PANTERA vient de traverser deux années incroyables pour le Metal : des références du Thrash ont éclaboussé la planète avec les albums cultes de METALLICA, SLAYER, ANTHRAX et MEGADETH (le fameux Big 4) qui vont terriblement tenter le groupe et pousser rapidement Glaze vers la sortie avec ses aspirations Glam. Après plusieurs auditions de candidats, le combo jette son dévolu sur un natif de la Nouvelle Orléans, Phil Anselmo (ex-SAMHAIN, ex-RAZOR WHITE). Ce dernier semble être le seul en mesure de tenir la note face à Terry…

Dès les premières mesures de ce "Power Metal", on peut aisément faire passer pour un con une personne que l'on méprise : ce dernier vous dira facilement "JUDAS PRIEST, ton skeud ! Ouah trop facile"…
Raté, couillon !
Il s'agit effectivement du premier album avec Phil Anselmo au chant pour PANTERA mais force est de constater que le son le plus connu des Américains n'est pas arrivé au programme avec le changement de frontman. C'est bien du côté des Anglais de JUDAS PRIEST qu'il faut se tourner. Car de JP, il en est question beaucoup dans cet opus de transition vers ce que le groupe saura faire de mieux par la suite. On est donc loin des rivages du Glam d'antan et on navigue sur un Heavy assumé, traînant un poil côté Thrash. Il est évident qu'on découvre ici un Anselmo qui "chante" encore et qui n'est pas dans son registre "beugleur" qu'il conservera ensuite, définitivement. Amusant donc de l'entendre œuvrer ici quand on connaît sa voix caverneuse désormais !

On trouvera certes du reliquat MÖTLEY CRÜE avec un "Proud To Be Loud" (titre écrit et produit par Marc Ferrari du groupe KEEL), qui constitue clairement une rechute vers le Glam/Hard US totalement assumée mais avec des titres comme "Rock The World", puis surtout "Hard Ride" (pâle copie d'un "Rock Hard, Ride Free" même dans le refrain !), impossible de ne pas lier Phil à Rob...
En outre, le talent de Diamond Darell transpire déjà sur cet album : entre le solo d'un "We'll Meet Again" ou d'un "Death Trap" illustrant à merveille mon propos, la vitesse d'exécution de ses riffs, globalement, et l'inventivité de son jeu, force est de constater que le voyage est marquant au pays des accords sur manche ! On sent que le son PANTERA ne demande qu'à jaillir et qu'il est parfois difficile de contrôler tout cela (flagrant sur le solo de "Over And Out" par exemple). C'est notamment avec cet album que j'ai véritablement mesuré tout le talent du guitariste et même si cela peut surprendre, j'apprécie davantage son jeu ici que par la suite, notamment en raison de ses partitions lead suraiguës par moments. Ici, il est aisé de sentir un musicien sans pression ni contrainte qui œuvre par amour du Metal ("Burnnn!").

On peut enfin dénicher quelques passerelles du côté d'un MEGADETH premières années ("Over And Out", "Power Metal" où on retrouve un futur riff mémorable à savoir celui de "Cowboys From Hell", ou "Down Below" avec la voix de Rob Halford !), mais donc surtout d'un JUDAS PRIEST avec un "Death Trap" par exemple et l'excellent "Rock The World". Dimebag Darrel (encore crédité du nom de Diamond Darrell) apparaît même au chant sur le très classieux "PST 88" - Pussy tight, tonight, pussy tight…), c'est dire comme le groupe s'essaye à toutes les pratiques !

PANTERA évolue, durcit son niveau de jeu et, comme cela, ne va pas au devant de grandes désillusions, bien au contraire, comme le disait Aymé... En faisant le choix audacieux de conjuguer un son Power, Glam, Heavy et Thrash Metal, les Américains vivent avec leur temps et utilisent les influences des évolutions musicales pour tenter de contribuer à faire évoluer un paysage morne jusqu'alors et qui va brutalement radicalement changer… "Power Metal" est un objet charnière dans la discographie de PANTERA. Jamais réédité à ce jour, cet opus est même devenu un objet de collection très rare : une occasion non négligeable pour mettre en avant tout le contenu qualitatif qu'il propose.

Note réelle : 3,5/5.

Top : "Rock The World", "Power Metal", "Burnnn !".