Quand nous comparons ce "Power Of The Night" à "Sirens" et surtout à "The Dungeons Are Calling", difficile de ne pas être déçu. Déjà peu ou pas d’évolution, le terrain de jeu reste le même, mais on note un certain adoucissement dans l’écriture, comme si SAVATAGE voulait conquérir de nouveaux fans, en tapant dans des registres un peu plus soft, tournant le dos aux monstres nés sur les premières années. Si ce n’était la voix de Jon Oliva, à elle seule porteuse d’agressivité, on pourrait presque croire que nous n’avons plus à faire au même groupe.

Certes, ceci n’est que pure exagération, des morceaux comme "Warriors", "Necrophilia" ou "Washed Out" faisant bien monter la pression. D’ailleurs ces titres forment une triplette plutôt réussie qui venait clôturer la face A de l’album de bien jolie façon après une ouverture plus en douceur. Chacun de ces trois titres apporte quelque chose en particulier qui fonctionne l’un avec l’autre : le premier se concentre sur la facette épique, le second sur l’occulte et le troisième sur l’aspect le plus rentre-dedans de la musique de SAVATAGE. Et là, forcément, cela fonctionne plutôt bien.

En revanche, la seconde moitié de l’album s’effondre, les titres proposés n’atteignent pas des sommets et sonnent même de façon plutôt molle ("In The Dream" est une ballade plutôt quelconque et poussive par moments, "Hard For Love" lorgne du côté de l'easy listening à la RATT). En fait, "Power Of The Night" semble avoir le cul entre deux chaises. D’un côté, nous avons cette volonté de sonner Heavy, avec de lourdes influences américaines qui apportent un charme certain à l’ensemble et qui correspond mieux à ce que l’on attend de SAVATAGE après les deux premiers efforts du groupe. De l’autre, "Power Of The Night" préfigure de façon assez inquiétante ce que sera "Fight For The Rock" un an plus tard.

Forcément, cet album, au vu de la carrière des Floridiens, devient rapidement assez anecdotique, avec un intérêt mitigé, mais qui séduira ceux qui ne supportent pas le côté pompeux que prendra le groupe après "Hall Of The Mountain King" et qui restent attachés au SAVATAGE des débuts, volontaire et ambitieux. En revanche, vu, la suite des événements, difficile de se montrer satisfait de ce "Power Of The Night" bien trop timoré et répondant à certaines sirènes commerciales.