La dernière fois que nous avions laissé nos joyeux Polonais, ceux-ci marchaient dans les bois en chantant d’une voix criarde toute leur haine de l’humanité. Si leur album donnait l’impression d’avoir été entendu des dizaines de fois du côté des groupes Norvégiens, la foi et l’authenticité de BEHEMOTH ne m’avaient laissé d’autre choix que de mettre un beau 4/5 à leur premier essai.

Une seule année a passé et on peut dire en regardant la pochette (bouclier et lance dans une forêt) que nos amis pratiquent toujours un Pagan Black Metal. Néanmoins, quelques éléments ont changés. Si Nergal et Baal Ravenlock sont toujours présents, un nouveau partenaire de jeu s’est immiscé dans la danse : « Les » de son petit nom vient prendre possession de la basse. Bien entendu, il s’agit d’un ajout très mineur puisque celui-ci n’apporte aucune contribution sur le plan de l’écriture. Côté musical, il y a également un changement : La musique semble plus directe, plus rentre-dedans. Si le premier disque misait sur l’ambiance, on a ici l’impression que les riffs sont plus massifs et agressifs. Hormis l’introduction, on remarque une absence de morceaux instrumentaux qui faisaient la force du premier album.

Paradoxalement, quelques nouveautés font leur apparition : on a droit à un chant clair beaucoup plus présent qu’à l'accoutumée. Si cette variation est généralement la bienvenue, son effet est ici très mauvais. La cause principale ? Nergal chante tout simplement faux ! On préfère donc l’entendre crier au lieu de chanter. L’autre avènement majeur est le chant féminin sur quelques pistes (dont la dernière). Si la voix en elle-même n’est pas mauvaise, elle n’apporte néanmoins rien de très palpitant. Elle semble être ajoutée de façon plutôt aléatoire ici et là. Cette façon de faire deviendra une mode pour les groupes extrêmes, mais avec une plus grande réussite. Je pense notamment à CRADLE OF FILTH avec "Nymphetamine" ou à IN FLAMES avec "Dead End". Le clavier est également présent sur cette nouvelle offrande. Il y a certains effets intéressants qui permettent de bonifier certains morceaux, notamment sur l’excellent "Dragon’s Lair", mais on est loin du génie d’EMPEROR.

Si Nergal et Baal Ravenlock sont un peu moins inspirés qu’auparavant, il y a toutefois certains titres qui sont tout bonnement excellents comme "Rising Proudly Towards The Sky" ou "Thou Shalt Forever Win" qui deviendront des classiques du groupe dans les années à venir. Il est dommage que la plupart des morceaux ne soient pas du même niveau, faisant en sorte qu’on a du mal à les mémoriser tellement ils se ressemblent.

En de rares occasions, certains groupes doivent faire un pas en arrière avant d’aboutir à un pas de géant. C’est le cas pour BEHEMOTH qui accouche d’un "Grom" coincé entre deux albums qui lui sont supérieurs. Les nouveautés et les expérimentations sont handicapantes, ce qui est dommage, car il s’agit du dernier vrai disque de Pagan Black Metal. Les Polonais radicaliseront leur musique avec l’album suivant, une première page est ainsi tournée.

Morceau préféré: "Dragon's Lair (Cosmic Flames And Four Barbaric Seasons)".