Aujourd’hui, dans notre nouveau volet de notre émission culinaire « La cuisine des démons qui se terrent », je vous propose la recette du « Life Is Peachy » du jeune chef américain KORN. A vos fourneaux !

Pour bien commencer, il vous faudra pétrir la pâte d’un Metal assez gras mais pas trop… rajoutez ensuite une bonne louche de sept cordes accordées bas, assez nonchalantes, et relevez le tout de quelques larmes de trucages et bidouillages de guitares. Pour donner un peu de souplesse à la préparation, remuez-le tout en vous attachant à produire un bon groove, en jouant du contraste heureux entre guitares ronronnantes, basse cliquettante ultra présente, et tricotage de batterie symbiotique, très martelé et souligné du fouet de la caisse claire piccolo. Creusez enfin des vacuoles pour accueillir la crème insaisissable d’une voix caméléon ("Twist"), à la fois pleine de caractère, vibrante de rage ("Good God", "Ass Itch"...) et terriblement fragile ("Kill You"). Laissez reposer.

Profitez de ce temps pour faire chauffer votre four en le réglant sur « deuxième livraison fort attendue », tenez à l’écart les gourmands qui n’en peuvent plus de goûter à ce nouveau plat très américain qui, dans sa première mouture datée de deux ans, avait surpris les palais de bien des gens en ressuscitant, à sa façon très crue, le mariage Metal – Hip Hop déjà tenté par FAITH NO MORE ("Epic")... Le four est chaud ? Glissez-y votre préparation, et laissez cuire quarante huit minutes et dix secondes exactement. Prévenez les fans que cette oeuvre s’épanouira sur la langue d’auditeurs qui ne manqueront pas de reconnaître la patte KORN, mais que des ornementations de cornemuse ("Lowrider"), des bruitages et autres samples plus nombreux qu’auparavant ("Porno Creep", "Mr. Rogers", "Swallow", la reprise pas terrible d'ICE CUBE "Wicked", qui permet d'apprécier la contribution de Chino Moreno des DEFTONES) et une consistance globale un peu moins pesante la rendront peut-être un peu plus digeste, même si moins authentique...

Dring ! Ca y est, le four peut restituer son petit protégé. Il ne vous reste plus qu’à le décorer des éléments évoqués quelques lignes ci-dessus. Vérifiez également la texture de ces "Chi", "No Place To Hide", "Kill You", "A.D.I.D.A.S." et autres "Ass Itch" qui feront le bonheur des gourmands de l’école Néo Metal, avec leur saveur subtilement désespérée, étendue sur un lit de violence sourde. Le goût de « Life Is Peachy » vous destabilise ? Il est vrai que les ingrédients utilisés sont peu communs dans le metal, et il est bien difficile d’habituer les papilles à de nouvelles sensations. Mais le gourmet est toujours à l’affût de nouveautés. Alors, quitte à détester, donnez-vous le temps de quelques dégustations. La poubelle n’est jamais loin de toute façon, donc vous ne prenez qu’un risque ici : Celui de cultiver votre palais.

Je vous laisse donc vous faire votre propre opinion (en tout cas, moi j'ai aimé même si je regrette un peu la folie inaltérable de la recette initiale, d'où mon appréciation), et je vous dis à bientôt pour une nouvelle recette ! Bon appétit !