OVERKILL aime à surprendre son monde. Après un « I Hear Black » formidable de sensibilité et de grisaille, retour sans ménagement au thrash bovin qui pue avec ce « W.F.O » qui, s’il visait surtout à rassurer les fans déçus par le précédent exercice, réussira également à décontenancer ceux avaient été convaincus.

Parce que pour puer, ça pue. Une autoproduction ignoble, qui sature à outrance et bave tout ce qu’elle peut. Un travail bâclé qui pourrit davantage, une gageure, des lignes de riffs sans inventivité écrites entre deux portes : OVERKILL invente le thrash dont la banalité s’apprécie inversement au volume sonore. A vouloir tailler dans le lard au gourdin, le groupe débite des tranches informes et délaisse l’originalité et l’émotion qui parsemaient ses précédents opus et provoquaient la chair de poule dès les premières mesures.

C’est certes très puissant, impossible de dire le contraire, mais ô combien grossier, fade, et terriblement linéaire malgré quelques breaks pour la forme placés au jugé. Verni dégueule une affreuse bouillie, Mallare bourrine en oubliant ses précision et finesse bouleversantes, et Blitz, pourtant très en forme, étale ses facultés sans la moindre imagination. Un ensemble bien trop plat et compact pour qu’on puisse dissocier et, partant, apprécier les étouffe-chrétien qui le forment.

Gavage intensif entre deux mets bien plus raffinés, composé trop vite et sans le moindre recul dans le seul but de couper court aux critiques, « W.F.O » me reste toujours au travers de la gorge. Aujourd’hui encore, sa simple évocation provoque l’ennui et seuls les éléments qui m’avaient marqué en 1994 trouvent grâce à mes oreilles. Le sauvage « Here come da pain ! » d’Al Pacino (« L’impasse », sorti la même année, le dernier vrai film de De Palma) suivi d’un riff brutal enfin accrocheur et mémorisable, le côté sentimental de « R.I.P. » en hommage à Cris Oliva, et les sifflotements de l’hymne convenu de « Bastard Nations ».

C’est quand même peu pour un album d’OVERKILL. Plantage heureusement sans conséquence. Le groupe cherchait une nouvelle voie. Il la trouvera avec « The Killing Kind ».