Sombres adorateurs de THERION, voici venu sur Terre leur nouveau live. Deux ans après le gargantuesque Celebrators Of Becoming, Christopher Johnsson et ses acolytes nous servent ici un contenu plus concis (1 DVD + 2CD tout de même). Adeptes du monstre sacré, sachez toutefois qu’il s’agit ici de la dernière fois que vous pourrez assister à un live de THERION sous cette forme puisque Christopher Johnsson a annoncé que la totalité des membres permanents (entendre par là les musiciens, à l’exception de lui-même bien sûr) s’en allait sous d’autres cieux.

Ce show est donc l’ultime témoignage du Gothic Kabbalah Tour mais signe donc, par la force des choses, le testament d’un noyau dur (Johnsson / les frères Niemann) qui perdurait depuis Deggial (paru en 2000). Pratiquement une décennie de collaboration (et de composition en commun) alors que le groupe fête ses 20 ans, ce n’est pas rien. Il s’agit donc d’un chapitre entier de la carrière du groupe qui se ferme. Ce concert, enregistré le 14 février 2007 à Varsovie, n’en reste pas moins bien savoureux (mis à part un ou deux lourds détails…) et ne sent à aucun moment la fin de règne.

La setlist égrène les perles, passant à travers les différents âges de THERION, proposant du neuf (« The Perennial Sophia », « The Wand Of Abaris », « The Blood Of Kingu »…) comme du plus ancien (« Deggial », « Wine Of Aluqah », « Nightside Of Eden »…) sans oublier du culte (« To Mega Therion », « Rise Of Sodom And Gomorrah », « Birth Of Venus Illegitima »…). Mais point ici d’extraits antérieurs à l’album Theli (sorti en 1996). Les puristes tordront le nez devant les extraits de Gothic Kabbalah (un album accueilli tièdement à sa sortie), bien qu’ils s’insèrent parfaitement dans le show du groupe. Mention spéciale pour le solo de batterie (et percussions) qui évite l’écueil de l’ennui comme c’est souvent le cas avec ce genre d’exercice. Les musiciens retranscrivent avec brio les arrangements souvent complexes de la musique de THERION, accompagnés en cela par une bonne production mais la grande question reste : comment sont faites les orchestrations ou les nappes de clavier ? Aucun crédit sur le livret, aucun musicien visible sur scène pour cette partie musicale. Samples ? Oh, my god ! Passons vite au point suivant de cette chronique et laissons chacun penser ce qu’il veut sur le sujet...

Les 4 chanteurs ici présents s’en sortent avec les honneurs, recréant avec un talent certain les parties vocales de chansons enregistrées à l’origine, pour certaines, avec un nombre impressionnant de participants. Seuls les vocaux graves de Snowy Shaw ne sonnent pas aussi bien qu’en studio, frisant même parfois le grand guignol (bien que le personnage aime à cultiver ce côté outrancier). Les joutes vocales de Lori Lewis et Katarina Lilja sont de toute beauté, accompagnées d’un Mats Levén bien affûté. À signaler tout de même que Shaw est bluffant lors du final « Thor (The Powerhead) », la fameuse reprise de MANOWAR.

Le décor de scène est en accord avec la musique du combo : sombre et gothico-baroque. Des bougies perchées sur deux chandeliers viennent doucement éclairer une scène tour à tour plongée dans des ténèbres rougeoyantes ou inondée d’éclats jaunes. Le tout est bien filmé grâce à plusieurs caméras, disposées sur scène ou dans la salle, permettant de voir chaque musicien, y compris le batteur Peter Karlsson.

Mais, attention, chers fidèles, voici le moment qui fâche, l’instant où tout bascule (comment ça, j’exagère ?) : le mixage du son pour le DVD ! Même s’il s’avère extrêmement correct sur les CDs, comment peut-on décemment proposer de nos jours un DVD d’un tel contenu musical avec un simple PCM Stereo ? Est-ce une blague ? Car c’est de ça dont il s’agit : aucun mixage 5.1 ! Pourtant, la basse vrombit et on l’entend distinctement mais on aurait aimé entendre également les orchestrations amplifiées par la magie du home cinéma.

Pourquoi un tel oubli ? Une économie douteuse de la maison de disques ? Peu importe, le résultat est frustrant. Pas pour les CDs, non bien sûr, mais pour le DVD, c’est la (petite) déception. D’autant qu’aucun supplément digne de ce nom n’est présent, mis à part un extrait d’un concert filmé au pays des tulipes.

Sombres adorateurs de la bête THERION, sachez néanmoins profiter de ce show tout à fait recommandable, très correct (si on met de côté ces détails qui fâchent) et qui met fin à un chapitre de la carrière de ce grand groupe. Vivement le suivant !