Le yin, le yang, le chaud le froid, le jour, la nuit... Ouais, ok, tout va par deux. Les chaussettes, les gants, les escalopes de dinde dans leur emballage sous vide dégueulasse. C'est agaçant. Le bon grain et l'ivraie, Laurel et Hardy, Phil Mogg et la gueule de bois... Aaaaaaargh ! Même les EP d'EDGUY vont par paire, tout du moins ce fut le cas pour un temps, celui qui entoura la publication de (l'incroyablement bon, soit dit en passant) "Hellfire Club". Courant 2004, les teutons menés de main de maître par l'exubérant Tobias Sammet proposent en effet deux EP pour soutenir leur sixième album. Un avant sa sortie, le surprenant "King of Fools" et ses b-sides de folie, et un deux mois après, l'indigent "Lavatory Love Machine" et sa tracklist en toc.

Force est de reconnaître que construire un EP autour de ce morceau était déjà un défi en soi. Eh oui, si cette "Machine à laver de l'amour" nous a fait rigoler sur album, savamment placée en son milieu et rafraîchissant l'atmosphère, ce titre perd bien vite son intérêt isolé de ses petits camarades. Comme le vilain petit canard (qui, pour le coup, est tout seul), ce morceau pris à part ne revêt qu'un intérêt minime, et se prétend même de faire passer la légèreté et l'humour à deux boules d'EDGUY comme une facette prépondérante de sa personnalité. Tobias Sammet est un boute-en-train, c'est une évidence, de là à tenter de placer ses blagues en tête de gondole...

"Lavatory Love Machine", donc, nous est présenté dans sa version studio, ainsi que dans une relecture acoustique qui met encore plus en valeurs les "scream for me dans mon slip" de notre bon copain Toby. La mélodie reste bonne et catchy, l'exercice est concluant, bien que largement inférieur aux travaux proposés par le groupe sur l'album ou sur l'EP "King of Fools". C'est bon, on a compris, la blague, arrêtez les frais. Pas de bol, le groupe enfonce le clou et continue d'explorer ses capacités acoustiques en reprenant à son compte le "I'll Cry For You" d'EUROPE. Aaaaaaargh. Si le groupe de Joey Tempest n'a pas été avare en matière de sucreries futiles durant sa première partie de carrière, il y avait toujours meilleur choix que ce semblant de tube au mieux anodin et inoffensif, au pire irritant et énervant.

Fort heureusement (ironie inside), un piano délicat vient nous sauver du marasme ambiant. Faux, tout faux ! Si à l'époque d'"Hellfire Club" Tobias n'est pas encore lessivé en matière de ballades (il en signe deux très réussies sur l'album), "Reach Out", également acoustique (c'est une constante sur cet EP) brille par son absence totale d'émotion. Sorte de croisement entre "For A Trace Of Life" (titre bonus de "Theatre Of Salvation") et la future "Save me" (c'est évident sur le refrain), cette ballade sans intérêt clôture un EP lui-même fort peu enthousiasmant.

EDGUY tentera une nouvelle fois l'expérience d'une sortie annexe sur "Rocket Ride" (l'EP "Superheroes"), puis laissera bien vite tomber l'affaire, préférant au format EP des formules "Deluxe" de ses albums, enrichies de morceaux inédits ou titres alternatifs, qui ne volent souvent pas bien haut (malgré tout, quel souvenir ému de l'excellent "God Fallen Silent" sur l'édition augmentée de "Age Of The Joker")... "Allez, à la machine", comme dit l'autre. A oublier.