Il n’aura encore une fois fallu à TESTAMENT qu’une année pour donner un successeur au décrié "Practice What You Preach". En revanche, petite nouveauté, le groupe a décidé de se passer des services d’Alex Perilias, qui avait tenu les manettes sur les trois premiers essais, pour faire appel à Michael Rosen (VICIOUS RUMORS, TESLA, à ne pas confondre avec l’auteur de livres pour enfants britannique, ça ferait un peu désordre) à la production, tout en participant fortement à l’exercice. Et le résultat va s’avérer être assez décevant.

Enfin, décevant, ce n’est pas tout à fait exact, cela dépend de son degré d’affinité avec TESTAMENT. Pour un néophyte en la matière, "Souls Of Black" serait un bon petit album de Thrash d’inspiration proche de METALLICA, qui fait le job correctement. Pour quelqu’un qui maîtrise bien les premiers albums, ce disque est en fait trop prévisible. Plutôt que de faire un long discours, prenons plutôt un exemple assez flagrant. "Beginning Of The End" est une petit intro à la guitare acoustique qui s’assombrit sur la fin (en même temps, il n’y a pas à attendre longtemps) pour faire la jonction avec le riff de "Face In The Sky". Le hic, c’est que l’on sait pertinemment à quoi va ressembler cette agression à la guitare tant elle est typique du groupe, il y a pas (plus) d’effet de surprise : TESTAMENT déboule exactement comme on l’attendait.

Et la formation va alors se contenter de dérouler, semblant s’écarter des diverses expérimentations de "Practice What You Preach" pour revenir au style plus direct de "The New Order", simple, mais pas forcément des plus efficaces. Skolnick nous balance toujours des soli bien sentis, mais est-ce suffisant encore pour amener un certain intérêt à l’ensemble ? Le guitariste surnage toujours, mais si son toucher est impressionnant, il se fait plus discret dans le travail d’écriture, supplanté par Louie Clemente, le batteur, qui amène quelques idées intéressantes, sans toujours révolutionner le son du groupe.

Et au milieu de ce torrent de titres convenus, s’extirpent deux bijoux. Du genre que l’on n’attendait pas forcément mais qui, par leur éclat, revalorisent tout un ensemble. Le premier est le title-track, et son intro groovy à souhait, qui se délie pour offrir un mid tempo au refrain d’une simplicité terrifiante, mais pour le coup, très efficace. Le second joyau de cet album est bien entendu "The Legacy". La bien nommée "The Ballad", sur l’opus précédent, avait posé les bases de la ballade vue par TESTAMENT ; "The Legacy" les sublime et pourrait à elle seule justifier l’achat de ce disque. Sa montée en puissance jusqu’à ce final explosif reste le haut fait le plus jouissif de ce "Souls Of Black" et l’un des moments parmi les plus mémorables du groupe.

"Souls Of Black" n’est pas un album désagréable à écouter, mais il sonne malgré tout de façon un peu creuse, comme si l’acharnement à sortir un disque par an avait complètement sapé les forces des musiciens, qui se contentent par moments du minimum syndical et qui jouent la carte de la facilité un peu trop souvent pour être honnête. Reste quelques morceaux qui entrent dans la légende, celle de TESTAMENT déjà, à défaut d’entrer dans celle du Thrash.