Ah non le Black j’aime pas, ça crie !

Et bien voilà l’un des quelques albums à même de vous faire passer de l’autre côté du miroir, et ce avec l’une des voix les plus clivantes du style. Des paroles d’un niveau rare (même si on ne les comprend pas), une production parfaitement adaptée (tout juste Nicholas Barker qui est un peu retrait) où la basse se taille la part du lion, et des atmosphères travaillées qui fonctionnent à merveille.

La pièce-titre est bien évidemment devenue un classique ultime du répertoire de CRADLE OF FILTH, mais il serait dommage de passer à côté de ce "Heaven Torn Asunder" aux harmonies funestes, à l’orgiaque empilement de riffs de "Funeral In Carpathia", au piano romantique de "A Gothic Romance", ou aux craquements sinistres de "Haunted Shores". Sarah Jezebel Deva incarne le succube à merveille tout au long de l’album, saupoudrant l’opus de cette touche d’érotisme gothique dont Dani aimera jouer encore plus à l’avenir ("Cradle Of Fear", "Bitter Suites To Succubi").

"Dusk…" est l’album ultime de CRADLE OF FILTH pour beaucoup, et celui qui m’a fait sombrer pour de bon dans le Black Metal. Aucune composition en-deçà de la précédente, un séjour aux confins de l’Angleterre victorienne au milieu des forêts obscures et brumeuses, un vampirisme gothique prégnant parfaitement incarné par Dani Filth entre narrations gutturales et déchirements vocaux qui ont fait sa renommée : "Dusk… And Her Embrace" est un sans-faute, et un opus qui traverse admirablement le temps ; près de vingt ans après sa sortie, il conserve toute son aura.