Quand votre groupe fétiche est absent, vous tentez de survivre...
Certains tentent de compenser, à la façon d'une vulgaire Methadone©, en allant succomber aux chants des sirènes adverses, d'autres passent en mode « ermite » et une troisième catégorie se passe en boucle les oeuvres précédentes du dit combo...

A titre perso, j'appartiens au dernier secteur. DARK TRANQUILLITY est un groupe que je vénère et mes stats Last Fm ne sauraient me contredire. Entre "The Gallery" et le petit dernier en date coté studio ("Fiction"), je me délecte des pépites enfantés par nos Suédois...

Tout juste remis de la magistrale gifle reçue en fin d'année 2009 avec la sortie du sublimissime coffret "Where Death Is Almost Alive", fêtant majestueusement les 20 ans d'un des pères fondateurs du Death Mélodique, c'est avec un bonheur non dissimulé que l'annonce suivante allait être accueillie !

Vous trouvez que j'en fais beaucoup côté superlatif ? Difficile de le nier ! Alors comment vous formuler mon sentiment à l'annonce pour ce mois de mars 2010 de la sortie du neuvième opus de la saga studio DT ?! Largement annoncé (à coup de MySpace, de vidéo en studio sur You Tube, d'écoute de morceaux puis de l'album en intégrale libre), ce "We Are The Void" était attendu au tournant, et ce n'est rien de l'écrire !

Dès les premières notes de "Shadow Of Our Blood" (premier single vidéoclipé), on sent, on sait très vite que DT a changé. Difficilement expliquable, mais le clavier propose des sonorités lorgnant vers un truc faisant penser à de l'Indus (!) RAMMSTEINien typé électro. Pourtant, Martin Brändström continue de diversifier ses différentes utilisations des touches blanches et noires...

Le duo Sundin (*)-Henriksson vient rapidement se rappeler à notre bon souvenir en balançant un riff acéré pour nous délivrer un premier morceau au final bien heavy, avec un solo speedé, à la construction torturée (idem sur des morceaux comme "Arkangelsk", "Surface The Infinite" et "I Am The Void").

Stanne, mon frontman fétiche devant l'éternel, lance les hostilités, nous permettant de prendre la mesure de son chant Death. Celui ci est également en évolution: il se fait de plus en plus extrême, sans concession. On se surprend à y trouver des aspects "Black" tant on y gagne en rudesse au détriment de cet aspect rond et chaleureux (oui, pour du Death, je sais !) qui savait si bien le caractériser. Rassurez-vous, c'est toujours aussi bluffant !

Pourquoi diable prendre autant de temps sur cette première track du groupe ? Tout simplement car il faut l'annoncer bien haut : DARK TRANQUILLITY évolue. Pas au sens gentillet du terme. Non, véritablement. Le groupe amorce un virage penchant vers un retour vers l'extrême. Ceux qui vénéraient la fin de la période "Damage Done" en seront pour leurs frais. Si nous avions pu le sentir venir depuis "Character", force est de constater que le groupe a décidé de franchir le pas.

La palette vocale de Stanne est poussée dans ses derniers retranchements : Death ("In My Absence") voire parfois pseudo Gothique ("Her Silent Language"). Si je ne devais avoir qu'un argument pour vous prévenir/convaincre, j'utiliserais sans aucun doute celui qui vous obligera à faire votre deuil du chant clair de notre frontman, domaine dans lequel il excelle également ! En effet, si ce n'est de timides passages sur "The Grandest Accusation", "Her Silent Language" et "Iridium", pour le reste, c'est rideau, nada, peau d'balle...

Les claviers sont plus présents que jamais (break de "The Grandest Accusation") donnant une fois encore une sacré dimension, pour ne pas écrire importance, de Martin dans le groupe. S'il en reste bien un immuable, c'est sans doute Anders Jivarp, qui derrière ses fûts, martèle de façon si caractéristiques son kit que tout connaisseur du groupe saura le reconnaître entre mille ("Surface The Infinite") !

"At The Point Of Ignition" (tout comme "Surface The Infinite") demeure sans doute le morceau "passage de témoin" : une construction estampillée DARK TRANQUILLITY de A à Z. Une intro couillue, des riffs efficaces et speedés, des breaks de batterie, une basse ronronnante et un clavier mis en avant. Bref, tout ce qui a su faire la renommée du groupe. Cette track saura ravir les fans de la première heure.

Et quand le groupe veut continuer la pseudo expérimentation ("Arkhangelsk"), il le fait selon un cahier des charges qu'il a lui-même établi, et depuis un sacré paquet d'années. A ce titre, "Iridium", le titre épique qui vient conclure la galette, nous offre une alternance de violence débridée mid-tempo avec des passages posés frôlant le tempo du Doom ! Si beaucoup déjà en font une des nouvelles références du groupe, je suis resté assez hermétique à cette débauche d'énergie : Stanne éructe comme presque jamais pourtant, mais la mayonnaise ne prend pas... totalement...

Vous l'aurez compris, ce "Nous formons le néant" (!) ne laissera pas un vide dans l'esprit des fans : je pense que "We Are The Void" risque d'entretenir le débat entre les nostalgiques des anciens temps et les aficionados des évolutions. Entre une sonorité plus brute, une disparition du chant clair et des titres assez homogènes, DARK TRANQUILLITY s'offre des perspectives – je dois l'avouer – plutôt inattendues... qui auront sans doute pour conséquence de diviser, laissant sur le quai un certain nombre d'entre nous (les fans de toujours) et s'offrant à une nouvelle variété de metalleux...

Il n'en demeure pas moins que cet opus est magistralement produit (comment pourrait-il en être autrement avec DT ?!) et que les 11 titres composant cet album auront vite fait de vous faire vous poser la question suivante : "Ce DARK TRANQUILLITY est-il fait pour moi ?"... J'avoue ne pas avoir eu un réel engouement pour le moment... Engouement à la hauteur de mon amour pour ce groupe, ce qui je me doute doit m'aveugler...

Note d'un Trve fan de DT de la première heure : 2/5.
Note d'un newbie ou d'un "ouvert d'esprit" : 4/5 au moins.

Verdict: 3/5, objectif autant que possible.

Top: "Surface The Infinite", "At The Point Of Ignition".

(*): Sundin est une nouvelle fois l'auteur de l'artwork de la galette...