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DARK-METAL  |  STUDIO

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- Membre : Hellfest, Thou Art Lord
- Style + Membre : Varathron, Necromantia, Yoth Iria
 

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ROTTING CHRIST - Rituals (2016)
Par WËN le 20 Juillet 2016          Consultée 4367 fois

Vous vous souvenez sans doute de la charge de "Aealo" (2010), voyant ROTTING CHRIST en mode "spartiate" de 2,10 m pour 140kg, le pectoral huilé, et la barbe lustrée, dévaler les collines de l'Attique pour venir nous redessiner le facies à-la-grecque façon "Astérix aux Jeux Olympiques" ? Eux-aussi. Tel le Zeus de ces lieux s’affairant sur Europe, le groupe pénétrait le vieux continent avec force et fracas mais sans réelle finesse, l'éclaboussant tout juste des quelques éclats nécessaires à marquer les esprits et les chairs. Comprenant bien qu'ils se devaient d'innover pour ne pas finir figés dans le marbre comme nombre de leurs antiques et mythiques compatriotes, c'est de façon plutôt surprenante que les membres de la formation (devenue duo, s'entourant d'invités en studio) revenaient sur le devant de la scène avec un "Κατά τον δαίμονα εαυτού" (2013) troquant leurs cuirasses pour de longues et sombres toges capuchonnées, son ersatz de Death/Black/Thrashouille guerrier faisant place à un Dark Metal occulte, souvent incantatoire, dont les atours orchestraux parvenaient à plutôt bien masquer la linéarité du riffing proposé. Pour qui savait (et pouvait) faire abstraction des jeunes années du combo, ce retour s'annonçait comme salvateur, d'aucuns de nos avisés lecteurs évoquant même le pendant symphonique d'un "Monotheist" (2006, CELTIC FROST).

Le retour des frères TOLIS (Sakis - chant, guitare, basse et Themis, batterie) ne se sera guère fait attendre. Ces derniers, prenant goût à cette nouvelle formule qui ne manqua de recueillir des échos positifs, vont - comme le nom de l'album ne saurait le passer sous silence - continuer fort logiquement sur leur lancée, développant encore davantage ce côté ritualiste de leur musique, pour le bon … et pour le reste. Car si d'emblée se dégage de petites pépites noires semblant tout droit tirées de l'album précédent ("Elthe Kyrie" livrée en avant-première, ou "For A Voice Like Thunder" et son feeling so 90's), la formule, portée ici à son paroxysme demeure pour le moins particulière. La griffe ROTTING CHRIST est certes belle et bien présente, aisément reconnaissable parmi tant d’autres : ces dissonances, ces riffs carrés et ces twin-guitars caractéristiques ("Konx Om Pax", "In Nomine Dei Nostri") véritable fil rouge de leur prolixe discographie depuis plus de 25 ans déjà l’attestant. Par contre, oui, occulte, cet album l'est indubitablement ; ROTTING CHRIST poussant le concept encore plus loin que sur son précédent opus, en témoignent le ralentissement général des tempi, les vocalises biens souvent déclamées ("Les Litanies de Satan", scandées dans notre langue par Vorph de SAMAEL) et ces inaltérables martellements d'une batterie annonciatrice d'une apocalypse prochaine ("Ze Nigmar", "Davadevam"), ou au contraire plus tribale ("Apage Satana"). Fondamentalement, les thèmes abordés n’ont pas changé, cette œuvre se voulant un nouveau recueil musical de mythologies (pour la plupart antiques) chantées en plusieurs langues. Le mastering, signé Jens Bogren (AMON AMARTH, MOONSPELL, BORKNAGAR, ENSLAVED) toujours à l’aise pour ce type de productions qui se veulent immédiates, est évidement énorme et colle parfaitement aux atmosphères lourdes et sans concessions déployées ici.

