Je vous vois venir de loin, avec vos bottes d’égoutiers et surtout avec vos fourches. Vous vous dites, « le Beagle, ça fait des semaines qu’il nous les brise avec AEROSMITH, tout ça pour chier sur "Get A Grip" ! ». Je sais. Il y a des intouchables, ce disque en fait souvent parti, et pourtant, malgré tous mes efforts (30 putains d’années d’efforts), je ne m’éclate pas à l’écoute de cet album. La pochette est marrante (aujourd’hui plein d’associations tomberaient sur le dos du groupe pour incitation à la torture animale), elle est marquante, mais je lui préfère celle de "Pump". D’ailleurs, je lui préfère largement "Pump". Et "Permanent Vacation". Et même "Done With Mirrors".

"Get A Grip ferme" une espèce de trilogie initiée avec Permanent Vacation, la formation fera évoluer la formule quelque peu par la suite. Il sera également le dernier disque où le gang de Boston collaborera avec Jim Vallance. Mais contrairement aux deux précédents effort, l’effort est clairement mis ici sur les ballades. Sur les six singles tirés de "Get A Grip", quatre seront dédiées aux ballades de l’album. Déjà, quatre, ça fait beaucoup. Beaucoup trop, surtout si on enlève l’intro et le court instrumental "Boogie Man". Et sur les huit titres qui restent, cinq ne me plaisent pas…

Jusqu’à "Fever", tout va bien. Le groupe est en forme, le sample de "Walk This Way" en introduction est prometteur, "Eat The Rich" est un classique instantané, tout va bien. Et là arrive "Livin’ On The Edge", qui se veut sympathique, mais qui hélas s’éternise un peu trop. Ensuite, le groupe commence à gentiment pédaler dans la choucroute et rien ne m’accroche réellement : "Shut Up And Dance" reste un mystère pour moi, la présence de Lenny Kravtiz sur "Line Up" est anecdotique (comme le morceau d’ailleurs). Et pire, il reste les trois ballades que je n’ai pas encore cité !

Autant le dire tout de suite, je sauve "Amazing", que je trouve plutôt jolie et mieux amenée que les deux autres. "Cryin’" et "Crazy" sont pour moi des mystères. Elles sont dégoulinantes de sucre, elles sont d’ailleurs très ressemblantes l’une et l’autre, issue d’un même moule et elles sont également un peu faciles. Le truc pour emballer lors des soirées ado des années 90. Décidément, j’ai vraiment beaucoup de mal avec les ballades du groupe à partir de "Permanent Vacation", quand celles des années 70 me plaisaient plus (mais certainement moins aux radios).

Et à chaque fois, je me retrouve comme un con, après avoir espéré que la magie opère enfin après "Fever", mais dès "Flesh" je sais que je vais commencer à me faire grave chier. Ça ne rate pas et encore une fois je m’ennuie ferme, je ne ressens aucune excitation à partir de ce moment et pourtant je n’appuie jamais sur le bouton « stop » de la chaîne, avec toujours ce vœu pieu d’avoir le déclic, de rentrer dans l’album, mais non. Et je vais le faire tourner une fois, deux fois, avant d’arrêter après "Fever" la troisième fois.

Faut dire aussi, il est long le bestiaux. Plus d’une heure… Il fait quasiment la durée de deux albums des ’70 réunis, autant dire que c’est long. Trop long certainement pour AEROSMITH qui est plus efficace quand il sait être concis ("Pump" fonctionne à ce titre à la perfection, mais je pourrais aussi citer "Toys In The Attic" ou "Rocks"). Et surtout, en quatre ans, le groupe semble avoir perdu le feeling monstrueux qu’il avait sur "Pump" justement, où les morceaux étaient souvent plus aventureux et plus originaux. Plus mémorables également.

Bref… Pour moi "Get A Grip" est un disque raté. Quatre ans d’attente pour ce truc, quand j’y repense, ça me défrise les poils du cul. Bref bref bref… Bon, je profite que vous ayez posé vos fourches pour vous annoncer que l’album suivant, "Nine Lives", je le kiffe grave. Kapwiiiiiiiiiiiiiing !

Le top : "Eat The Rich", "Get A Grip", "Fever", "Amazing"
A droit au rattrapage : "Livin’ On The Edge"