Un nouvel album d'un gros pilier d'un genre, c'est toujours un piège. On connaît si bien le groupe qu'on aurait tendance à sauter dedans à pieds joints, mais seule une certaine méfiance nous évite ce réflexe dangereux. On peut alors commencer à aborder "Serpent Sermon".

Mais je dois avouer que cette pochette ne donne pas du tout envie d'aller écouter l'album. Quelque chose de si simple et si cliché... On ne peut être finalement qu'agréablement surpris quand on lance la première piste et que ça envoie déjà du lourd. On retrouve bien là notre bon MARDUK : Black légèrement brutal, massif, belliqueux, une belle ambiance martiale surmontée d'une petite mélodie et d'un refrain entêtant.

Le morceau éponyme avait le mérite de rester en tête et de bien débuter l'album. De "Messianic Pestilence", je ne retiens qu'un passage récurrent qui m'a plu, et le reste n'est qu'une pâle copie de ce qu'a pu faire MARDUK par le passé. Mais un passé récent. L'avantage de cet album est qu'il mêle assez bien ce qui a pu se faire sur "Wormwood" et "Rom 5:12" avec un écho à peine perceptible au bon vieux "Panzer Division Marduk". Ce qui reste un inconvénient pour ceux qui ne peuvent pas supporter le chant de Mortuus.

Mais comme je suis quand même assez fan de "Rom 5:12", ça ne me pose aucun problème. C'est d'ailleurs sans doute la raison de ma préférence évidente pour le cinquième titre, "Temple Of Decay". Il rappelle assez bien les structures et ambiances propres au MARDUK récent. Le genre de morceau qui part d'une base sympathique à la "Accuser, Opposer" ou "Funeral Dawn", assez lourde, lente et dramatique, pour s'étendre dans un crescendo jubilatoire sur cinq minutes. Même s'il lui manque ici quand même un petit quelque chose pour être vraiment jouissif et abouti.

Bon, je dois vous dire que ces groupes qui semblent fréquenter le Malin me font bien souvent rire. Pourtant j'avoue que ces atmosphères pleinement sataniques prennent bien sur certains morceaux, tels que "Damnation's Gold". Un bon titre plein de bonnes idées et de contrastes intéressants.
Dans le style satanique on passera sur "Hail Mary (Piss - Soaked Genuflexion)" qui nous présente un Je vous salue Marie pleine de foutre, de sang, d'urine et de vomi. Merci MARDUK pour votre élégante poésie.

Le titre final "Worm Of Blades" (si on fait abstraction de la sublime bonustrack de huit minutes) est bien la signature définitive de ce pacte avec le Diable. Un titre contrasté, entre le Black habituel prenant de MARDUK, et un passage plus adapté à des rituels ésotériques dans le style d'une prière solennelle, pour finir sur un Black plus "doux" où on découvre que le bassiste est bel et bien en vie chez MARDUK.

"And the might of the new law shall be as vast cataclysms
Violently tearing time and space to shreds
And the blood of the lamb shall blacken and become as tar
Death shall stand like a mountain of power
And you and your fellow beings shall give thanks!"

Et je dois dire que si moins de la moitié des titres m'ont donné une bonne impression, ils sont pourtant d'une très bonne qualité qu'on ne peut enlever aux Suédois après toutes ces années.
Cet album n'est pas extraordinaire, il est le résultat d'une suite logique amenée par "Rom 5:12" et "Wormwood". Néanmoins, MARDUK réussit toujours à nous offrir de nouvelles idées et un opus tout à fait plaisant, tout en gardant leur empreinte agressive et luciférienne. Peu d'évolution mais un petit succès pour ce "Serpent Sermon".

Note réelle : 3,5.