Et cependant, malgré tous ces éléments … nom de Zeus, que ce disque parait parfois trainer en loooooongueur ! Les bonnes idées précédemment citées, ainsi que quelques autres telles que l'intégration d’instruments traditionnels (les cornemuses de "Tou Thanatou" et de "Elthe Kyrie") ou la dorénavant coutumière présence d'une brochette de guests (lecture de Nick Holmes (PARADISE LOST, BLOODBATH), chant en sanskrit par Kathir Aryaputra (RUDRA) et vocaux extrêmes de Magus Wampyr Daoloth (NECROMANTIA, THOU ART LORD, ex-ROTTING CHRIST)), ne contrebalancent hélas pas toujours une bonne moitié d'album plutôt pénible. Non pas que certains titres puent réellement de dessous la tunique, mais dès qu’une bonne idée s’immisce, s’affirme, puis laisse la place à un passage plus rythmique basé sur les guitares, ce sont les même sempiternels riffs ne volant jamais très haut qui se voient sans cesse remis sur ce tapis effiloché (et chacun sait qu'il vaut mieux un tapis persan volé, qu'un tapis volant percé). Trop linéaires, trop semblables et interchangeables. Il est en effet regrettable que passés les chœurs à la THERION et les parties mélodiques du plus bel effet de "Konx Om Pax"; Passés ce chant ritualiste indien de bon aloi sur "Devadevam"; Passé ce liturgique "The Four Horsemen" - hommage non déguisé au récent décès de leur compatriote Demis Roussos (APHRODITE’S CHILD, Rock-Prog) - de clôture, que ROTTING CHRIST semble une fois de plus se morfondre dans les bas-fonds de la créativité d’où il semble avoir bien du mal à s'extraire depuis quelques albums déjà, riffiquement parlant. Et c'est bien évidemment dans ces moments de doute déjà bien embarrassants que la batterie se prend des coups de speed et part blaster comme une dingue, de la manière la plus stérile qui soit. C'est un fait, ainsi sacrifiés sur l'autel du CULTE et dépouillés des orchestrations qui parvenaient encore à donner du caractère à l'opus précédent, certains morceaux, livrés crûment, ne parviennent plus à faire illusion sur toute leur longueur, révélant parfois violemment la misère ambiante.

Ce "Rituals" que nous livre là ROTTING CHRIST se veut donc un disque qui, à défaut d'être noir, possède néanmoins ce qu'il faut d'occulte et de sombre pour charmer, mais sans grande prétention non plus. Efficace, certes, il l'est lorsque les natifs de l'Attique se retroussent les manches, certaines idées disparates parvenant à le hisser vers le haut. Des idées malheureusement trop souvent contrebalancées par des plans éculés et déjà-entendu. Alors de là à en faire un immanquable de leur discographie, il y a un gap que les grecs sont cette fois loin d'avoir franchi, d'où résulte que cet opus n'arrivera jamais à sonner comme excellent à nos oreilles. Un fait d'autant plus paradoxal que ce dédale de "Rituals", d'abord difficile d'accès, va vite révéler tous ses secrets une fois ses contours appréhendés. D'où ce 3/5 un peu brutal, nous en convenons, mais assumé, car c'est bien connu : "à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire". Et là, on y baille plus d'une fois, ô Corneille.

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- Sakis Tolis (chant, guitare, basse, compositions, textes)
- Themis Tolis (batterie)
- Magus Wampyr Daoloth (invité - chant féminin #1)
- Danai Katsameni (invité - chant #3)
- Vorph (invité - chant #4)
- Nick Holmes (narration - chant #7)
- Kathir Aryaputra (invité - chant #9)
- George Emmanuel (invité - guitare, solo #9)


1. In Nomine Dei Nostri
2. זה נגמר (ze Ni
3. Ἐλθὲ κύρι
4. Les Litanies De Satan (beaudelaire)
5. Ἄπαγε Σατ
6. Του θάνατ&
7. For A Voice Like Thunder
8. Konx Om Pax
9. देवदेवं
10. The Four Horsemen (reprise Aphrodite's Child)



             



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