Allez leur dire tiens, vous verrez la gueule qu'y feront ! Allez leur dire à tous ces thrasheux, Ces rockeux, ces deatheux, ces coreux, ces doomeux et ces Heavy Metal Maniacs… Allez leur dire, vous, que les meilleurs riffs du monde se trouvent en fait dans un album de Black Metal ! Ce genre clandestin, bâtard, immonde, cacophonique et illégitime… responsable en grande partie de nombreux clichés dégradant notre belle image de metalleux.

Pourtant ROTTING CHRIST en produisant "Thy Mighty Contract" en cette année constellée de 1993 ramenait le Metal au centre du Black Metal, lui offrant ainsi un de ses plus beaux monuments. Ce groupe pionnier de la scène grecque des années 90 (aux côtés de NECROMANTIA, VARATHRON et beaucoup d’autres) sera vite devenu, après des débuts Grindo-hasardeux, une icône intouchable du Black Metal. ROTTING CHRIST fut et restera pour tous les Black Metalleux un exemple de dévotion, de créativité et de fidélité.

Avec son premier E.P. plus qu’intéressant sorti en 91 ("Passage To Arcturo"), ROTTING CHRIST s’était déjà affirmé comme un des groupes les plus imposants de la scène Black, mais rien n’aurait pu vraiment nous préparer à l’amélioration monumentale dont ils firent preuve sur leur premier album. Les 2 minutes 40 de l’intro "The Sign Of Evil Existence" dévoilent déjà toute la méthode infaillible du groupe : des riffs lourds chargés de mysticisme, capables de breaks fulgurants, le tout enveloppé dans une atmosphère chaude et transcendantale.

"Thy Mighty Contract" n’aura pas besoin de beaucoup de temps pour vous convaincre : déjà sur la troisième piste, l'éternel "Fgmenth Thy Gift", le groupe atteint la perfection. Des cris de souffrance aux claviers mystiques (Magus de NECROMANTIA au top de son génie créatif), des coups de guitares syncopés au break jouissif : Tout le grand Black Metal y est, tout le Grand Metal y est.

Les quatre musiciens brillent tous à leur manière et leur complémentarité tient du miracle pour un disque de Black. On ne peut cependant pas cacher que les deux héros de l’histoire sont véritablement Necromayhem (guitares/chants) et Mutilator (basse). Avoir fait de leur science du riff lourd le pilier de leur Black Metal est un exploit que peu d’autres furent capables d’accomplir.

Prenant leurs influences de groupes de leur époque comme SAMAEL, ROOT ou ANCIENT RITES mais aussi de groupes plus traditionnels (BLACK SABBATH comme influence première), mixant le tout dans un univers très riche et personnel, ces deux génies du riff auront porté leur art au bout de tous les possible sur cet album portant bien son épithète ("mighty" signifiant "puissant").

Que vous preniez "Exiled Archangel" et son monologue mystique et flamboyant, "Dive The Deepest Abyss" et ses riffs de la mort envoyées en poupées russes (de 1 en naissent 6 !) ou encore le monolithique "The Fourth Knight Of Revelation" (soit le meilleur titre de clôture de tout le Black Metal), il n’y a pas de place pour l’ennui ou pour le coup manqué sur cet album. Un vrai sans-faute je vous dis!

Malheureusement, peu de groupes se laisseront influencer correctement par cet album. En partie à cause de l’attention monopolisée à l’époque sur la scène norvégienne, mais aussi sans doute car le Black Metal ne connaîtra que peu de musiciens capables d’égaler en maîtrise cette horde grecque. ROTTING CHRIST sera donc le seul a offrir un digne successeur à "Thy Mighty Contract" avec leur second méfait "Non Serviam", un album où le mystique l’emporte cette fois sur le riff.

Vous l’aurez compris : un chef d’œuvre, un de mes grands favoris dotés des meilleurs riffs du Black Metal depuis "Into The Abyss" de POISON. Indispensable.