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METAL SYMPHONIQUE  |  STUDIO

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THERION - Les Fleurs Du Mal (2012)
Par WËN le 6 Avril 2013          Consultée 9806 fois

Afin que cette chronique débute sur les meilleures bases possibles, autant être transparent sur ce premier point : j'ai aimé THERION. Alors, je n'ai pas aimé tout THERION, ses débuts Death Metal un peu bas-du-front ne me touchant guère ; mais j'ai su apprécier la musique du combo à partir du moment où Christofer Johnsson, tête pensante de la bête, su y distiller de manière intelligente des éléments symphoniques ("Lepaca Kliffoth" - 1995) et poursuivre l'expérience jusqu'à poser, l'année suivante avec "Theli", la pierre angulaire d'un genre en devenir : le Metal Atmo et Symphonique. Au rythme effréné d'une sortie par an (EP et albums confondus) THERION nous livre donc une petite série de classiques tantôt atmosphériques et sombres, tantôt grandiloquents voire foncièrement Heavy dans l'âme, concluant cette seconde partie de carrière en apothéose avec le majestueux (c'est mon avis et je le respecte) "Secret Of The Runes" (2001). La suite se voudra moins symphonique, le groupe préférant se recentrer sur des morceaux plus directs, aux structures plus conventionnelles, mais tout en continuant à distribuer quelques baffes au passage (cf. le titre "Adulruna Rediviva"). A ce moment, le père Johnsson est entouré du meilleur line-up qu'il n'ait jamais eu (chanteurs comme musiciens), cependant pour d'obscures raisons, le guitariste décide subitement de se séparer de tout ce petit monde et de repartir de zéro (seuls les dilettantes Snowy Shaw et Lori Lewis (chant) resteront dans les parages). La suite malheureusement nous la connaissons, un "Sitra Ahra" (2010) au raz des pâquerettes, ne brillant qu'en de trop rares occasions.

C'est donc un THERION ayant tout à prouver qui nous revient en cette fin d'année 2012, avec ce nouvel album au titre plus qu'intriguant. Ayant quelque peu délaissé l'actualité de la bête, c'est un peu sur le tas que j'ai pris connaissance de la parution de cette production, et c'est un peu sur le cul que je suis resté en découvrant son contenu puisque Johnsson et ses potes nous proposent ici un disque uniquement composé de relectures de classiques français des années 60-70, les fameuses 'yéyé' (votre serviteur n'en est d'ailleurs pas un amateur invétéré) dont le guitariste déclame être fan depuis belle lurette. À la bonne heure ! Reste à savoir si l'aptitude du groupe à concocter de belles reprises, couplée à cette matière première plutôt inhabituelle à modeler (avouons-le), saura raviver la flamme des fans les plus exigeants et satisfaire ceux conquis par son récent virage musical. En tout cas du côté de Nuclear Blast, label historique de la formation, le pari étant jugé trop osé, Johnsson se voit donc refuser toute aide pécuniaire et se retrouve ainsi seul face à ses chimères, devant démarcher ici et là afin de soulever les fonds nécessaires à l'enregistrement de ces "Fleurs Du Mal". Autant vous dire que le bonhomme n'avait donc pas le droit à l'erreur.

Fait rassurant, le disque démarre en trombe par une relecture, certes assez évidente, mais néanmoins efficace de "Poupée De Cire, Poupée De Son" dont l'effet demeure semblable à celui provoqué par un "Summernight City" en son temps. La patte THERION est belle et bien là : une intro grandiloquente, une excellente soprano, un riffing énergique digne d'un "Son Of The Sun", puis le break de rigueur ou cordes, chœurs et carillons viennent faire cause commune avant que la machine ne s'emballe à nouveau. Les Suédois ont le mérite de nous mettre d'emblée dans le bain. De la même manière les reprises suivantes seront également plutôt convaincantes : "Une Fleur Dans Le Cœur", parvient ainsi à mêler de fort belle manière, en une voluptueuse valse, les instrumentations qu'a su nous proposer le groupe dernièrement avec une touche 'Montmartre carte-postale', quelque peu naïve, mais non dénuée de charme, tandis que "Initials B.B." l'hommage obligé à Gainsbourg, plus Rock, comptera au rang des bonnes surprises du disque.

Mais malgré cette bonne impression laissée par ce trio de premiers titres, force est de constater, au fil de l'enchaînement des suivants que les talents d'équilibriste de Johnsson demeurent limités et que malheureusement, le fragile édifice, encore stable pour le moment, va petit à petit s'affaisser sur lui-même. La faute à de mauvaises réinterprétations ? Certainement pas. La principale fautive n'est autre que Mme Monotonie qui, avec son amie Manquedepeps, vient vite s'installer et tenter de perdre l'auditeur dans une partie de colin-maillard avec Morphée. En effet, la plupart des reprises s'avèrent relativement bien adaptées, mais demeurent trop convenues, tout au plus polies et sans réelle envergure à de rares exceptions près si bien que cette curiosité titillée des premiers instants s'estompe bien vite, laissant l'auditeur dans une semi-léthargie de laquelle il ne sera tiré qu'en de trop rares occasions.

