C'est quand même triste à dire, mais il faut croire que les séparations font du bien aux groupes parfois. Combien, des fois sans qu'on le sache, ont pris le parti de ne rien faire ensemble sur des périodes relativement espacées (QUEEN, AC/DC) pour ne pas en arriver au point de non-retour. Dans le cas de HAREM SCAREM c'est même assez remarquable car, trente ans après la signature de son premier contrat discographique, il est dans une forme olympique, délivrant un dix-septième opus parvenant enfin à rivaliser avec les albums de référence du groupe.

Il faut dire que le groupe, après avoir longtemps tenté d'incorporer les influences d'ALICE IN CHAINS (qu'on retrouve vite fait sur une intro grungy – "The Sky Is Falling"), puis il a changé de patronyme, est quelque part devenu raisonnable en se recentrant depuis sa reformation sur la formule qui lui a permis à une époque de taper à la porte du succès mondial, car "Thirteen" montrait un groupe désireux de renouer avec le feeling du début des nineties, ce que "United" réussit avec bien plus d'aplomb.

Sur "United", ouvert par une pièce-titre aux accents FM prononcés, aux chœurs irrésistibles et à la mélodie entêtante, HAREM SCAREM impressionne par sa fraîcheur et son envie. Les onze titres de l'album débordent d'énergie, d'une volonté de faire avancer la machine (qui tourne à plein régime cf "No Regrets") et de mettre l'auditeur sur le cul.

Harry Hess et ses acolytes ont décidé de remettre l'aspect vocal plus en valeur, et des constructions magistrales comme celles de "Sinking Ship" ou "Indestructible" suffisent à montrer à quel point le groupe a eu raison ! D'autant que sur "United", Darren Smith fait son retour par la petite porte en participant aux chœurs (j'ai aussi ouï dire qu'il allait tenir les baguettes sur plusieurs dates de la tournée).

Le groupe a ce métier qui l'incite à équilibrer de façon optimale ses disques en alternant les mid-tempi ("The Sky Is Falling"), les titres plus enlevés ("No Regrets"), les morceaux plus Groove ("Here Today, Gone Tomorrow"), et les ballades…
Et on a envie de leur tirer les oreilles, car il faut se manger les bidouillages électroniques (façon "Wasted Time") d'une power-ballade générique comme "Bite The Bullet" qui aurait eu parfaitement sa place sur l'opus précédent et qui casse un peu le rythme d'un disque qui justement, grâce à un riffing toujours aussi affûté, des vocaux à la fois mélodiques et rugueux se hissait plutôt dans le haut du panier. La seconde, qui suit juste après, assez différente – "Things I Know" – est plus eighties et traîtreusement irrésistible, Harry Hess étant un boss sur ce genre de titre à la mélodie à la fois mélancolique et volontaire. Pour le coup, si "Bite The Bullet" est un peu le point noir de l'opus, "Things I Know" en est l'un des highlights comme disent nos cousins de Canadiens.

"United" est un disque réjouissant, un album de Hard Rock aux accents FM, qui n'a peut-être pas la personnalité exacerbée d'un MR. BIG ou d'un The DARKNESS (qui ont sorti de superbes opus cette année), mais qui réaffirme s'il en était besoin la capacité d'HAREM SCAREM pour la composition de petites bombes de Hard FM parfois gnan gnan mais pas tellement au final. J'aurais tendance à rapprocher ce disque du "Reach" de TYKETTO sorti fin 2016 qui montrait des qualités similaires. Une très belle surprise que de voir un groupe de cette trempe parvenir, trente après ses débuts, à revenir à son meilleur niveau.