Le début des années 90, c'était vraiment pas la période idéale pour percer quand on faisait du Heavy Metal. En tout cas si on voulait devenir aussi gros que METALLICA. Car bien qu'étant passé sous les radars médiatiques, les metalheads ont continué à supporter leurs poulains tant bien que mal durant cette décennie qui a vu bon nombre de très bons albums sortir, comme ce "Night Of The Stormrider", deuxième album d'ICED EARTH.

"Night Of The Stormrider" est le premier classique d'une carrière qui en comptera bien d'autres, la créativité de son mentor Jon Schaffer n'allant se tarir partiellement que plus de dix ans plus tard, non sans avoir laissé une palanquée d'albums mémorables et un Live parmi les plus iconiques du Heavy Metal. Et ce, malgré les changements de personnel, Jon Schaffer tiendra la barre, héroïquement.

Chanteur indispensable à l'identité de son groupe, tout autant que sa redoutable main droite, qui découpe de la rythmique comme personne, il s'arroge un "Stormrider" qui restera un moment iconique des lives du groupe où John Greely, Matt Barlow, Ripper Owens ou encore Stu Block iront se reposer au vestiaire, et s'avère une clé de l'identité sonore d'ICED EARTH en assurant des chœurs rugueux ("Travel In Stygian", "Pure Evil").

Mais venons-en aux compositions. Et cet album souffle le chaud et le froid comme personne, ce qui lui coûte aussi la note maximale. Car les interludes bardés de guitare acoustique ne font pas toujours le boulot (hormis "Before The Vision"), et les morceaux qui ne font que déboîter rythmiquement, comme "Mystical End" et "Reaching The End" peinent à rivaliser.

Rivaliser avec quoi ? TOUT le reste. Franchement, commencer un album par un titre de la trempe de "Angels Holocaust", ça pose. Et la déflagration thrashisante de "Stormrider" suivie des riffs complètement dingues de Jon sur "The Path I Choose", voilà un premier tiercé qui annonce un grand disque. Ventre mou ensuite, malgré quelques bons moments sur "Desert Rain" mais nécessaires car ensuite c'est "Pure Evil" un de mes morceaux préférés de la bande, avec son orgie de riffs enchaînés en son milieu, tout en se permettant d'insérer un passage acoustique, une sorte de quintessence de ce qu'on a écouté jusqu'ici. Et tout ça pour quoi ? Pour se faire corriger en apothéose par "Travel In Stygian" ! Dites-vous que pour surpasser cette pièce, il faudra un "Dante's Inferno" sur l'album suivant…

"Night Of The Stormrider" n'est sans doute pas le meilleur album d'ICED EARTH mais étrangement je reviens presque tout le temps à lui pour cette niaque, cette vitalité juvénile, et, mine de rien, pour la combinaison des vocaux de John Greely et de Jon Schaffer qui, je trouve, fonctionnait du tonnerre. Et je vais pas reparler de ces six incroyables morceaux qui auront forgé la réputation des Américains.