Vinnie-Dime-Phil-Rex, ce quatuor a eu pour moi une importance aussi prégnante que les four horsemen dans ma construction métallique. Si Metallica m’a ouvert les voies allant au-delà de la NWOBHM et du Hard-Rock d’AC/DC et des GUNS, PANTERA a longtemps représenté un paradigme en matière de brutalité audible. Les Texans furent une borne supérieure en matière de molestage tout en restant accessible à mes fragiles oreilles, tandis que le Death ou le Black se situaient de l’autre côté de la barrière, plus proches du bruit que de la musique. Bien évidemment, les temps ont depuis changé, mais cet état de fait explique fortement l’affection que j’éprouve toujours pour les Américains.

Après s’être, comme tout le monde le sait, essayés au Spandex et au Glam, PANTERA change donc son fusil d’éPAULe sous l’impulsion des frangins, et passe au shotgun pour nous asséner une sorte de Post-Thrash (flagrant sur "Heresy") ralenti, plus lourd et plus groovy également. Le son est rapeux comme du papier de verre, à l’instar de celui sorti par Tommy Victor et sa clique (PRONG), sensiblement à la même époque. Vinnie possède déjà ce sens du rythme d’enfer inimitable, la basse de Rex cogne sévèrement ("Psycho Holliday"), quand Dimebag peaufine ce style qui lui donnera accès au Valhalla des guitaristes mythiques. Quant à l’inénarrable Philip Anselmo, il franchit quatre à quatre les marches vers une extrêmisation de son approche vocale, d’une intention folle même si l’on sent encore le bonhomme en phase de transition entre deux genres, persévérant dans des aigus incongrus dans ce nouveau contexte.

Cela étant, je vous avoue bien volontiers être plus que mitigé quant aux compositions figurant sur ce premier véritable LP en mode reborn. "Cowboys From Hell" souffre d’une carence marquée en matière d’accroche. On se fait même un peu chier, à l’exception de la triplette constituée du title-track, de "Domination" et son breakdown de mammouth en rut et de la petite perle réconfortante "Cemetary Gates", qui semble d’ailleurs avoir été enregistrée à part tant son intro chaude dépareille de l’abrasivité du reste de la galette.

PANTERA se cherche encore en 1990. Il n’est donc pas si étonnant que cela que ce disque ne soit réellement devenu culte que bien des années après, le succès aidant. Tel "Kill ‘Em All" d’une certaine façon (oui, je suis de la team Remissa…), il brille plus par sa place dans l’histoire que par sa qualité intrinsèque, ne possédant alors ni le raffinement, ni la puissance, ni la violence viscérale qui font de certaines pièces des œuvres véritablement majeures.