D’après certaines statistiques, le groupe de death metal qui aurait vendu le plus de disques depuis ses débuts serait CANNIBAL CORPSE. Il suffit de peu pour fâcher un amateur de musique qui comprend très bien, tout en refusant de l’accepter, que les meilleurs atouts de vente d’un album ne proviennent pas forcément de son contenu sonore. Dans le cas de la formation de Floride, ces atouts sont aisément identifiables. Outre un patronyme grotesque qui a lui seul n’explique rien, puisque beaucoup ont fait encore pire sans connaître le même succès, il faut compter sur des pochettes censurées dans différents pays et aux thèmes mêlant sexe et gore et des paroles en accord avec le visuel du groupe. Pointons également du doigt une évolution limitée tout au long d’une carrière déjà longue, afin de ne jamais perturber une audience peu critique à l’égard de la stagnation musicale.

Malgré ces médisances somme toute raisonnables, Hammer Smashed Face est une galette presque recommandable. Visuellement, l’objet est amusant, et cette pochette est sans doute la meilleure jamais associée au nom CANNIBAL CORPSE, moins outrageante et mille fois plus esthétique qu’à l’habitude, malicieux mélange de kitsch et de gothique. La tracklist est également sympathique et originale puisque constituée de deux reprises et des morceaux d’ouverture des trois premiers albums du combo.

The exorcist bénéficie d’un rendu agréable, les riffs thrash aérant un peu le jeu normalement étouffant des guitaristes Rob Rusay et Jack Owen. Comme le morceau ne fait qu’un appel limité aux voix, Chris Barnes ne bénéficie que de trop peu de temps pour ruiner une entreprise pour une fois bien menée.
BLACK SABBATH n’est pas le groupe le plus facile à reprendre du fait du feeling particulier de ses musiciens peu portés sur la vitesse ou la démonstration technique pour éblouir son auditoire. CANNIBAL CORPSE ne s’en sort ni mieux ni pire que beaucoup d’autres, et ne sombre pas totalement dans le ridicule. Zero the hero est…écoutable.
Hammer smashed face, meathook sodomy et shredded humans sont mauvais mais piocher ainsi dans l’intégralité du répertoire de l’époque pour assembler cet ep est astucieux, le novice pouvant se rendre compte de l’inintérêt des trois albums qu’il n’achètera donc pas.

Croyez-le ou non, aussi court soit-il, Hammer Smashed Face est le plus beau des best of imaginables pour une formation brillant par l’opacité de son talent car il représente le meilleur des premières années d’une formation qui, à mon sens, ne gratifiera pas, dans le futur, le monde de la musique de pièces dignes d’une véritable attention.

Oserais-je, avant de vous quitter, revenir sur ces statistiques m’encombrant l’esprit? Je rajouterai seulement que, sur le podium des artistes les plus vendeurs en chantant grr grr dans un micro, campent MORBID ANGEL (lueur d’espoir en l’humanité) et…DEICIDE (accablement définitif). Pour en finir avec les infos, au moment où j’écris ces lignes, le top 50 français est dominé par Hey Oh qui chantent tragédie (une reprise des BEE GEES), la Star Academy 3 avec j’ai mangé des oranges, c’est bon, ya des vitamines, et les géniaux Link Up. Sympa, non?