En 2010, ZP Theart fout le camp et DRAGONFORCE, orphelin de son frontman et de sa voix, caste et embauche alors le jeune et plus que prometteur Marc Hudson. Globalement, la technique vocale et la tessiture de celui-ci est incontestablement meilleure que celle de ZP. Le nouveau chanteur est certainement plus versatile que son prédécesseur, plus performant... Mais sa personnalité vocale est moins affirmée, son chant plus dans l'archétype du vocaliste de Power, quand Theart était identifiable presque immédiatement. De plus, malgré un coffre inférieur, la rupture avec laquelle sa voix flirtait régulièrement collait parfaitement au style du groupe : le "tout donner", l'over-the-top, la recherche du paroxysme.

En s'époumonant, ZP collait en tout point à cette quête du sommet permanente de la part de DRAGONFORCE. Alors que pour Hudson, tout semble facile, les notes les plus hautes tombent sans coup férir, à l'image de celles qu'il décoche en ouverture de l'album, sur le pourtant inégal "Holding On", qui jouit d’un très bon couplet et pâtit d’un refrain médiocre. Le groupe sait tout de même y faire et l’on trouve mieux sur l’album que le titre d’ouverture. "Cry Thunder" et ses mélodies presque médiévales paraissent tout droit venus de chez BLIND GUARDIAN, celui de "A Night At The Opera", notamment. Et ce morceau est clairement le meilleur de l'album. "Give Me The Night", également, est un vrai bon morceau, puissant et mélodique, digne du passé du groupe.

Mais soyons francs, la plupart des morceaux de ce disque ne seraient dignes que de Faces B, si les Faces B existaient encore (je sais, le vinyle n'appartient pas au passé, mais le 45 tours, si). Pas plus de la moitié des titres de "The Power Within" ne sont dignes du groupe, qui avait pourtant toujours l'habitude de glisser une croûte ou deux sur ses albums, exception faite de l'ultime "Inhuman Rampage". "Cry Thunder", "Give Me The Night", "Die By The Sword", voire "Wings Of Liberty" (et encore) sont les seuls à avoir le niveau du Best-Of Power Metal que propose le groupe avec sa musique. Or, DRAGONFORCE et son auditoire méritent mieux.

Ce qu'on attend de DRAGONFORCE, c'est d'aller shooter les étoiles, de provoquer les supernovae et de filer à la vitesse de la lumière pour ne pas se brûler les ailes. Sans quoi le groupe est condamné à se réinventer pour tenir la distance et l'intérêt de son public sur le long terme. Sinon, dès qu'il rentre dans le rang du Spimélo standard, il redevient lui-même un groupe de rang 2. Sur "The Power Within", la multinationale du Power ne se réinvente pas, elle rentre dans le rang. Malgré le niveau technique toujours flagrant du duo Totman/Li et de l'infatigable abattage de la section rythmique. Néanmoins, il faudrait que DRAGONFORCE nous ponde une daube infâme pour ne récolter qu'une étoile. Il en fait suffisamment, ici, pour en glaner deux.