Alors là je cautionne. Certains y verront une simple opération marketing, moi je vois Resonance comme un cadeau pour les fans ! J’apprécie totalement ce genre de démarche, car on tombe assez souvent sur des pépites parmi ces raretés qui n’ont pas été inclues dans un album pour des histoires de cohésion, de place ou d’autres obscures raisons tirées du mental torturé de musiciens. Etant donné la difficulté de se procurer ces enregistrements sans enfreindre la si drastique réglementation sur le téléchargement, c’est franchement sympa de la part des frères Cavanagh. Tellement sympa qu’il faudrait quand même que je l’achète pour de vrai… oups…

Des groupes comme NIGHTWISH, MUSE et surtout DREAM THEATER et PLACEBO recèlent de trésors dans leurs archives. Au tour d’ANATHEMA de nous montrer la face cachée de leur musique.


Tout d’abord, il convient de préciser que cette compilation contient une moitié de faces B et une moitié de faces…A. Ce n’est pourtant pas un best of à proprement parler puisqu’il ne s’agit pas des plus grands tubes d’été d’ANATHEMA (…). En effet, Resonance réunit les chansons les plus aériennes d’une période couvrant les débuts du groupe jusqu’à Alternative 4, plus quelques reprises, fidèles ou adultères...

« Goodbye Cruel World » de PINK FLOYD, par exemple, est exécutée à l’identique. Cette très courte chanson rappelle ces adieux que l’on aimerait vouloir s’éterniser, se figer, mais qui finissent brutalement par une oxymore aussi violente qu’un coup de dague : « good bye ».

La plus belle pièce de Resonance est incontestablement « Better off dead », reprise d’une chanson de… BAD RELIGION ! Il faut savoir qu’à la base, c’était du Punk… Fort de son talent de chasser tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la joie, ANATHEMA en a fait une superbe ballade où Cavanagh donne le la à Lee (la sœur du batteur qui a fait plusieurs apparitions dans le groupe), plus proche de JOSH GROBAN que de GREENDAY… « Better off dead » est très touchante et provoque des émotions antagonistes. Etrangement, on peut ressentir tristesse et joie à la fois. Cet équilibre est prodigieux. Les frères Cavanagh font de l’émotion une science et la convertissent en musique avec un talent d’orfèvre. Cela en fait un incontournable d’ANATHEMA.

Ces deux morceaux sont mes préférés de la compilation et, d’ailleurs, étaient censés figurer sur Alternative 4, mon album préféré. A souligner aussi la très intéressante version instrumentale de The Silent Enigma.

Je ne me prononcerai pas sur l’extrait live proposé. En fouillant bien sur la toile, on trouve quelques enregistrements corrects, alors c’est dommage d’avoir opté pour un vieux bootleg de qualité exécrable.

Le principal défaut de cette compilation est le défaut inhérent à toute compilation : le manque d’âme. Un best-of, une compilation de faces B ne sont pas des albums. De ce fait il n’y a pas de fil conducteur. Les morceaux sont pris à différentes époques. Au fil des années, la façon de composer change, la mentalité du musicien évolue. En écoutant le résultat, on ne peut chasser l’impression d’avoir des morceaux sans aucun lien, collés les uns aux autres.

C’est une idée originale qu’ont eu les frères CAVANAGH de faire une compilation « à thème » et d’y ajouter quelques chansons inédites. Cependant, cela ne reste qu’une compilation… Pour moi, Resonance c’est comme le Real Madrid : des pépites, voire des merveilles (cf. « Better of dead »), mais peu d’harmonie.