Tout est une question de choix.

Il y en a qui vont se tourner vers l’ère mélodique et chaleureuse d’une esthétique de tata. D’autres vont opter pour la haute technicité à tous prix et le déballage de notes au-delà du réel, en n’oubliant pas le compas planter sur le manche. Et y’en à d’autres qui sont poussés par un désir fort de foutre des pains dans la gueule, choisissent la violence pure. Un choix qui semble judicieux pour SINISTER qui affiche une belle brochette de disques à son actif. D’une rigueur métronomique, il devient au fil du temps une redoutable formation reconnue à bien des égards pour son barbarisme musical.

Savage or Grace s’inscrit dans un Death Metal basique et frondeur. Ces aficionados du riff couillu s’adressent virilement à leur auditoire. Certains titres dépassent gère les trois minutes et tout ce succède dans le chaos. Intense et sulfureux, cet opus est surtout radical. Aucunes concessions pour ces bouchers. Donc aucunes surprises à l’horizon : du riff gras, du trémolo endiablé, des mid-tempo écrasants et du blast débridé. Ajoutez au tableau quelques vocalises linéaires et on obtient du bon gros Death bien gras : Savage or Grace développe toute son essence dans un feeling bestial.

Mais cette pratique du pilonnage chronométré demande beaucoup de maîtrise, autant que d’endurance (là dessus, aucuns problèmes). Sans jouer la grosse flemme pour autant, SINISTER répète les plans qui on fait son succès. En picorant gentiment dans un Cross The Styx (« Barbaric Order»), comme ça gentiment pour le plaisir. De plus, la formule est usée jusqu'à la corde, sans que les mots nouveauté et inspiration ne viennent pointer leur nez. Toujours avec ce jeu de l’intro ridicule (« Rise of the Predator »). Ce combo si aguerri, tombe assez vite dans recyclage. Ce qui n’empêchera pas d’apprécier ces moments de pure violence.

Sans verser dans un machisme refoulé, je ne trouve pas crédible cette chère Rachel. La petite s’essouffle rapidement, sans modulations gardant la même amplitude donc monotone. D’un autre côté, avec un son si gras et un mix si agressif, la pauvre petite Mme SINISTER à bien du mal à ressortir de ce brouillard. Mais bon, elle avait l’accord de son mari. Alors... moi, les histoires de couples... hein.

Donc oui, tout est une question de choix.
Encore faut-il faire le bon, sans faire le con.

Si on prend cet opus pour ce qu’il est, autrement dit, un pur moment de Rock’n Roll ! Là d’accord, on appréciera la robustesse de cette équipe et son parti pris.
Si on prend ce « Savage or Grace » comme le nouvel héritier d’un passé oublié par tout le monde, là il y a faute monsieur l’arbitre !

Vraiment pas terrible, du moins au regard de leur discographie, celui-ci ne fait décidément pas le poids. Désolé, mais madame et monsieur SINISTER ( Heyzer et Kloosterwaard pour les intimes) vont devoir faire un autre choix et radical celui-là : Soit la pouf se barre et on recentre le débat ou alors c’est la fin des haricots. De ce fait (et pour d’autres obscures raisons) cette donzelle sera définitivement éloignée du projet de son mari. Allez hop ! Comme par magie, la grognasse c’est envolée!
Monsieur Kloosterwaard prend alors les commandes (et le micro) et c’est parti pour de nouvelles aventures ! Honnêtement je cache ma joie.

En deux mots : c’est bien moyen mais c’est bien gras.