Lorsque l’on parle de Power Metal Sympho, genre dont plus rien de neuf ne sort depuis belle lurette et où tout est sclérosé à mort, juger un disque revient à s’appuyer uniquement sur le ressenti. Le pathos. Le kiff, quoi. C'est quand même dingue, le feeling qu’on peut avoir avec un disque. Le genre de truc qu’on n’attend pas. Par exemple, il n’y a rien que je conchie plus, dans mon Metal, que lorsque les parties symphoniques supplantent les sacro-saintes guitares dans la conduite de la musique. Or, c’est le cas sur ce premier album de GLYPH.

Et pourtant, je l’aime bien, ce disque. Genre, vraiment bien ! Jusqu’à le considérer comme l'une des trois meilleures sorties de l’année en Power Metal. Si, si, j'vous jure ! Déjà parce qu’il a le bon goût de ne pas s’éterniser. Trente-cinq minutes et des poussières, et c’est plié. Merci, au revoir. C'est pas tous les groupes de Symphopower, de Symphomachin ou de Symphobidule qui peuvent en dire autant. Quelle sobriété. Quel ascétisme ! Rien que pour ça, il faut remercier le quartette américano-canadien. Parce qu’il n’y a rien de pire que les tagada tsoin tsoin qui s’étirent sans jamais s'arrêter.

Donc la façon dont GLYPH approche le Power Sympho est percutante, mais ce n’est pas la seule raison qui fait que ce disque est agréable. L’autre raison majeure réside dans le timbre de voix résolument mâle et guerrier de R. A. Voltaire, qui rallume chez moi la lumière que de trop nombreuses voix suraiguës avaient éteinte. Merde aux Kiske-like et aux chanteurs Kakkophoniques ! Parce qu’il n’y a qu’un Michael Kiske et qu’un Tony Kakko, je n’en veux pas d’autres dans mon Power Metal. Voltaire, lui, nous offre sa voix grave en gage de sa totale bonne foi. En toute ingénuité. Et ça marche !

Dès les premières mesures bombastic du morceau-titre, on adhère ou on déteste. Perso, j’accroche direct et je laisse le bonhomme m’emmener, rien qu’à la voix, là où les guitares manquent d’accroche. Car soyons clairs : l’instrument qui pilote, ici, c’est le synthétiseur de Jeff Black, connu pour être avant tout guitariste d’un GATEKEEPER qui compte infiniment moins sur les claviers pour séduire. Même si l’homme y chatouille aussi les touches blanches et noires de temps à autre. En somme, avec un chanteur couillu et un claviériste inspiré, GLYPH suffit à me conquérir.

D’autant que les neuf compositions ici présentes, toutes contenues en moins de 4’30, révèlent un groupe conquérant et qui, sans aucune honte, déploie un Power Metal Sympho très Heavy et qui, malgré les clichés, en appelle à l’esprit héroïque enfoui en nous toutes et tous. GLYPH convoque quelque chose qui tient du non-exprimé, de l’enfoui, plutôt que du réfléchi. Parce que si on réfléchit deux minutes la musique de cet album, on lui colle 2,5/5 grand max. Sauf que la musique, c’est une affaire de ressenti avant tout. Nous y revoilà.

Or, là, on a franchement envie de serrer le poing en chantant à tue-tête le refrain très efficace de "March Of The Northern Clan". Ou celui des mid tempi fédérateurs "When The World Was Young" et "The Sign Of The Dragonlord". Ou encore celui du très vif "Defy The Night", petite bombe de Power Metal à l’ancienne, claviers en plus. Ou, enfin, la ligne de chant de "Volaråd". Et même si certaines mélodies sont plus convenues (celle de "Glorious" notamment), le reste de l’album est à l'avenant et s'apprécie d’autant plus que sa durée totale est contenue. Comme quoi, on peut encore faire du Sympho-Power efficace sans être chiant, ni emprunté. Merci GLYPH de nous le rappeler si efficacement.