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BLACK SYMPHONIQUE  |  REMIX/ARRANG.

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- Membre : Symphonity, The Haunted, Therion, Vallenfyre, Lock Up, Lost Symphony, Acheron, The Blood Divine , Solstice, Serotonal, Angtoria, At The Gates, Atrocity, Brujeria, Code, Decameron, December Moon, Entrails, Gorerotted, Leaves' Eyes, Massacre, Masterplan, My Dying Bride, Paradise Lost, Sarah Jezebel Deva , Anathema
- Style + Membre : Old Man's Child, The Kovenant, Hecate Enthroned, Abigail Williams, Dimmu Borgir, Ancient
 

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CRADLE OF FILTH - Dusk... And Her Embrace - The Original Sin (2016)
Par PERE FRANSOUA le 31 Juillet 2016          Consultée 9294 fois

De quoi s'agit-il ?
C'est la version remastérisée d'un enregistrement datant de 1995, jamais sorti et gardé secret jusqu'à il y a peu, de l'album emblématique des vampires anglais, joué par le line-up d'origine (celui du premier album "The Principle Of Evil Made Flesh") à l'exception du bassiste Robin Graves (parti s'éclater dans son projet perso DECEMBER MOON) et remplacé par ici Jon Kennedy (qui s'en ira lui aussi, peu de temps après, pour fonder HECATE ENTHRONED, en devenir le chanteur et sérieusement imiter Dani).
Ce disque est une nouveauté bien étrange puisque, même s'il s'agit d'une version jamais entendue, c'est une nouveauté vieille de plus de vingt ans dont les titres ne différent quasiment pas, et à quelques exceptions près on connaît déjà toute la musique, seul l'ordre des chansons est bouleversé, l'album s'ouvre sur "Nocturnal Supremacy" (que l'on connait tous sur le bout des doigts), et "Malice Through The Looking Glass" n'est pas là (il sera le seul vrai nouveau titre entièrement composé par le line-up suivant).

Quel est donc l'intérêt d'une telle sortie ?
On entame l’écoute du disque. L'intro inédite type film d'horreur vintage aux claviers cheap et ces bruitages de chauves-souris nous fait entrer dans le château hanté jusqu'à ce que déboule le fameux et toujours aussi efficace "Nocturnal Supremacy" (qui sera offert en sacrifice sur "V Empire"). La musique et les structures sont identiques, note pour note. On remarque que les guitares sont plus en avant dans le mix (tant mieux) et ont un peu plus de mordant, sans toutefois se rapprocher d’un son grésillant type norvégien. La batterie est très proche de la version que l'on connaît, donc tout à fait formidable, comme d'habitude avec Nick Barker, organique, dynamique et efficace (j'adore ses micro-roulements entre les blasts). On est surpris par la basse, très présente, au son plus métallique et moins rond que celui de Robin (sympa, ça apporte un surplus d'énergie).

Le plus surprenant ce sont les vocaux de Dani. Bien que familiers ils paraissent un peu bizarres (sans compter l'excès de reverb'), oscillant entre un timbre plus agressif que sur "The Principle..." et un autre plus aigu mais sans atteindre encore le niveau qui fera la réputation du chanteur. On retrouve les vocaux graves, souvent déclamés plutôt que criés, dont la part augmente dans la seconde moitié du disque. Nous sommes clairement dans une phase de transition et d'amélioration. Cette sensation de demi-familiarité des vocaux se retrouve aussi dans les textes, au niveau de leur écriture ou de leur scansion. Les paroles sont globalement assez proches, voire carrément identiques, mais peuvent aussi être aussi totalement différentes. Tous les cas de figure sont de mise, d'un mot à la place d'un autre (qui ne dérangera que ceux qui connaissent les textes par cœur), d'une idée exprimée différemment, d'un enrichissement ou d'une suppression, jusqu'à des textes radicalement autres et posés autrement sur la musique, comme ce "Heaven Torn Asunder" très différent et plutôt choquant pour les fans.
Dans tous les cas on peut affirmer que les améliorations que Dani a ensuite apporté à ces textes (au niveau poétique, de leur diction ou de leur rythme) étaient judicieuses et témoignent du perfectionnisme du (petit) bonhomme.

L'autre énorme différence sont les claviers, globalement moins élaborés, avec moins de couches de sons, et aux sonorités plus proches du Bontempi que de l'orchestre symphonique. Si on retrouve la plupart des airs qui seront simplement magnifiés sur la seconde version de l'album, d'autres passages sont totalement différents, sans parler des intros, outros (absente par la suite) et du titre instrumental "The Graveyard By Moonlight", tous totalement différents.
On note un changement dans l'approche depuis le premier album (ses fugues d'orgues et ses pièces de piano mélancoliques) au profit de nappes atmosphériques emphatiques directement inspirées du "In The Nightside Eclipse" de EMPEROR. On quitte les ambiances de crypte poussiéreuse pour rejoindre de vastes châteaux.

Et donc, on en pense quoi de tout ça ? La musique est identique mais la production moins brumeuse et moins gothique permet de remettre à l'honneur les guitares. On peut ainsi mieux se rendre compte de l'exceptionnelle qualité d'écriture des morceaux, variés, violents, progressifs ou romantiques, essentiellement basés sur des riffs en tremolo picking archi mélodiques. Les claviers sont plus modestes et même quand ils se la pètent notre cerveau s'arrange pour les oublier. Le chant moins aigu à le mérite
d'être moins agaçant à la longue mais on lui préférera quand même la version suivante, plus aboutie et aux différences plus marquées.

