En guise d’apéritif avant la sortie officielle de son nouveau gros bébé, le Gars Ed nous réserve avec « King Of Fools » un chouette EP cinq titres, histoire de s’amuser les papilles en attendant le plat de résistance. Et pour une fois, l’auditeur en a vraiment pour son argent, avec une plage cd-rom de seize minutes qui raconte les facéties du groupe en studio et quatre titres totalement inédits, le cinquième étant le morceau titre, qui figurera en bonne place sur « Hellfire Club » (c’est le nom du bébé suscité, pour l’info du petit malin du fond de la classe, avec son doigt dans le nez).

Première chose notable : EDGUY n’a pas beaucoup changé depuis l’excellent « Mandrake » : mélodies immédiates et entrainantes, maîtrise instrumentale aboutie, bon esprit, humour plus ou moins discret, influences HELLOWEEN/IRON MAIDEN répondant présent, et ce fichu talent de song writing de ce petit filou de Tobias Sammet (qui s’affirme de plus en plus comme le Dickinson moderne, avec la touche Speed mélodique qui fait la différence). Un garçon toujours aussi habile quant il s’agit de pondre la ligne vocale qui fait craquer, le refrain sans faille ou le riff puissant et incisif qui fait mouche. Demonstration en cinq actes.

On commence assez fort avec le vrai tube "King Of Fools". Immédiat, alternant couplets sur fonds de grosses rythmiques et de claviers limites « technoïdes » et refrain ultra mélodique. Excellent et presque original, sans pour autant choquer le puriste, ce titre me fait un peu le même effet que le dernier CHILDREN OF BODOM : on reconnaît instantanément le groupe, mais on sent que ce dernier a jeté un petit coup d’œil du côté du « modernisme ». Une petite régression s’opère toutefois avec le plus speed "New Age Messiah", ses mélodies typiques EDGUY et son passage « ohohoh » convenu. Un peu long, mais le « mother fuckin’ » break grossier, l’intro majestueuse et le sens de l’accroche du groupe font le reste. Des qualités qu’on retrouve avec le plus varié "The Savage Union" et son riff introductif piqué au "Princess Of The Night" de SAXON : concise, classique, sans chichis… encore une petite gaterie plaisante en bouche, avec un côté punchy et des mélodies maideniennes très nettes.

Pour terminer cette mini-dégustation, un mid-tempo un peu plus singulier avec un "Holy Water" orné d’orchestrations prégnantes, qui apportent une coloration différente à la musique, presque grave (j’ai dit « presque », gueulez pas). Et pour ceux qui aiment pas les histoires qui finissent sur une note un peu tristounette, EDGUY a pensé à vous en vous proposant une ballade pianistique contant le destin touchant d’un bonus track, qui nous permet de découvrir toutes les vicissitudes de ce statut ingrat. Du EDGUY tout craché !

Quatre titres inédits sur cinq, une plage cd-rom, ce « King of Fools » a tout l’air du produit qui ne se paie pas la tronche du fan. Mais attention, même si les morceaux sont tous réussis, l’originalité n’est que sporadiquement au rendez-vous ! Les fans vont donc se régaler. Les autres seront peut-être un peu déçus, même si le compromis réussi traditionnel/moderne du morceau "King Of Fools" me prédispose favorablement à l’écoute d’ « Hellfire Club ». Espoir, espoir…