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LAMB OF GOD - Live In Richmond, Va (2021)
Par T-RAY le 9 Août 2021          Consultée 1269 fois

La pandémie de Covid-19 qui nous a éloigné des événements artistiques en 2020 et jusqu'à ces derniers mois a eu le mérite de nous faire réfléchir sur ce qu'est réellement un album live en matière d'enregistrement musical. Et au sens même du terme "Live". S'il signifie "en direct", ce n'est toutefois pas pour rien que le terme est issu du verbe "vivre" en anglais. Parce qu'un album live est, par définition, vivant. Vivant car il témoigne d'un moment où l'art d'un groupe prend vie sur scène, de préférence devant un public mais pas toujours. Les Live in studio existent parce qu'ils permettent aux musiciens de jouer en même temps, dans la même pièce, les compositions dont ils enregistrent les pistes séparément la plupart du temps.

Or, les studios musicaux sont rarement un espace où l'on peut accueillir du public. Il n'est donc pas si incongru que cela d'enregistrer un Live dans ces conditions si c'est pour donner une idée de la façon dont un groupe joue ensemble dans un environnement maîtrisé. Là où naît l'incongruité, c'est quand un Live est capté dans une salle vide, là où d'ordinaire se trouve un public plus ou moins acquis à la cause de l'artiste sur scène. Tout musicien a évidemment connu ces moments de solitude où il se retrouve à jouer sans public ou presque. Mais il s'agit rarement d'une situation voulue. Tout le contraire de ce qu'ont vécu la plupart des groupes qui ont tout de même décidé de monter sur scène durant les pires moments de la pandémie de Covid-19.

Ces artistes l'ont fait pour continuer de faire profiter de leur performance scénique à leur public confiné, parfois juste à côté de la salle de concert, parfois à des milliers de kilomètres. Les shows diffusés en direct et en streaming sur le net ont fleuri en 2020, et pour le plus grand plaisir des fans. Sauf que ces concerts-là, ainsi diffusés, sont des échappatoires à la pénibilité de l'instant présent, lorsque, claquemuré dans son appartement, l'on cherche à retrouver certaines des sensations de la vie normale. Un set en Live streaming est un moment de direct pur, fait pour être apprécié comme l'on regarde une performance sportive : le différer tue l'intérêt ou, du moins, l'aseptise.

Raison pour laquelle avoir enregistré le set donné par LAMB OF GOD dans une petite salle de sa ville d'origine, Richmond, en Virginie, le 18 septembre 2020 n'était pas forcément l'idée du siècle. Même si cela partait d'une bonne intention. Quelques jours plus tôt, le quintette avait d'ailleurs diffusé en direct sur le web une interprétation intégrale de son classique de 2004, "Ashes Of The Wake". Mais, nouveauté oblige, c'est l'enregistrement de l'interprétation intégrale du dernier album, "Lamb Of God" qui a eu droit à une captation complète et à une transformation en album Live en bonne et due forme. Un choix qui épargne à certains titres moyens de ce disque plutôt bon de n'être jamais joués sur scène. Mais, côté setlist, c'est à peu près la seule bonne surprise de ce concert.

En effet, la performance dont nous gratifié LAMB OF GOD ici est à l'image du groupe : carrée, solide, puissante, sans fioritures. Un peu comme s'il s'agissait d'un Live en studio, en fait. Et l'on retrouve ici ce qui fait qu'un Live en studio est intéressant, mais guère plus… Car le groupe est hyper en place et ne déborde jamais du cadre, comme un concert en public le permet. Point de versions rallongées de certains morceaux, ni de breaks impromptus pour faire réagir la foule en délire, ni de certains "pains" qui confirment qu'un concert est une expérience effectivement vivante… Et l'on n'entend pas autant de harangues que d'habitude de la part de Randy Blythe, pourtant l'un des frontmen d'ordinaire les plus affables et bondissants du Metal américain actuel.

On n'entend pour ainsi dire presque rien de la part de D. Randall, qui met quatre morceaux avant de s'adresser pour la première fois - et brièvement - aux fans derrière leurs écrans, en rendant un hommage au regretté Riley Gale de POWER TRIP juste avant d'envoyer "Reality Bath". En dehors de cela, Randy ne fait qu'espérer que chacun est sain et sauf chez lui et inviter les spectateurs à foutre le bordel dans leur maison - ou celle de leurs parents - et à "éclater le plus beau vase chinois de [leur] mère". Son seul moment de délire tient dans l'annonce de "The Death Of Us", morceau figurant dans la bande originale de "Bill and Ted face The Music" ("Bill and Ted sauvent l'univers" en français, traduc' moisie en l'occurrence), qu'il dédie justement aux deux antihéros.

Bref, ce n'est pas dans le côté vivant de l'album qu'il faut chercher de l'intérêt à "Live In Richmond VA". C'est plutôt dans les surprises que le disque réserve, car il y en a. En effet, l'on se rend compte ici du potentiel qu'ont sur scène des titres qui ne payaient pas trop de mine sur album studio. "Gears", notamment, et surtout "Routes" et "On The Hook". Et pourtant, "Routes" bénéficiait à l'origine de la présence d'un invité de choix au micro, en la personne de Chuck Billy (TESTAMENT). Mais c'est bien en concert et sans lui que ce pur morceau de Thrash prend toute son envergure et frappe le plus fort. Quant à "On The Hook", il faisait un titre final un peu léger en studio, mais il est ici armé d'un supplément d'énergie bienvenue.

