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WHITESNAKE - Forevermore (2011)
Par ALANKAZAME le 18 Avril 2011          Consultée 1579 fois

Quatre ans après un "Good to Be Bad" très attendu qui avait fait couler beaucoup d’encre, WHITESNAKE reprend du service ! Concerts de folie, tournées interminables, nouveaux albums... David Coverdale, le très charismatique leader du serpent blanc, a la pêche et profite à fond de cet enthousiasme retrouvé après deux décennies de vache maigre. Avec "Forevermore", il tente de nous communiquer cet enthousiasme à grands renforts de titres riches en mélodies bien heavy et en sonorités bluesy classieuses et qui causent, encore et toujours, de l’amour et des femmes.

Corverdale, 59 ans à l’heure où j’écris ces lignes, est donc en pleine forme. Les multiples interviews accordées au sujet de "Forevermore" le montrent enthousiaste et particulièrement optimiste. J’aimerais à ce titre balayer d’un revers de la main méprisant les commentaires navrants adressés à l’encontre de ce frontman d’exception sur la page de la chronique de "Good To Be Bad"… Jusqu’à preuve du contraire, quand on a un peu moins de soixante ans, on n’est pas encore un vieux croulant tremblotant qui doit prendre du viagra pour continuer à avoir une activité sexuelle régulière. Alors oui, Coverdale chante l’amour et les femmes, et si à son âge vous êtes déjà blasés de l’amour et des femmes n’allez pas nous faire croire que c’est le cas de tout le monde. Donc merde : David Coverdale est un putain de chanteur, l’une des plus belles voix du genre, une véritable bête de scène et un mec d’une robustesse à toute épreuve qui transpire la classe et le charisme. Ça ne fait jamais de mal de le répéter, et les cyniques peuvent aller se faire foutre ! Maintenant que j’ai mis certaines choses au point, entrons dans le vif du sujet…

Pour son onzième album studio, WHITESNAKE démarre sur les chapeaux de roue avec ce qui deviendra sans doute un classique : "Steal Your Heart Away". Gros riff, rythme haletant, harmonica tonitruant… Du WHITESNAKE pur sucre ! Et on enchaîne sans temps morts avec le heavy "All Out Of Luck" et le single "Love Will Set You Free" (sorti en avant-première le jour de la Saint-Valentin) pour plus d’une heure de musique. Les titres de "Forevermore" sont pleins d’enthousiasme et d’énergie. Indubitablement Heavy Metal dans les structures et la rythmique mais avec des sonorités plus variées, le skeud semble marquer une rupture par rapport à la ligne artistique jusque là dominante dans le registre de WHITESNAKE. Le fait que le guitariste Doug Aldrich ait co-signé l’intégralité des treize pistes au côté de Coverdale n’y est sans doute pas pour rien. Le son de la guitare est moins pesant, et "Forevermore" est beaucoup moins lourd que les trois albums précédents. C’est le grand retour des racines blues qui ont tellement marqué les premiers albums du serpent blanc, sur fond de mélodies fédératrices.

Tout cela donne un aspect très rafraîchissant aux compos de WHITESNAKE : "Forevermore" est très technique, bien rythmé, ça pète dans tous les sens et quand on en voit le bout, on en a raz-la-gueule. Un album cool, voilà : "Forevermore" est un album cool sans prise de tête. On le sent conçu par un groupe motivé, désintéressé, qui ne cherchait pas atteindre un objectif particulier mais voulait simplement faire de la musique. Il s’en dégage une ambiance décontractée assez agréable, avec une sorte de Heavy Metal échevelé à l’esprit très Hard Rock, à la fois très moderne dans ses structures et le jeu des musiciens, et old school dans ses sonorités.

Alors voilà, "Forevermore" est un album cool, mais maintenant on va en venir à la partie plus concrète de cette chronique qui va vous permettre de comprendre pourquoi j’ai attribué la note de 3/5 à ce onzième effort studio de WHITESNAKE. Il faut déjà avoir conscience d’une chose : Coverdale n’avait pas vraiment l’intention d’enregistrer un successeur à "Good To Be Bad" avant de se mettre à composer de manière plus ou moins impromptue avec Doug Aldrich. En fait si l’on interprète ses propos d’une certaine manière, il a pris cette décision un peu à l’arrachée, tout enthousiasmé qu’il était par le fructueux binôme qu’il forme maintenant avec son guitariste. Et ça se sent. "Good To Be Bad" était très attendu et avait été minutieusement préparé : la pression était forte et l’évènement très médiatisé. A l’inverse, "Forevermore" est sorti dans une relative indifférence pour une raison simple : son enregistrement n’avait pas de signification particulière pour Coverdale. Il a donc écrit ses chansons au fil de l’eau, laissant libre cours à ses idées, sans vraiment prendre la peine de faire le tri. Il en résulte un album un peu trop long (plus d’une heure au total), et treize titres qu’on a souvent du mal à distinguer les uns des autres.

