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EDGUY - Hellfire Club (2004)
Par BAST le 12 Avril 2004          Consultée 16696 fois

Après un « Mandrake » plaisant mais à des années-lumière du génial « Theater Of Salvation », après le second volet « Avantasia » que je suis l’un des seuls à avoir trouvé bien meilleur que le premier, Tobias Sammet et « son » EDGUY reviennent avec l’un des albums les plus attendus de cette année 2004. Attendu par beaucoup, pas vraiment par moi, je dois le confesser. Si je me suis délecté de ce que j’estime être le point d’orgue de la carrière des allemands, « Theater Of Salvation », l’un des meilleurs albums de speed mélodique qui soit, « Mandrake » n’a suscité en moi qu’un intérêt moyen. Au point que la suite de la carrière des allemands a pris dans mon esprit une tournure plutôt anecdotique.

Mon détachement progressif d’EDGUY a en fait commencé en même temps que Tobias Sammet a montré des signes de gonflement de crâne manifestes. Il a l’arrogance d’un adolescent surdoué qui a réussi ce après quoi court un adulte. Alors qu’un STRATOVARIUS ou un BLIND GUARDIAN ont mis des années à grappiller les miettes laissées par les poids lourds du metal des années 90, EDGUY est arrivé en plein revival pour proposer un metal neuf et qui ne se prend pas au sérieux. Rendez-vous compte : Sammet est devenu un incontournable de la scène heavy, les journalistes courent après ses traits d’esprit, les photographes font des paris sur les tenues qu’il abordera sur scène, le chanteur allemand a l’indéfectible soutien de son futur ami de 30 ans, Kai Hansen, et comble de bonheur, Toby a réussi l’improbable, faire revenir Michael Kiske dans le metal, le temps des deux volets « Avantasia » !

Comment résister à tant de charisme, à tant de talent ? Si je lui reconnais volontiers tout ou partie de ce que le lutin allemand représente pour beaucoup, j’avoue ne pas accrocher à la tournure qu’a pu prendre la carrière d’EDGUY. Car désormais, sous des allures de jeunes rebelles qui, je cite, « font la musique qu’ils aiment sans se soucier de l’avis des autres », EDGUY est devenu nettement plus sérieux.

« Mandrake » m’avait ennuyé en dépit de quelques titres forts (« Golden Dawn », notamment) et la série « Avantasia » n’avait pas provoqué en moi l’effet « Viagra » dont tous les lassés de la scène speed, plus guère émoustillés par les sorties dans le genre (pourtant régulièrement de qualité), avaient témoigné. Et ce « HellFire Club », je ne l’attendais ni plus ni moins qu’un autre. Il y a bien eu le single réussi accompagnant la sortie de l’album. « Kings Of Fool » m’a en effet fait une très bonne impression. Mais le soufflet est vite retombé avec un « HellFire Club » mitigé.

Nanti de très bons titres (« The piper Never Dies », à part le final Rock assez moyen, l’excellent « We Don’t need A hero », bijou de speed mélodique, « Kings Of Fool » ou l’helloweenien « Rise Of The Morning Glory »), le reste de l’opus est assez moyen. L’album se laisse plutôt bien écouter, mais le son employé, les compositions calibrées et étudiées pour plaire aux premières écoutes, lui ôtent l’âme nécessaire à l'imposer comme un grand album. Les deux ballades sont en outre encore une fois ratées, il s’agit décidemment d’un registre dans lequel les allemands éprouvent les plus grandes difficultés à exceller.

Surproduit, parfois prétentieux dans ses velléités humoristiques, EDGUY fait tout pour déringardiser un style ou le côté grandiloquent habituel s’accommode mal des titres plus dansants dont nous abreuvent les radios et qui constituent l’archétype même des ventes à la pelle.

De cet album, on ne retient que les bons moments qui se démarquent trop nettement des passages plus en retrait. Les refrains sont très réussis, par exemple, tout comme les passages purement speed mélodiques ou les lignes vocales épiques. En contrepartie, je trouve les passages Rock, comme certains riffs, ou certaines expressions vocales de Sammet nettement moins convaincants. De plus, la rythmique est à mon sens un peu trop heavy par rapport au style. Je trouve que les deux dénotent. De même, la voix très aigue de Sammet ne colle pas toujours avec l’aspect « grosses guitares ». Ajoutez à cela le fait que le chanteur allemand en fait parfois un peu trop, vous obtenez un album musicalement réussi mais entaché d’un manque de spontanéité et d’une surenchère au niveau de certaines idées destinées à rendre dans l'air du temps les compos ainsi qu'au niveau des moyens modernes dont use et abuse l’industrie du disque pour construire un succès. Dans le contexte qui nous intéresse, j'évoquerais par exemple certains riffs catchy ou les soli "top délire" qui se veulent apporter un côté fun à l'ensemble. Dommage enfin que l'orchestre, dont on a tant entendu parler, ne soit pas très présent. Les passages où il intervient sont par contre très réussis.

Si « HellFire Club » a réussi à me plaire à certains moments, les écoutes suivantes ont surtout gonflé la lassitude que ce type d’album direct et produit pour accrocher immédiatement, provoque généralement en moi. EDGUY n’est pas le premier dont les aspirations mercantiles ont fait tendre les compositions et la production vers un rendu pensé en terme de ventes. Si vous voulez d’autres exemples, je citerais « Century Child » de NIGHTWISH, les deux « Elements » de STRATOVARIUS ou encore le « Dawn Of Victory » de RHAPSODY, composé et produit pour percer le marché allemand. Le côté pop d’un SONATA ARCTICA ne me choque, par contre, pas le moins du monde, car il a toujours fait partie de l’identité du groupe finlandais.

L’âme qui faisait déjà défaut à « Mandrake » est aux abonnés absents, qu’à cela ne tienne, « HellFire Club » est déjà le plus gros succès d’EDGUY, lui portant la crédibilité qui lui manquait jusqu’alors, ancré qu’il était dans un registre où les clichés abondent. Quoique je me situe aujourd’hui dans la frange des vilains rétrogrades, mon souhait le plus cher reste tout de même que le metal que j’affectionne perce au-delà du public habituel, mais pas au prix de consensus artistiques. Si le metal doit s’imposer parmi les masses toujours aussi réfractaires à un genre qui fait encore peur ou rire, cela doit passer par une évolution de ces masses afin qu’elles sortent enfin de cette pensée unique ou l’image impose le son. Ce n’est pas gagné…

Maintenant, j’ai tout de même l’impression que c’est bel et bien ce type de produit qui permet à la scène metal mélodique de perdurer. Le côté évènementiel de cette sortie, ajouté au succès commercial qui assure aux labels une pérennité durable, sont deux éléments qu’il faut prendre en considération. Je n’ai pas aimé plus que cela cet album, mais je suis malgré tout heureux du succès qu’il rencontre. Car il m’offre la garantie de me passer du speed mélodique pendant encore un bon bout de temps.

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   (4 chroniques)



- Tobias Sammet (chant, claviers)
- Jens Ludwig (guitare)
- Dirk Sauer (guitare)
- Tobias 'eggi' Exxel (basse)
- Felix Bohnke (batterie)


1. Mysteria
2. The Piper Never Dies
3. We Don't Need A Hero
4. Down To The Devil
5. King Of Fools
6. Forever
7. Under The Moon
8. Lavatory Love Machine
9. Rise Of The Morning Glory
10. Lucifer In Love
11. Navigator
12. The Spirit Will Remain
13. Children Of Steel (bonus-track)
14. Mysteria (bonus-track Feat. Mille Petros



             



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