Alors que le premier album fut le résultat de plusieurs années de travail, ce second essai sortit pile poil un an après, d'abord en Europe dès novembre 1991, puis au USA en avril 1992 (ce fut également la même chose pour le premier). Cela mérite d'être souligné vu la qualité et l'aboutissement de ce "Night Of The Stormrider". Le groupe affiche ses ambitions en proposant carrément un concept album, avec une histoire pas forcément très alambiquée mais le concept est bien ficelé et maitrisé. Les morceaux s'enchaînent sans temps morts, avec plusieurs passages arpégés pour servir de liant et des synthés qui assurent les nappes d'ambiances. Le tout s'enchaine avec brio, ainsi chaque morceau peut s'écouter de façon totalement indépendante si on le souhaite mais le tout gagne encore plus en qualité quand on écoute l'album d'une traite.

Car la grande force de "Night Of The Stormrider" c'est cette ambiance absolument prenante qu'il dégage. L'album est sombre, très sombre, parfois mystique, parfois brumeux, et pouvant même par moments rappeler certaines recettes utilisées dans le Black Metal tant le riffing surhumain de Jon Schaffer peut évoquer le même effet que nous procurent les trémolos du Black. L'intro de "The Path I Choose" en est un bel exemple, ou encore l'épique "Travel In Stygian" dans son ensemble, morceau final fabuleux où l'on se croit déjà dans l'enfer de Dante.

Cet album est une véritable mine d'or en terme de riffs, Schaffer donne tout ce qu'il a, ses idées sont innombrables et c'est le titre "Stormrider" qui l'incarne parfaitement. Une orgie de riffs, qui refuse les structures conventionnelles, qui est un sacré challenge à interpréter et demeure un des hymnes les plus mémorables du groupe. Et il n'est pas le seul ! "Angels Holocaust" et son intro à la Carl Orff, le mythique "Pure Evil", et le déjà nommé "The Path I Choose" sont tout autant incontournables. "Desert Rain" joue sur les ambiances orientales, à une époque où ce type de sonorités n'est pas encore si commun dans le Heavy, et là encore Schaffer se montre particulièrement pertinent avec ce titre qui ne sonne pas caricatural (ce qui est bien souvent le cas lorsque les groupes de Metal s'essaient à cet exercice). Cet accalmie en milieu d'album fait du bien tant l'ensemble est intense et impressionnant de célérité.

John Greely et ses atours Halfordiens prend la place de Gene Adams derrière le micro. Il ne fera pas long feu dans le groupe. S'il s'avère tout à fait à la hauteur de son prédécesseur, on peut encore considérer que le chant n'est pas le principal point fort du groupe, cela dit, à aucun moment il ne déprécie le disque. En plus les chœurs apportés notamment par Schaffer donnent une sacrée ampleur aux parties chantées.

"Night Of The Stormrider" est tout simplement le meilleur album d'ICED EARTH. Bien aidé par ses comparses (qui participent notamment à l'écriture des titres de transition), Jon Schaffer croit en son groupe et y va à fond. Il s'en suivra finalement une période difficile pour le groupe, un peu injuste vu la qualité assez dingue de cet album, qui avec plus de moyens et sorti dans un contexte plus propice aurait sans doute fait un malheur. Je vous avoue quelque chose, cet album je l'ai écouté un peu plus d'un an après sa sortie, je n'avais pas accroché, mes oreilles n'étaient pas suffisamment éduquées pour comprendre ce chef d'oeuvre de l'US Power Metal, ne faites pas la même erreur.