Franchement, je me sens comme un con face à ce disque. Pas parce qu’il me submerge par sa beauté, mais juste parce que j’ai beau l’écouter, encore, encore et encore, je n’en retiens pas grand-chose. Syndrome de la page blanche pour le Beagle. "Dead Winter Dead" avait ses défauts, mais j’avais rapidement pu le cartographier alors qu’ici, non. Un comble pour un concept album autour de ce grand navigateur qu’était Magellan ! Et pourtant, j’essaye, j’insiste. Là, ça fait bien une semaine et demie que je l’écoute au moins une fois par jour (en plus, il est long, ce disque…), mais rien à faire, je commence à assimiler le truc à partir du morceau-titre.

Alors de là à dire que cet album aurait fait un excellent EP, il y a un pas (que j’aurais bien envie de franchir). C’est assez pénible à dire, mais il semble bien que SAVATAGE soit passé complètement à côté de son sujet alors qu’il avait tous les atouts dans sa main (puis d’autres cachés dans la manche) pour frapper un gros coup. Comme d’habitude, l’histoire est très bien écrite, elle est ambitieuse, elle a demandé des recherches et tout le tralala, mais c’est musicalement que l’ensemble s’annonce bancal, le truc étant complètement occulté par le TRANS SIBERIAN ORCHESTRA et son succès fulgurant.

Mais là où l’ambition démentielle de "Dead Winter Dead" avait au final conduit à un album très (trop ?) subtil et riche en émotions, sur "The Wake Of Magellan", la boussole est détraquée et le navire divague un long moment avant d’arriver à destination. Et le voyage va vite devenir long, très long, beaucoup trop long… Ponctué d’interludes, truffé de morceaux pas très inspirés, cet album peine à trouver sa vitesse de croisière (pitié, achevez-moi) pour n’éclore que dans son dernier tiers. Et c’est dommage, parce que là, la musique de SAVATAGE se veut somptueuse, elle vient nous prendre à la gorge pour ne plus nous lâcher jusqu’aux dernières notes de "The Hourglass".

Au final, il n’y a pas grand-chose de cet album digne d’être amené par les embruns. C’est un long voyage en solitaire et à la rame qui se prépare. Parce que pour ramer, l’équipage SAVATAGE s’est mué en galériens, quelque chose de beau… Malheureusement, c’est à partir de ce disque, parfaitement anodin, que l’on pouvait deviner que ça allait vite finir par sentir le sapin chez nos Floridiens…