Même si quelques passages de certaines chansons parviennent encore à tirer leur épingle du jeu en proposant quelques petites adaptations et variations personnelles comme ce final symphonique sur "Mon Amour, Mon Ami", les petites leads de guitare schizophrènes sur "Polichinelle", l'accélération rythmique en crescendo de "La Maritza", le clavecin doux-dingue de "Sœur Angélique" ou encore l'accordéon surprise et le chant masculin plus posé de "Wahala Manitou" et ce "Je N'ai Besoin Que De Tendresse" Heavy à souhait; passé ces dernières nous plongeons tête la première dans un océan de platitude ("Dis-Moi Poupée", "Lilith", "J'ai Le Mal De Toi") tout juste sillonné de quelques rides. Ainsi, "En Alabama" et "Sœur Angélique", par exemple, sont sympathiques (voire même nostalgique pour la seconde) mais définitivement trop longuettes (un comble pour des titres ne dépassant que rarement les trois minutes) et kitchouille. Deux points qui ne jouent pas en la faveur du groupe, alors que THERION a su nous pondre par le passé quelques pépites de premier choix, longues et prenantes. Ceci-dit, en piochant dans le répertoire frenchy du siècle dernier, nous pouvions nous attendre à ce revirement plus théâtral dans l'approche et cette tournure occulte… occultée, justement. Cerise sur le gâteau (façon Ikea), certains refrains se révèlent vraiment 'too-much' à la longue et ayant la fâcheuse manie de rester ancrés dans la tête, la mélodie initiale fait vite place à la lourdeur.

Vis-à-vis de ce ressenti, très personnel nous l'avouons, le travail d'interprétation étant avant tout une question de goûts et les critères de qualité d'une reprise n'étant pas universels, nous nous devons d'ajouter qu'un autre point est venu nous titiller les oreilles désagréablement et ce, malheureusement plus d'une fois. Il s'agit du chant du sieur Thomas Vikström (ex-CANDLEMASS), qui n'est pas un mauvais chanteur, loin s'en faut… Mais qu'est-ce qu'il nous fait là ? À plusieurs reprises ses interventions sont crispantes et plutôt déplacées quant au contexte ("Dis-Moi Poupée", "En Alabama", "Une Fleur Dans Le Cœur"). Et Snowy Shaw (NOTRE DAME, Ex-DREAM EVIL, Ex-MERCYFUL FATE, et-cætera) ? Le bonhomme est totalement transparent ici, ne faisant que de la figuration, ce qui reste dommage étant donné ses talents vocaux. Heureusement, il nous reste une Lori Lewis (AESMA DAEVA), impériale et majestueuse, qui officialisant enfin son statut de membre à part entière, signe ici une performance éblouissante, prouvant à qui en doutait encore, sa place amplement méritée au sein du cercle très fermé des excellentes chanteuses actuelles.

Voila donc arrivé le moment si délicat de la notation. Car si THERION ressort de cet exercice original et périlleux avec une œuvre honnête, un peu maladroite par moments mais pas catastrophique, nous sommes à des lieues de ce qu'il a pu et su nous proposer par le passé. Le groupe a voulu poursuivre sur sa lancée et nous ne saurons l'en blâmer, ni ne tenir pour seul fautif ce changement de direction artistique. Mais le souci, car souci il y a (autre que les points abordés précédemment), concerne la qualité intrinsèque de cet album : après en avoir fait quelques-fois le tour, y reviendrons-nous souvent ? Pour ma part, je ne pense pas. Et à la question de savoir si le groupe n'a pas eu les yeux plus gros que le ventre et y aurait gagné à concentrer ses vraies bonnes idées en un EP (5-6 titres) au lieu de les éparpiller sur un album entier à l'intérêt limité ? Là, oui, je le pense.

Heureusement, il nous reste toujours des prestations scéniques d'excellente qualité.

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- Christofer Johnsson (guitare)
- Thomas Vikström (chant, flûte)
- Lori Lewis (chant)
- Christian Vidal (guitare)
- Nalle Påhlsson (basse)
- Johan Koleberg (batterie)


1. Poupée De Cire, Poupée De Son (france Gall)
2. Une Fleur Dans Le Cœur (victoire Scott)
3. Initials B.b. (serge Gainsbourg)
4. Mon Amour, Mon Ami (marie Laforêt)
5. Polichinelle (france Gall)
6. La Maritza (sylvie Vartan)
7. Sœur Angélique (annie Philippe)
8. Dis-moi Poupée (isabelle)
9. Lilith (léonie Lousseau)
10. En Alabama (léonie Lousseau)
11. Wahala Manitou (léonie Lousseau)
12. Je N'ai Besoin Que De Tendresse (claire Dixon)
13. La Licorne D'or (victoire Scott)
14. J'ai Le Mal De Toi (betty Mars)
15. Poupée De Cire, Poupée De Son - Reprise (france Ga
16. Les Sucettes - Bonus (france Gall)



             



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