Cette première version est globalement très agréable à l'écoute et peut se suffire à elle-même. Le remastering y est sûrement pour beaucoup. La comparaison avec la seconde version est donc un peu faussée car elle aussi mériterait un bon décapage. On écoutera "The Original Sin" également pour son intérêt historique évident, qui remet tout en perspective et nous amène à formuler les remarques suivantes.

Première constatation: le "Dusk..." que l'on connaît et qu'on aime depuis toujours, celui de 1996 sorti chez Music For Nations, le fruit d’un accident comme il en arrive peu dans l’histoire de la musique. Écrit et enregistré une première fois par d'autres, avec une autre intention, une autre attitude et une autre production, le regard que l'histoire porte sur l’œuvre est bouleversé. Cela remet aussi les choses à leur place : le line-up originel (avec les frères Ryan et Paul Allender en compositeurs) avait un très grand talent d'écriture, déjà visible sur "The Principle..." et magnifié sur "Dusk..." et que nous avions jusqu'à lors attribué à tort au line-up suivant. Si l'on peut louer le travail accompli par Greg aux claviers, qui a su transcender les thèmes de Benjamin Ryan, et créer des paysages sonores grandioses dans les morceaux ou lors des pistes instrumentales, on peut en revanche enlever tout crédit à Stuart Antis, qui n'a pas écrit un riff, seuls quelques rares soli et tapping ont été améliorés par ses soins. Et Gian Pyres n'a même pas participé à l'enregistrement de la nouvelle version, il est arrivé pile poil pour avoir sa tête sur le livret.
Mais comment aurions-nous pu savoir tout ça ?

J'en viens à la seconde constatation : c'est tout à fait incroyable que le secret ait été aussi bien gardé pendant aussi longtemps. La première version est resté inconnue (jusqu'à il y a peu) pendant 21 ans ! Les infos ont commencé à fuiter au moment du dégel entre Dani et Frater Nihil (boss de Cacophonous), de la sortie remastérisée de la démo "Total Fucking Darkness" (avec un titre lambeau rescapé du premier album qui n'a jamais vu le jour). C’est vrai que cette période de crise qui a amené au split du groupe (la moitié s’en allant créer The BLOOD DIVINE), au procès avec Cacophonous et à l’abandon de cette première version de "Dusk…" a du être douloureuse.
Néanmoins on pouvait se douter de quelque chose de bizarre grâce à la vidéo amateur du Live au Portugal (qui tourne depuis des années sur YouTube) où le line-up originel joue des titres de "Dusk.." dans des versions presque identiques, à l'exception de certains textes et des arrangements de claviers. J'invite d'ailleurs tous ceux qui ne l'on pas encore vu à jeter un œil sur cette vidéo d'époque (ses bandes VHS usées et ses cadrages foireux). On y découvre un groupe tout jeunot, au look Black conventionnel typique de l'époque (corpse paint, t-shirt trop grand et ceintures à clous), qui joue de façon plutôt carrée, avec un Dani surexcité, nageant dans son t-shirt, et criant avec une voix pas tout à fait aiguë. À l'écoute de cet "Original Sin" on comprend mieux son état vocal sur le Live au Portugal.
De bonnes infos se trouvaient aussi dans l'excellent livre de Dayal Patterson "Black Metal - Evolution of The Cult" sorti en 2013. On y découvre un peu plus ce qu'il s'est passé et surtout l'existence de ce premier enregistrement y est mentionnée.
Et puis, la sortie se rapprochant, les infos officielles sont tombées au fur et à mesure, jusqu'à la sortie du disque.

Dernière constatation : le destin du groupe et de la scène Black aurait été bien différent si la première version de l’album avait vu le jour à la place de celle qu’on connaît tous. Car cette version cachée est la transition perdue entre un Black encore obscur et une mixture plus facile d’accès, certes excellente, mais qui sera la porte ouverture à tous les abus (abus dans lesquels bien des groupes vont tomber à la fin des 90s). La dimension atmosphérique de la musique générée par les guitares (et son chouïa de clavier) a pris trop d'ampleur, la faute à des orchestrations toujours plus grandioses. L'étape d'après est une musique conduite par les claviers où les guitares servent d'accompagnement. Dans un même glissement, l'ambiance ténébreuse et extrême, habilement détournée en bande son de film d'horreur gothique, se vide de toute dangerosité, au profit d'un romantisme érotique, certes noir, mais tellement plus facile d'accès.

Cette version mystérieuse et maudite est le chaînon manquant entre le Black cru du début des 90s et le Black à grand spectacle qui régnera à la fin de cette décennie, et elle est surtout le chaînon manquant dans l'évolution de CRADLE OF FILTH entre le premier album presque encore amateur et l'EP grandiloquent "V Empire".

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   PERE FRANSOUA

 
   JEFF KANJI

 
   (2 chroniques)



- Dani (vocaux)
- Nicholas Barker (batterie)
- Paul Ryan (guitare)
- Paul Allender (guitare)
- Benjamin Ryan (claviers)
- Jon Kennedy (basse)
- Sarah Jezebel Deva (chœurs)


1. Macabre, This Banquet
2. Nocturnal Supremacy
3. Heaven Torn Asunder
4. Dusk... And Her Embrace
5. A Gothic Romance
6. The Graveyard By Moonlight
7. Funeral In Carpathia
8. Beauty Slept In Sodom
9. The Haunted Shores Of Avalon
10. Carmilla's Masque
11. A Gothic Romance (demo)
12. Nocturnal Supremacy (demo)



             



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