Histoire de contenter les fans de longue date, LAMB OF GOD achève tout de même son set par quelques titres plus anciens. La "chanson Punk Rock" "Contractor", tout de même plus Hardcore que Punk malgré ce qu'en dit Blythe, est une mandale en pleine face et fait plus mal, elle aussi, que sa version studio sur "Wrath". L'imparable "Ruin" tape toujours aussi fort qu'avant. Et en guise de clin d'œil au confinement imposé par le Covid-19, l'Agneau de Dieu conclut son show sur le morceau composé suite à l'incarcération de Randy en République Tchèque en 2012, "512". Une compo encore fort accrocheuse, même si elle pâtit ici de la fatigue vocale du chanteur en fin de concert.

Cerise sur le gâteau de cet album live, LAMB OF GOD a eu le bon goût d'y graver ses deux derniers singles inédits, en version studio toutefois. Le très Heavy "Ghost Shaped People", est plutôt efficace même si de facture assez classique pour du LAMB OF GOD. Enfin, "Hyperthermic/Accelerate" joue davantage sur le côté Thrash groovy du groupe et rappelle par certains côtés la période "Ashes Of The Wake", ce qui n'est pas pour me déplaire car c'est là que la formation a définitivement trouvé sa formule gagnante, en termes de riffing, de lead et d'atmosphère, menaçante à souhait. Ces deux vrais-faux bonus et les rappels du concert, percutants, aident l'album à se finir sur une bonne note, en dépit du manque de folie du concert.

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Le DVD qui accompagne le CD permet de s'immerger davantage dans l'expérience de ce Live sans public physiquement présent. Cette absence de spectateurs permet aux cameramen de réaliser davantage de gros plans que d'habitude et de cadrer la scène de façon plus serrée qu'à l'accoutumée. Un côté plus immersif dans l'interprétation des musiciens s'en dégage. D'autant que le groupe se montre extrêmement sérieux et très appliqué, sans doute sensible à faire de ce concert live-streamé une plongée dans l'univers scénique de LAMB OF GOD. Ce qui fait qu'on apprécie mieux le travail de John Campbell mais un peu moins la fureur de Randy Blythe, moins dynamique et bondissant que d'habitude, hélas.

Sur cette captation, les mouvements de caméras sont également plus rares que d'habitude sur les concerts filmés. Et l'on pâtit quelque peu du manque d'angles de vues sur la batterie d'Art Cruz, qui est quand même le petit nouveau du groupe et censé remplacer un monument en la personne de Chris Adler. Lui qui a su répliquer une grande partie du style de son prédécesseur en intégrant l'Agneau de Dieu aurait mérité plus de focus. En ce qui concerne les membres du groupe, Randy Blythe bénéficie d'un peu plus de présence ici que sur le CD. Davantage d'adresses d'aux spectateurs ont été conservées, ce qui aide à mieux nouer le lien entre le groupe et le public derrière son écran.

Ce concert sans auditoire permet de se concentrer également sur la réalisation. L'on se rend mieux compte des changements de température de couleur des lumières, d'un morceau à l'autre. Du bleu de "Memento Mori" au rouge de "Checkmate" en passant par le jaune de "Gears" : les effets lumineux sont ici très carrés et permettent un rendu moins épileptique que d'habitude, tout comme le montage, bien moins saccadé que sur bon nombre de concerts filmés aujourd'hui. De la même manière, les effets sont assez rares sur cette vidéo : quelques ralentis en noir et blanc par-ci, par-là, et quelques plans de coupe de la ville de Richmond mais rien de bien plus fantaisiste.

Seule la transition entre la salle de concert et la répétition de "New Colossal Hate" dans la maison de Mark Morton à la fin de ce même morceau joue l'originalité, et l'on y surprend le groupe en pleine conversation à propos du show qu'ils s'apprêtent à donner. Ce côté backstage est renforcé par les bonus du DVD. D'abord par l'aperçu d'une répétition du groupe puis de la préparation de la salle de concert dans le respect des mesures sanitaires. Puis par une session de répétition "en quarantaine" plus intéressante, où l'on voit chaque membre jouer en live depuis chez lui : son studio perso (Willie Adler, Mark Morton, Art Cruz), son salon (John Campbell) et même… sa penderie (Randy Blythe).

Le tout donne des allures de playthrough à ce court enregistrement et permet d'apprécier davantage le travail d'Art Cruz grâce à une caméra placée au-dessus de sa batterie. "Checkmate" et "New Colossal Hate", ainsi que "Laid To Rest" y passent. Un bonheur sachant que le groupe a également donné un concert en live stream de l'intégralité de l'album "Ashes Of The Wake" quelques jours avant celui qui fait ici l'objet d'une chronique. Sachant que le troisième opus studio de LAMB OF GOD a eu droit à moult extraits sur le premier album live du groupe, l'excellent "Killadelphia", il y a peu de chances de voir cette interprétation intégrale sortir sur disque, mais sait-on jamais ? En attendant, les fans du visage le plus récent de l'Agneau de Dieu trouveront tout de même leur compte sur ce "Live in Richmond VA".

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- D. Randall 'randy' Blythe (vocaux)
- Mark Morton (guitare)
- Willie Adler (guitare)
- John Campbell (basse)
- Art Cruz (batterie)


- cd
1. Memento Mori
2. Checkmate
3. Gears
4. Reality Bath
5. New Colossal Hate
6. Resurrection Man
7. Poison Dream
8. Routes
9. Bloodshot Eyes
10. On The Hook
11. Contractor
12. Ruin
13. The Death Of Us
14. 512
15. Ghost Shaped People (bonus)
16. Hyperthermic / Accelerate (bonus)

- dvd
1. Memento Mori
2. Checkmate
3. Gears
4. Reality Bath
5. New Colossal Hate
6. Resurrection Man
7. Poison Dream
8. Routes
9. Bloodshot Eyes
10. On The Hook
11. Contractor
12. Ruin
13. The Death Of Us
14. 512



             



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