"In Absentia Dei" ("En l’Absence de Dieu") est un livestream diffusé le 17 décembre 2021 par les Polonais de BEHEMOTH. Toujours partant pour multiplier les blasphèmes, le groupe n’allait pas être stoppé par une pandémie pour autant, c’est bien mal les connaître. Plus que jamais, la gestion commerciale du groupe menée d’une main de fer par leur leader Nergal propose ici un double cd avec dix-neuf titres sous plusieurs formats… Mais c’est bien le DVD/BLURAY qui possède ici véritablement un sens absolu. Le son est essentiel mais ce travail nécessite d’être vu.

Plus que jamais, BEHEMOTH a soigné dans les moindres détails cette prestation filmée dans une église. Visuellement, c’est divin : ambiance glauque, sombre, reposant sur une lumière indirecte, avec bougies, candélabres et effets pyrotechniques. On ajoute tous les logos du groupe, le pied de micro de Nergal, le set de batterie monumental de Inferno.
Chaque morceau est entrecoupé par des prises de vues nocturnes de l’église, des performistes nous régalent entre plusieurs titres quand ce n’est pas Nergal himself qui est l’objet de prises de vues au ralenti sur son désormais maquillage culte. À ce petit jeu, on déguste les acrobates du feu sur "Ov Fire And The Void" par exemple ou vous détournez sans doute la tête sur la performance "SM" qui illustre mon titre préféré du groupe ("Ora Pro Nobis Lucifer") avec une séance de bondage/crucifixion/piercing extrême. Âmes sensibles, attention mais ne pas s’abstenir ! Nergal en profite pour déclamer "Chwala Mordercom Wojciecha" armé d’un micro mégaphone tel un tribun/dictateur au milieu d’un montage visuel absolument grandiose. Soyez rassurés, vous retrouverez bien évidemment "Chant For Ezkaton 2000 E.V" avec son intro démente et les membres du groupe qui se mettent à cracher du sang – un classique !

Vous l’aurez noté, les musiciens participent évidemment au jeu : Inferno entame "Bartzabel" avec son riff à la batterie en utilisant des… fémurs comme baguettes ! Nergal et sa tenue charismatique n’auront de cesse de renforcer l’imagerie du combo. On notera l’arrivée de la nouvelle coiffe sur "Bartzabel". Seth et Orion, comme à leur habitude plus réservés, contribuent à l’ensemble : le premier délivre une prestation soignée à la guitare quand le second s’époumone en backing vocal en premier général au service de son meneur.
C’est ici clairement la force de ce projet. "In Absentia Dei" est l’illustration d’un travail d’orfèvre, du cousu main. C’est bien simple, cela en devient presque un défaut ! Autant de qualité laisse parfois dubitatif mais il ne faut pas perdre de vue que le travail en travelling ou en steadicam ultra précis ne peut nous proposer que le groupe et des plans extérieurs de l’église à défaut de public ! Si vous vous en doutez "O Father O Satan O Sun!" résume l’ensemble des propos dithyrambiques de cette chronique, quel plaisir de (re)goûter aux titres les plus anciens.

Le set est divisé en quatre actes pour quasiment 1h50 d’un Black/Death Metal hautement qualitatif. Si Nergal ne s’adresse à ses fidèles qu’au moment de "Conquer All", comme à l'accoutumée, son message résonne encore un peu plus dans le contexte de lutte face à cette pandémie mondiale. Loin de vouloir la jouer "facile", BEHEMOTH délivre dix-neuf titres qui traversent les âges et illustrent toute la diversité d’un groupe qui, fondé en 1991, partant d’un Black progresse vers un Blackened Death Metal. Nous allons visiter, revisiter, voyager au cœur de l’histoire des Polonais : le primitif "From The Pagan Vastlands" jusqu’aux derniers titres tirés du petit dernier "I Loved You At Your Darkest" ("Bartzabel", "Wolves Ov Siberia") qui passent allègrement l’épreuve du feu (!) en live, tout est marquant. Vous vibrerez sur chaque titre, sur chaque période, sur chaque album de vos préférences. Le groupe nous livre même des extraits de leurs E.Ps ("A Forest" et "As Above So Below").
Rien, non rien ne vous sera épargné, pour notre plus grand plaisir.

En s’offrant au coeur de la campagne polonaise un spectacle pyrotechnique d’une telle qualité visuelle et sonore dans un lieu privé chargé d’Histoire, BEHEMOTH frappe un coup monumental.
Ralentis d’une beauté folle, setlist gargantuesque et sans fioriture, prestation musicale impeccable, "In Absentia Dei" est difficilement attaquable et constitue allègrement le meilleur livestream de la période du confinement !
Une véritable leçon. Magistrale.

Conquer All!

Note réelle : 4,5/5 pour ce côté trop "parfait" mais vraiment pour chipoter !