Blackie ne nous avait pas habitués à de si longues absences. 6 ans entre "Babylon" et ce "Golgotha" à la pochette forcément très évocatrice, tout de suite, ça fait long. Surtout qu’on ne savait pas trop à quelle sauce nous allions être mangés par ce WASP cru 2015, auréolé (c’est le cas de le dire) d’une aura plus propre, moins foncièrement agressive et sale. Cela a été dit, mais Lawless s’est trouvé une religion et lui qui était le roi de la provoc’ dans les années 80 s’est rangé, il est plus posé, plus serein, bien moins outrancier. Mais il a toujours une certaine facilité pour écrire de bonnes chansons…

… en s’appuyant sur son passé. Oh, bien sûr, il va laisser tomber les injures, le blasphème et le gore facile et gratuit, mais il va toujours un peu piocher dans ce qu’il a toujours su faire de mieux, ses mélodies biens balancées, ses refrains qui se mémorisent rapidement et qui deviennent, de ce fait, fédérateurs. Alors oui, "Golgotha" regarde dans le rétroviseur, encore une fois, mais cette fois-ci, l’album se tient plutôt très bien, même s’il ne faut pas s’attendre à de la virulence musicale. Ça reste Heavy, mais on est loin de certains standards auxquels on a été habitué.

Mais on sent surtout qu’il y a une sérénité qui se dégage de ce disque. Pas forcément d’un point de vue musical, mais au travers du personnage de Lawless qui chante sans forcer, posément, mais qui possède toujours cette voix reconnaissable entre toutes et qui est capable de filer le frisson par moments. Mais cela fonctionne toujours très bien, mieux que sur l’album précédent d’ailleurs. Et il nous guide jusqu’au mont Golgotha au gré de quelques escales qui font faire bonne impression.

Aussi, on va particulièrement sur le point de départ, "Scream". Allez, encore un énième ersatz de "Wildchild", mais ça fonctionne toujours et, que voulez-vous, je suis faible. On va faire escale sur le très bon "Shotgun", on va marquer un moment d’arrêt sur "Miss You", qui est peut-être la plus belle ballade de WASP depuis "The Idol" (et là, Dieu sait que ça ne nous rajeunit pas). "Slaves Of The New World Order" est une décharge électrique bienvenue et si le reste se tasse gentiment, la chanson-titre ferme l’album sur une très belle note.

Alors au final, qu’avons-nous là ? Un bon disque de Heavy qui tend par moment vers un Hard Rock plus simple, plus basique, assez lumineux dans le genre. WASP évolue avec la spiritualité de son leader, il change un peu de fond et de forme. Après, dans le genre, et pour revenir à ma conclusion au sujet de "Babylon", STRYPER en 2015 est devenu plus excitant que WASP. "Golgotha" est bon. Mais juste bon, parce que quelque part, prévisible. Pour ne pas changer.