Qui aujourd’hui encore achète des singles ?
Non vraiment, j’aimerais savoir : qui ça intéresse encore de claquer son flouze dans un bout de plastoque avec des remix souvent dispensables, des inédits rarement bons et des reprises souvent bancales (bon, parfois amusante, je vous l'accorde)? Surtout sachant qu’en plus ça se trouvera en deux clics sur le oueb.
Que ceux qui s’adonnent à cette activité tabou se dénoncent (pas le téléchargement, l'achat de single)!

Évidemment, chroniquer de tels produits délibérément médiocres n’est pas franchement plus fin, et j’avoue le faire uniquement pour en rajouter une couche après un "Libeu Iste fure alleu da" que je confirme comme étant la plus belle gamelle de 2009.

"Ich Tu Dir Weh" est un peu le morceau archétypique de "Liebe Ist Für Alle Da", avec un riff bombé par un son clean, un refrain facile à nanana-ner, et un tout très largement téléphoné. RAMMSTEIN fait du catchy-facile, et même si on n'en est pas encore au refrain vocodé, ça fait quand même de plus en plus de peine à entendre. Même le clip n’est plus qu’une sorte de pseudo-live avec deux-trois effets spéciaux ‘cool’… Preuve que vraiment, même le groupe n’a plus grand-chose à foutre de ce qu’il fait, complètement à court d'idée.

En attendant que la force des choses viennent (peut-être) sauver les Allemands, "Ich Tu Dir Weh" est lâché en pâture à des groupes Dance, dans un « Fukkk offf » remix qui porte bien son nom et un « Smallboy Remix » pas franchement meilleur. Choix étrange pour des covers d’un titre metal, vraiment étrange.
On aura le même sentiment alors que SCOOTER, lui, s’amuse avec "Pussy". Certes, tout le monde a déliré sur SCOOTER lorsqu’il était gosse (ou ado, pour les plus vieux et rabougris d’entre vous), mais de là à vouloir un titre d’un groupe apparemment sérieux remixé par les teuffeurs teutons, y a quand même un gouffre. De l’autre côté, un joli massacre d’un titre déjà navrant à la base ne dérangera sans doute pas grand-monde. Et puis, le côté Dance-90s-klub-boum-boum de SCOOTER prendra tellement le dessus sur l'original, que "Pussy" devient très clairement méconnaissable.

Seul tête connue qui fera un truc à peu près potable, ce sera l’ami DEVIN TOWNSEND, qui violera le seul titre potable de "Liebe Ist Für Alle Da" par tous les trous, avec banjo, pets et débilités guitaristiques. Ça amuse la galerie, ça détend les nerfs au milieu de toute cette médiocrité. Le pied de nez perdra un peu de souffle alors que la fin se 're-metallise' de manière plus banale.
Même si ça tient clairement plus de la parodie que de la reprise vraiment respectueuse, on aura presque envie de dire « merci Devin ».

Certes, les singles de RAMMSTEIN ont jamais été géniaux, mais parfois il y avait des "Stripped" ou des "Das Modell" qui éveillaient la curiosité, ou quelques versions alternatives pas dégueux. Rien de formidable ici, bien au contraire, tous les artistes de la galette semblent peu concernés par ce qu'ils font. RAMMSTEIN semble quelque peu avoir perdu de son aura et de son caractère (certains me diront que ça date de "Mutter", à ceux-là je répondrais ‘nanana’ avec une voix aiguë et insupportable), et seul ces performances live semblent encore le sauver du naufrage.