Moi, j’veux bien qu’on fasse la fine bouche, les trve, les genre "c’était mieux avant", les Zodd (attaque frontale, coup de tête babounou pour un confrère chroniqueur). En fait, je suis prêt à accepter tout type de contradiction, quand bien même elle relèverait de la pire mauvaise foi. Mais le dogmatisme a toujours eu le don de me casser les couilles. Oui, je suis vénère. Et tel un Schtroumpf noir nommé Julien, quand je suis vénère, je mords. Qui peut objectivement me dire que "Deep Calleth Upon Deep" n’est pas un excellent album, tant le game est plié dès "Midnight Serpent", titre d’ouverture de ce neuvième LP.

Tout le SATYRICON moderne y est : le rythme martial, les riffs râpeux, le chant haineux de Satyr, le rythme Black'N'Roll imprimé par un Frost, les ambiance à grands coups de vocaux déclamés, l’enchainement des plans de batterie : un concentré de Black contemporain. Coup de bol ? Bah, non, ça enchaine direct sur "Blood Cracks Open The Ground", qui a de surcroit l’outrecuidance d’y intégrer des leads mélodieux harmonisés de guitare tout en conservant ce vice, qui sied si bien au teint blafard des Norvégiens.

"Deep Calleth Upon Deep" constitue un retour en fanfare, porté par des riffs sinueux et malaisants, à l’instar du title-track, l’un des meilleurs titres jamais composés par le combo, qui va plus que jamais à l’essentiel, sans jamais se perdre dans d’absurdes circonvolutions stériles. La noirceur, ça se mérite. Là où tant d’autres gavent leurs productions d’effets symphoniques anecdotiques, Satyr et Frost utilisent les chœurs fantasmagoriques pour mieux soutenir des méandres malsains, venant prendre possession de nos esgourdes, avant de pénétrer nos âmes corrompues, qui n’attendaient que cette obscurité et ce vice pour être pleinement converties ("To Your Brethen In The Dark", "Black Wings And Withering Gloom").

La fascination du duo pour Munch se manifeste une première fois sur ce disque, ensorcellement qui les conduira à réaliser la bande-son d’une exposition dédiée à leur compatriote. Les univers anxiogènes des artistes sont tellement compatibles, l’un s’accomplissant à travers la peinture, l’autre la musique. L’union des deux était, a posteriori tellement prévisible, naturelle et évidente. Alors bien entendu, la seconde partie de la galette s’avère un brin moins inspirée, mais est-ce vraiment là le principal ?

Il se passe quelque chose d’onirique en Norvège depuis si longtemps. Une forme d’alchimie inexplicable, œuvrant dans un univers singulier combinant nature, culture, sens du consensus et respect. SATYRICON fait définitivement partie de cette équation, pour le plus grand bonheur de votre serviteur.