Pour le fan que je suis, les premières écoutes de "Forevermore" ont été douloureuses, parce que WHITESNAKE m’a donné l’habitude d’albums riches, solides et proposant des chansons bien singulières (d’où la pléthore de tubes). Là, on a un peu l’impression que tout a été balancé tel quel dans l’enthousiasme général sans que personne n’ait vraiment pris le temps de faire la part des choses. L’omniprésence de Doug Aldrich, qui semble avoir totalement négligé la recherche de riffs qui tuent pour se laisser aller à une orgie de soli assez désordonnée, renforce cette impression d’un album brouillon, dont on a du mal à discerner les contours. Le poste de claviériste ayant été vacant au cours de l’enregistrement de l’album, on ressent à la longue un certain manque, comme si une partie de l’identité de WHITESNAKE n’était pas présente. On regrette aussi un petit manque d’audace de la part de notre vieux David, qui ne varie pas les registres vocaux autant que d’ordinaire (et néglige notamment cette voix grave et rocailleuse qui détone sur des titres comme "Still Of The Night" et "Shake My Tree"), accentuant le côté répétitif de l’album. J’imagine que certains seront vite saoulés…

Les titres se suivent et se ressemblent sans qu’on ne parvienne jamais à distiller un tube ou une piste à la saveur particulière. Bien sûr, on ne demande pas à un pontife comme David Coverdale d’être innovant. Mais on l’a connu plus inspiré… Sur "Forevermore" on ne trouve véritablement rien qui puisse rivaliser avec la qualité de tubes intemporels comme "Crying In The Rain", "Judgement Day", "Slide It In", "Still Of The Night" ou même plus récemment "Best Years". On décèle même plusieurs points faibles au niveau des ballades : "Easier Said Than Done", très poussive et franchement banale, et la très popisante et commerciale "One Of These Days", avec un jeu de guitare dégoulinant vraiment pas enthousiasmant ("Fare Thee Well" est plus solide mais se contente d'enfoncer une porte ouverte). Pas de quoi paniquer pour autant : dans l’ensemble, ça reste plutôt pas mal. Aucun titre n’est radicalement mauvais et même si on aurait bien aimé que certains aient plus de caractère, les amateurs du genre y trouveront largement leur compte. Perso, j’ai une petite préférence pour le survolté "My Evil Ways" que je suis impatient de voir à l’œuvre en live.

"Forevermore" n’est donc pas le grand album qu’on attendait. Encore une fois, c’est un album cool, qui se laisse facilement écouter (pour peu qu’on ait le temps d’aller jusqu’au bout) malgré un mixage poussif un peu éprouvant sur la durée. Il respire la bonne humeur et on sent que David Coverdale et ses musiciens ont pris beaucoup de plaisir à le concevoir. Mais franchement, vu la qualité des productions précédentes, on était en droit d’attendre beaucoup plus de la part de WHITESNAKE qu’un album cool. Aldrich en fait trop, Coverdale n’en fait pas assez, les compos sont assez brouillonnes et pas toujours très inspirées, et les ballades popisantes sont agaçantes et dispensables. Autant de défauts qui plombent un album juste « pas mal » et qui ne restera sans doute pas dans les mémoires… C’est bien dommage parce qu’on sait tous pertinemment que David-l’increvable arrive à la fin de sa carrière, et on aimerait bien qu’il tire sa révérence sur une note un peu plus ambitieuse. Ca sera pour la prochaine fois… Peut-être !


NB : opération commerciale oblige, l'album est sorti dans plusieurs éditions contenant divers bonus. Perso, j'ai écopé de l'édition limitée du journal "Classic Rock" qui contient, outre un hors-série biographique très complet, deux titres live extraits d'un concert donné en 1990 qui doit sortir en DVD en juin 2011. Vu la qualité de ces deux extraits, je suis impatient de voir ça débarquer dans les bacs !!

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   (2 chroniques)



- David Coverdale (chant)
- Doug Aldrich (guitare)
- Reb Beach (guitare, chant)
- Michael Devin (basse, chant)
- Brian Tichy (batterie)
- Timothy Drury (synthétiseur)


1. Steal Your Heart Away
2. All Out Of Luck
3. Love Will Set You Free
4. Easier Said Than Done
5. Tell Me How
6. I Need You (shine A Light)
7. One Of These Days
8. Love And Treat Me Right
9. Dogs In The Street
10. Fare Thee Well
11. Whipping Boy Blues
12. My Evil Ways
13. Forevermore



             



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