Avec "Fight For The Rock", SAVATAGE nous sert une bien triste soupe. Elle est claire comme la semence de feu le mari de madame Mortemont, c’est de l’eau dans laquelle flotte quelques grumeaux indéfinissables. C’est facile, si on servait ça dans un resto de routier, on retrouverait le cuisinier pendu par les joyeuses à côté des saucissons secs et des lapins mis à sécher (ouais, les normes d’hygiène dans ce genre d’endroit, c’est toujours discutable).

La pochette est un cliché pour tout Américain, qui sera également repris dans l’esprit par STATUS QUO la même année, mais si eux sont de fidèles sujets de la couronne. Forcément, cela ne met pas vraiment en confiance, ça fait genre on appâte le chaland patriotique qui a déjà sauté sur le "Born In The USA" de Bruce SPRINGSTEEN sans comprendre de quoi causait la chanson (han ! Comme je suis vénère, un vrai fdp !). Et dès que l’on pose l’album sur la platine, on pige le truc.

Produit par Stephan Galfas (CHER, DR SIN…), l’album a un son bien aseptisé, ce qui fait que même les titres les plus frondeurs ont un rendu bien inoffensifs. Le title track, "Hyde" ou "The Edge Of Midnight" se veulent bel et bien un brin agressif, avec la voix râpeuse de Jon Oliva à son paroxysme, mais cela reste franchement mou du genou. "Power Of The Night" marquait déjà un peu le pas, la virulence de "Sirens" et surtout celle de "The Dungeons Are Calling" s’éclipsaient déjà au profit de mélodies presque faciles. Avec "Fight For The Rock" nous sommes en plein dedans.

Pour ceux qui se focalisent sur l’aspect mélodique et purement mélodique seront ravis. L’ensemble vieillit, ça c’est inéluctable, mais pour les amateurs du Hard Rock estampillé ’80 en provenance des USA, cela devrait être du tout bon. En revanche, pour ceux qui aiment le SAVATAGE agressif des débuts et le SAVATAGE plus ambitieux et impérial que l’on connaît à partir de "Hall Of The Mountain King", c’est la douche froide. Tout est trop facile ici, trop policé, et quand le groupe tente d’être un brin Heavy, il n’est malheureusement pas crédible.

Personnellement, j’ai découvert cet album après "Gutter Ballet" et "Sirens", dans cet ordre. On ne peut pas dire que j’ai été emballé outre mesure par les nouvelles versions de "Out In The Streets" et "Lady In Disguise", très fadasses, trop édulcorées, la cover de "Wishing Well" n’est pas plus trépidante que cela et forcément, ça a été une déception, sans compter le reste. Et malgré de nombreux efforts, d’essais, de volonté, je n’arrive toujours pas à l’apprécier. Donc désolé pour ceux qui l’apprécient, mais cette kro-x est une appréciation somme toute personnelle et pour le coup, très subjective.