Eh ben ! J’en connais quelque uns, moi, des afficionados de MARDUK qui ont du faire appel à des spécialistes pour les décoincer du plafond dans lequel ils s’étaient encastrés, suite à la découverte de la pochette d’« Obedience »... Fichtre, que voilà un bien curieux canasson ! MARDUK vient de nous balancer en pleine figure le schtroumpfement brutal et expéditif « Panzer Division Marduk », et maintenant voilà-t’y pas qu’il se la joue Willy Boy le petit cow-boy transporté au pays des fouets et du latex ! Ah, elle semble bien loin l’odeur du fer et du sang empestant les champs de bataille dévastés par la division suédoise ! Visiblement las de balancer des obus un peu partout autour de lui, MARDUK se rentre au Home Sweet Home et y retrouve sa douce promise, la coquine recevant son partenaire dans de bien étranges positions ! Petit coup de projecteur sur un intermède brûlant en forme de EP, en attendant d’entrouvrir les caveaux morbides de la danse macabre...

Jusqu’à présent féru de sujets renvoyant à la sacro-sainte trilogie Black « sang-guerre-mort » (illustrée d’ailleurs dans la discographie du groupe par le tryptique « Nightwing » - « Panzer Division Marduk » - « La Grande Danse Macabre »), MARDUK s’essayait donc le temps d’un EP à se glisser dans les vêtements du sexe extrême et du sado-masochisme ! Une mini révolution conceptuelle pour ce groupe de Black, illustrée par deux compositions jusque là inédites, assorties d’une reprise du "Into The Crypt Of Rays" des cultissimes CELTIC FROST.

Musicalement, « Obedience » nous introduit à un MARDUK plus mesuré que sur sa dernière déflagration alors en date : Alternant parties ultra rapides et breaks plus lourds et menaçants, le morceau "Obedience" jouit (c’est le cas de le dire, ouarf) d’une production énorme et de riffs très puissants qui rappellent le caractère profondément guerrier de MARDUK. Un aspect que nous retrouvons aussi sur "Funeral Bitch", excellent morceau mid-tempo emphatique appelé à figurer en bonne place sur « La Grande Danse Macabre », alors terrée dans les starting blocks. Deux titres de qualité, avec juste ce qu’il faut de surprise (un court solo et un léger chorus bien senti sur "Obedience", les mélodies lancinantes de "Funeral Bitch") pour interpeller le fan. Mais l’auditeur occasionnel, lui, trouvera peut-être que MARDUK ne produit guère d’efforts pour renouveller sa musique autrement qu’en esquissant un pas de côté, tantôt vers la brutalité (« Panzer Division Marduk »), tantôt vers une facette plus Heavy de sa musique (comme sur ce Ep) ébauchée sur « Heaven Shall Burn » et approfondie sur le terrible « Nightwing ». Et il n’aura pas forcément tort, avouons-le.

Avec donc un seul inédit véritable, une petite tuerie jouant les signes avant coureurs du parfum moins violent de l’album à venir, et une reprise très respectueuse, le son monstrueux et les vocaux rageurs de Legion en plus, il est certain que ce EP peinera à trouver un public autre que celui des fans. Mais il n’en reste pas moins de qualité, et prouve que MARDUK peut évoluer dans le cadre (il est vrai très étriqué) de son cadre d’expression. Concentrez vous donc plutôt sur « La Grande Danse Macabre », qui lui fera preuve de davantage d’audaces.