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LAMB OF GOD - Ashes Of The Wake (2004)
Par T-RAY le 7 Octobre 2017          Consultée 3983 fois

En 2004, LAMB OF GOD explose à la face du Metal américain. La faute à cet "Ashes Of The Wake" qui sera son plus gros succès commercial jusque-là… Et même jusqu'à aujourd'hui, puisque les Virginiens n’ont jamais vendu plus de copies d’un seul autre album que celui-ci. Pourtant, le statut de ce disque n’est ni mérité, ni justifié. C'est "As The Palaces Burn" qui aurait dû voir le quintette rafler la mise, mais que voulez-vous, on ne peut pas blâmer le public Metal de prendre un train en retard, encore moins le public amerloque qui, il faut le dire, est généralement bien plus réceptif au son de chez lui qu’au son de chez nous, en Europe.

Or, "As The Palaces Burn" était gonflé au son de chez nous, bodybuildé, même, au point de sonner quasiment comme un album de Mélodeath suédois, parfois (souvent). Pourtant, c'était bien un Nord-américain qui œuvrait derrière la console, et non des moindres : Devin Townsend en personne. Mais Devin, contrairement à ce que mentionne son passeport, est un citoyen du monde du Metal, et ne connaît aucune frontière musicale, sonore, mentale. Le deuxième album studio de LAMB OF GOD ne pouvait sonner mieux que de la façon dont il l’a produit. Sauf qu'il l’a produit "à l’européenne", avec un son beaucoup plus éclatant et tranchant que celui de cet "Ashes Of The Wake", produit par Gene "Machine" Freeman.

"Machine" a donné au troisième L.P. du gang de Richmond un gros son ricain, bien lourd et bien grassouillet, nécessaire pour faire respecter le statut de relève du Groove Metal tamponné, à tort ou à raison, sur le CV des cinq gaillards. Mais on est en droit de se poser la question : est-ce ce son-là dont LAMB OF GOD a besoin ? Vraiment ? Soyons francs : le quintette a d’abord été biberonné au Thrash et au Death Metal, et il suffit d’entendre l’unique et éponyme album de BURN THE PRIEST, entité qui a précédé LAMB OF GOD, pour s’en rendre compte. Son Metal est acéré, aiguisé, et rien ne sert de lui arrondir les angles. Je ne dirai certes pas que le groupe n’a rien de Groove, car le genre a toujours eu droit de cité dans la musique du combo, "New American Gospel" peut en témoigner. Mais qui peut vraiment dire que l’Agneau de Dieu est un authentique groupe de Groove Metal, de façon aussi nette que le furent PANTERA ou MACHINE HEAD ?

Je ne le crois pas. Mais "Ashes Of The Wake", volontairement ou non, a fait le nécessaire pour faire entrer le groupe dans la bonne case, plus facile à marketer aux States, d’autant plus que les Virginiens trouvent ici moyen d’encore mieux intégrer les éléments Metalcore de leur musique (écoutez l’excellent "Blood Of The Scribe" !). Mais là encore, comme sur "As The Palaces Burn", ce sont bien les plans Thrash qui sont les plus efficaces, qui ne demandent qu'à exploser à la gueule de l’auditeur. "Laid To Rest" et "Hourglass" sont de vraies mines antipersonnel qui n'attendent que de détonner… Sauf que le traitement sonore trop rond, trop épais, trop lourd, les empêche d'éclater comme elles le méritent. Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : ces titres sont de vrais "tubes" typiquement LAMB OF GOD, mais ils n’expriment pas ici leur superbe violence, à laquelle le Live "Killadelphia" rendra justice.

Dans un style similaire mais un peu différent tout de même, "The Faded Line" se fait davantage remarquer car, légèrement plus Groove, elle s’accorde mieux avec la pesanteur de la prod. Non, sur cet album, ce sont encore les plus purs exemples de Groove Metal qui s’en sortent le mieux, qui gagnent le plus d’impact. L’hymnique "Now You’ve Got Something To Die For" - en quelque sorte le "Davidian" de LAMB OF GOD - joue les rouleaux-compresseurs, avec ses paroles anti Guerre en Irak, rugies par un "Randy" Blythe fort en gueule. Encore plus fort, et mieux servi par le son de "Machine", le très menaçant "Omerta" est la principale réussite de l’album, permettant au quintette de poser l’ambiance de catastrophe imminente qu’il chérit. Ce point d’orgue du LAMB OF GOD Groove ne connaît pas vraiment de réplique sur l’album, qui s'essouffle dangereusement sur sa deuxième partie.

Une partie où ce son si gras, si lourdaud, fait l'effet d’une gangue d'où les morceaux peinent à s’extirper. Ce n’est pas faute d’essayer, pourtant. L’über agressive "Break You", "Ashes Of The Wake" (malgré les soli des invités Chris Poland et Alex Skolnick), "Remorse Is For The Dead" sont laissés pour compte, tout là-bas, au-delà des 30 minutes de jeu… Il faut se les enquiller quatre ou cinq fois de suite pour en retenir quoi que ce soit de mémorable. Un quoi que ce soit qui s’efface trop vite après l'écoute, hélas, signe qu’il n’y avait finalement rien de mémorable dessus. Heureusement, un "What I’ve Become" hyper Thrash, presque SLAYERien parfois, vient redynamiser le dernier quart d'heure, mais pas suffisamment pour faire du troisième L.P. des Virginiens le magnum opus qu'il aurait pu être. Qu’il aurait dû être.

Ne crachons pas trop dans la soupe, toutefois, car cet album a eu de grands mérites au moment de sa sortie. Notamment celui de remettre dans les oreilles des jeunes Américains du putain de fucking Metal qui écorche, assorti de textes politisés à souhait, nécessaires à l’exutoire des ados de la présidence Bush. Celui, aussi, d’envoyer le groupe sur une tournée marathon où, outre parfaire ce Thrash/Groove/Metalcore prêt-à-mosher, LAMB OF GOD a trouvé le temps d’enregistrer un album Live de très haut vol… Le bien nommé "Killadelphia", qui aurait été définitivement moins riche en tueries si "Ashes Of The Wake" n'avait jamais eu lieu. Il y a du matériel de dingue sur ce disque. Mais ce n’est tout simplement pas là qu’il est le mieux exploité.

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   (2 chroniques)



- Randy Blythe (chant)
- Mark Morton (guitare)
- Willie Adler (guitare)
- John Campbell (basse)
- Chris Adler (batterie)


1. Laid To Rest
2. Hourglass
3. Now You've Got Something To Die For
4. The Faded Line
5. Omerta
6. Blood Of The Scribe
7. One Gun
8. Break You
9. What I've Become
10. Ashes Of The Wake
11. Remorse Is For The Dead



             



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