournables chapitres d’un passé moins foncièrement sauvage. Quant à ceux qui espéraient se fendre la poire en titillant MARDUK, ils en seront pour une petite virée dans l’enfer de la fosse, au milieu d’une meute de pogoteurs déchaînés.

« Live In Germania » constitue donc un témoignage impressionnant de crédibilité d’un groupe de Black qui fera de l’exercice scénique une de ses spécialités. Au regard de ce disque, on veut bien le croire, sans hésiter !