Ecouter du Metal, c’est pas toujours simple. Faut prendre un regard mauvais, dodeliner de la tête comme un névrotique passionné et vociférer le poing fermé. C’est crevant. On n’ose pas trop se l’avouer, mais parfois on préférerait écouter un truc estampillé Metal qui ne nous oblige pas à de tels gimmicks. Un Metal qui soit doux, beau, mélodique et planant, car parfois y en a marre de se violenter le crâne à coups de riffs de tueurs et de braillements horribles.

Bref, on voudrait du Metal qui repose les oreilles et vos états d’âme.

Le problème est que cette définition des choses ne colle pas avec notre musique. Sauf pour ANATHEMA qui a fait de cette thématique antinomique son cheval de bataille. Ce nouvel album des Anglais profondément sombres et profondément dépressifs ne déroge pas à la règle. Mieux : il va un peu plus loin dans le paradoxe.

ANATHEMA a donc rangé les grattes, les amplis, la batterie qui tape fort (boum tchak !!!) et mis en berne toutes les manifestations physiques et musicales de violence. Tout a été pasteurisé avec de l’acoustique, des claviers, des chœurs et même de la bombasse qui chante. Une démarche salutaire qui, à défaut d’être sanitaire, semble se suffire à elle-même étant donné que le groupe n’a même pas pris le temps de nous concocter de nouveaux titres. ANATHEMA puise quasi exclusivement dans son répertoire pour remanier une nouvelle donne.

Alors forcément on a envie de dire du mal d’ANATHEMA. Le seul groupe au monde qui est passé du Death Metal à de la Pop acidulée (en passant par du Doom atmo à tendance Prog), faut le faire. Le prochain album d’ANATHEMA pourrait être Reggae ou Punk que ce serait pas un problème. En ce sens, Hindsight rentre dans cette logique irrationnelle du groupe qui ne sait définitivement pas sur quel pied danser.

Sauf que le résultat est là : ANATHEMA est beau, est différent, est planant.

Faut dire qu’en reprenant les meilleurs titres passés, le risque était minime. Un parti-pris de Suisse, mais bon. Les mauvaises langues qualifieront le rendu global de sous RADIOHEAD – voire de PORTISHEAD du pauvre (la sœur du batteur assure une bonne partie de l’album avec sa voix doucereuse), ce qui remet en perspective « la magnifique mélodicité » revendiquée par les fans. Faute de génie pur, parlons plutôt de douceur atmosphérique, de délicate mélancolie ou encore de sucrerie planante pour ne pas tromper le chaland.

Peu importe, ANATHEMA réussit à rester « beau » en s’écartant un peu plus des sentiers du Metal, en s’échappant tout court dans la nature telle une brise légère et parfumée. Prout.