De même que REVENGE il n'y a pas si longtemps, chroniquer INCANTATION est presque un non-sens. Quelques lignes suffisent pour aiguiller les lecteurs vers le début de la discographie puis dans un second temps vers des albums plus récents, possédant l'avantage de sonner quand même un peu moins dégueulasse. Je pense bien sur à "Vanquish In Vengeance" que je trouve malgré tout bien surnoté. Quelques gribouillis pour bannir les albums faibles qui n'auront aucun intérêt puisqu'il s'agit d'une mauvaise copie des albums forts et puis hop, c'est fini. Si j'avais terminé ma kro x de "Onwards To Golgotha" qui traîne inachevée dans mon pc j'aurais envisagé d'arrêter la chronique ici en lançant quelques fucks à la cantonnade... Hélas ma procrastination me force à écrire quelque chose de cohérent et d'à peu près valable. Ne remets jamais au lendemain etc, etc.

"Profane Nexus" donc. Cuvée 2017. Toujours pareil : evil Death Metal, gros blasts brutaux, gros passages Doom plombés, grosses voix caverneuses. Call-and-response en trémolo picking comme depuis les premières secondes de "Onwards To Golgotha" ("Messiah Nostrum"), grosse dose de blasphème dont tout le monde se fout également. INCANTATION c'est le sur-Death, tout ce qu'il peut y avoir dans le Death Old School maléfique et ben là y en a deux fois plus, c'est tout simple, c'est tout con. Les fans adorent et les autres ignorent que le groupe sort encore des disques : il n'y a que trois commentaires sur l'ensemble de la discographie dont deux sur un disque passé en sélection.

Observez d'ailleurs l'internet : les chroniques y sont vides. Parfois bien construites, resituant le groupe, rappelant sa constance stylistique, mentionnant tel ou tel passage, soulignant telle caractéristique du groupe à tel endroit du disque. Tout cela est bien propre, bien fait, sans doute même avec plus de talent que moi. Quelle différence pourtant avec la chronique du disque précédent ? Pas grand-chose. Dans un élan de dévotion envers ma noble tâche j'ai réécouté la discographie du groupe depuis 2012, accompagné bien sûr de mon INCANTATION de chevet (1992-1998). Je peux vous affirmer que si déceler des changements est possible – ne serait-ce que les changements de chanteurs entre Pillard et McEntee - c'est pourtant une tâche qui me semble vaine et dérisoire. INCANTATION est évidemment un peu mieux écrit vers le début, mais mieux produit vers la fin (merci Swanö). C'est à se demander si les leads des pistes neuf et dix ainsi que la basse fondant l'air de la piste cinq n'existent pas uniquement pour qu'on puisse meubler sa chronique.

Alors je devrais peut-être, sans doute, être plus gentil. Je ne maîtrise pas totalement le dossier bien sûr et puis je pourrais invoquer cet éternel professionnalisme des vieux groupes routiniers. Comme le chroniqueur moyen je n'ai hélas pas décidé d'un axiome salvateur me permettant de sanctionner ou non l'immobilisme d'un groupe, chose tristement banale. Mais je dois me rendre à l'évidence : il est hautement improbable que je réécoute ce disque après cette chronique tant cette nouvelle dose d'INCANTATION m'est parfaitement inutile. Et pourtant, malgré la lassitude du chroniqueur, malgré les redites, malgré l'ennui, il y a lecteur, dans ce disque ordinaire, des choses à aimer. C'est pas mal comme phrase, allez j'efface tout le reste, lisez plutôt la Morue, qu'elle n'aie pas bossé pour rien.