Prédécesseur du mythique Theli, Lepaca Kliffoth marque la fin d’une époque et le début d’une autre pour THERION. Le groupe a commencé par pratiquer du death metal et est maintenant devenu ce que l’on sait. Sur cet album, c’est encore Christopher Johnsson qui prédomine au chant avec sa voix rauque et agressive (qu’on entend sur Theli, mais dans une moindre mesure), et on note l’amélioration notable de notre petit génie dans ce domaine par rapport à ses débuts. La plupart des chansons sont dans la continuité de Ho Drakos Ho Megas, en plus rythmées et plus structurées. La puissance des guitares est toujours là et ces dernières se font parfois très entraînantes par moment. Voyez la frénésie de « Riders of Theli » par exemple. Mais jusque là, rien de vraiment transcendant par rapport aux changements qui s’étaient opérés avec le précédent opus. Le clavier est de plus en plus utilisé et donne un son plus classique et une musique plus profonde, mais les guitares ont toujours largement dessus.

La réelle innovation vient de l’ajout du chant féminin dans certains morceaux. En ce sens, « The Beauty in Black » correspond au vrai premier pas de Johnsson dans ce que l’on appelle primitivement l’opéra métal en désignant l’art récent de THERION. Cette chanson alterne chants majestueux masculins et féminins (évidemment, ce n’est pas la qualité des chœurs des albums suivants), et le résultat fut très surprenant à l’époque. Aujourd’hui encore, malgré les énormes progrès en terme de moyens et de qualité de THERION, « The Beauty in Black » est un classique. Un clip vidéo avait d’ailleurs été tourné pour cette chanson (le résultat était un peu ridicule… mais c’est un avis personnel). L’autre chanson utilisant la voix féminine est « Black », mais celle-ci est associée à la voix de Christopher Johnsson, ce qui rend le morceau moins grandiose et plus violent, mais au final c’est excellent. Les autres chansons, plus en accord avec le style death metal des albums précédents, sont toutes aussi réussies. Une mention particulière pour « The Wings of the Hydra », que l’ont retrouve en version live sur l’EP Crowning of Atlantis, qui est vraiment magnifique. Notons aussi la curiosité de l’album avec la chanson « Lepaca Kliffoth », assez surprenante, mystique, voire dérangeante, avec des paroles en égyptien.

L’album est en somme excellent et d’une grande inspiration, une qualité que THERION et son génie Cristhopher Johnsson ont toujours eu et auront toujours. Maintenant, il est sûr que ce Lepaca Kliffoth ne peut rivaliser avec les albums suivants, mais il n’empêche que tous les fans du groupe le découvriront avec un plaisir immense et intense, car ils y reconnaîtront la patte unique du groupe. A noter que l’album a été réédité par Nuclear Blast en 2002, et comporte deux bonus tracks de très bonne facture.