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EDGUY - Rocket Ride (2006)
Par POWERSYLV le 16 Janvier 2006          Consultée 19625 fois

Il n’aura pas fallu attendre longtemps (pas comme certains) pour que les garnements d’EDGUY (de moins en moins garnements d’ailleurs) ne nous pondent un nouveau brûlot. A peine avait-on eu le temps de savourer le superbe EP Superheroes que le groupe nous promettait une nouvelle galette longue durée. Avec Rocket Ride, les 5 allemands en sont déjà à leur septième offrande. Sept albums en 10 ans. Et quels progrès depuis les années 1998/1999 et les classiques Vain Glory Opera (1998) et Theater Of Salvation (1999) où Tobias Sammet et ses compères, véritables petits poucets du heavy/speed metal étaient systématiquement comparés aux grands frères d’HELLOWEEN !

La mue avait été entamée dès 2001 avec un Mandrake qui voyait EDGUY se détacher du modèle des citrouilles pour se rapprocher d’un « power » heavy metal toujours dynamique, mais plus massif, lorgnant vers IRON MAIDEN. Sans oublier ce sens de l’humour et de la dérision dont ils ont le secret. Hellfire Club (2004), acclamé par tous avait lui aussi fait l’unanimité en montrant un EDGUY plus adulte. Votre serviteur s’était éloigné du groupe depuis quelques années, pas si accro que ça finalement à Mandrake et Hellfire Club. Désaveux renforcé par le sentiment que les 5 allemands, Tobias en tête, n’étaient plus que des rock-stars qui se la jouaient, s’éloignant ainsi du public et s’engageant dans les sables mouvants de la mégalomanie (cf. l’édition 2005 du Wacken Open Air). « Quel gâchis ! » me disais-je, regardant les facéties d’un Tobby avec l’œil flegmatique du bison dans la prairie, indifférent au succès que le groupe générait pourtant. La pochette de Superheroes et mes réactions qui en découlèrent (« Mais pour qui se prennent-ils ? ») n’arrangèrent pas les choses, jusqu’au moment où je déposais le EP des vengeurs masqués dans mon lecteur. Et là, la vérité, l’évidence me sauta aux oreilles : quoiqu’on en dise, EDGUY est un grand groupe et ces mecs (Tobias en tête) des putains de compositeurs et de musiciens. Oui, le père Tobias sait encore nous pondre des hymnes accrocheurs. Quel décalage. Et là d’espérer à l’intérieur de moi : « Et si le prochain album était à l’image de cet EP ? ». Je ne devais pas si bien dire.

Bingo ! Oui, avec ce Rocket Ride, EDGUY a tapé dans le mille. La bande des 5 réussit à se renouveler encore davantage, à se diversifier tout en gardant sa marque. Nul doute (et ce dès la première écoute) que la formation réussira le pari de garder ses fans, mais aussi à faire revenir au bercail les brebis égarées (dont l’une est en train de rédiger ces lignes, bééééé). Rocket Ride est effectivement un pari, un album étonnant. Il s’agit sûrement du disque le plus éclectique du combo allemand, et son écoute a provoqué chez moi un exploit que n’avaient réussis à faire ses 2 prédécesseurs : il ne me lasse pas. Et ça n’était plus arrivé depuis … 1999 (Theater Of Salvation). C’est dire.

Rien que le premier titre “Sacrifice” est plein de promesse. Ce titre qui débute l’album n’est pas un brulôt immédiat de la trempe d’un « Babylon », d’un « Until We Rise Again » ou d’un « Mysteria ». EDGUY a choisi de démarrer le disque sur un morceau aux airs confidentiels, très travaillé et carrément splendide. Il y a des passages puissants, mélancoliques, on passe par différents états. Plutôt inhabituel pour cette bande de joyeux lurons mais rassurez-vous, ça va se rattraper ensuite. Dans le même cadre, EDGUY joue la carte de la beauté et de la finesse, 5 morceaux plus tard avec le superbe The Asylum. Ces 2 titres qui sont les plus longs du disque sont 2 bijoux. Dans le registre curiosités, on remarquera de surprenants clins d’œil au hard-rock des années 80, voire le hard US. C’est plutôt étonnant mais des brûlots comme « Wasted Time » (avec son intro qui sonne carrément comme du AC/DC (!), et ces riffs très hard US), « Catch Of The Century » (sympa mais à mon sens le titre le plus dispensable du disque) ou le parodique « Fucking With Fire » (qui clôt l’album et dont le refrain pourrait sortir d’un album de SAXON du milieu des années 80) donnent une coloration nouvelle et insoupçonnée à la musique des allemands. Et que dire de ce swing qui survole l’intro de « Rocket Ride » et qui nous ramène au temps où un certain VAN HALEN était maître d’un Big Rock ? Etonnant mais rafraîchissant. On pourrait également citer la jolie ballade « Save Me », relaxante et dont le refrain pourrait s’écouter le bras droit sur le volant, la gauche dépassant de la fenêtre d’un 4x4, le chapeau de cow-boy et lunettes de soleil, tranquille le long d’une route désertique qui ne se termine jamais … Pas la meilleure ballade d’EDGUY (gloire à « Scarlett Rose » !) mais jolie quand même.

Les habitués des délires et du heavy/speed teuton retrouveront leurs petits aisément avec des titres accrocheurs et pur-jus. « Rocket Ride », enjoué et dynamique qui explose après l’intro mentionnée ci-dessus et où Tobias a des intonations à la Bruce Dickinson, le fonceur et super entraînant « Return To The Tribe », proche de HELLOWEEN/GAMMA RAY et où l’un des guitaristes réalise la prouesse de faire « rire sa guitare » (!) – si vous aimez les guitares qui font « pouet pouet » ce solo est pour vous :). Ou encore l’énervé « Out Of Vogue ». La patate, comme toujours. Et l’humour bien sûr, qui passe par la pochette (très proche de Superheroes) et qui à mon sens colle superbement au mental du groupe … mais aussi les facéties de Maître Tobias ! Le fantasque chanteur n’en manque pas une, délirant comme à son habitude : le final de « Catch Of The Century » (vite, c’est l’heure de la piquouse !), ou encore le très marrant « Trinidad » aux ambiances tahitiennes (« la la la la la », font les vahinés sur le refrain) où on imagine de jolies pucelles tahitiennes parant un Tobias de colliers à fleurs, le chanteur racontant qu’il est acteur porno en Allemagne (écoutez bien la fin du titre) … enfin, du EDGUY quoi.

Ajoutez à cela un petit côté futuriste qui transparaît parfois (flagrant sur l’efficace « Matrix », vous aurez compris pourquoi) et vous obtiendrez un album d’EDGUY très riche, rempli de ces petits trucs qui font du combo un groupe décidément attachant. Allez, les gars, après cette album vraiment très bon, je jette les griefs que j’avais contre vous aux orties et je vous mets la note maximale, vous l’avez bien mérité ! Sortez en rang, en silence, lavez vos mains et rendez-vous en Février 2006 avec DRAGONFORCE pour brûler les planches, qu’on se le dise !

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- Tobias Sammet (chant)
- Dirk Sauer (guitare)
- Jens Ludwig (guitare)
- Tobias Exxel (basse)
- Felix Bohnke (batterie)


1. Sacrifice
2. Rocket Ride
3. Wasted Time
4. Matrix
5. Return To The Tribe
6. The Asylum
7. Save Me
8. Catch Of The Century
9. Out Of Vogue
10. Superheroes
11. Trinidad
12. Fucking With Fire



             



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