Il était une fois, dans un pays bien difficile appelé Brésil, un petit garçon nommé Max Cavalera. Ce gentil bonhomme était bien embêté car, dès son plus jeune âge, il dut faire face aux moqueries de ses camarades turbulents : « Ouh, Max qu’avale le rat » ! « Ahahah, eh Max, cavale, rat, cavale ! ». Aussi, déjà tout petit le jeune Max se mettait très souvent en colère et nourrissait de bien vilaines pensées à l’encontre de ses camarades. Alors, pour pouvoir exprimer tout ça, il décida de monter un groupe avec son frère Igor et deux copains, pour dire toute sa colère : « Le monde entendra bientôt parler de moi » affirmait-il comme une bravade ! Et comme il aimait bien MOTÖRHEAD et la chanson « Dancing On Your Grave », il appela son groupe SEPULTURA.

Bien des années plus tard, le petit Max est devenu grand et son groupe est parvenu à se glisser aux côtés des formations de Metal les plus respectées de la planète. C’est le moment que choisirent ses trois camarades de SEPULTURA pour se séparer de lui. Difficile aujourd’hui encore d’expliquer ce qui s’était alors vraiment passé, mais le résultat était le même : Max se sentait bien seul et abandonné. Blessé. Meurtri. Mais Max est avant tout un musicien, et il voulait continuer son chemin, même sans SEPULTURA. Alors il décida de monter un nouveau groupe. Et comme toute cette situation le saoulait mais qu’il était malgré tout très content de pouvoir voler de ses propres ailes, il appela son groupe SOULFLY, et se dépêcha d’enregistrer un premier disque. Max n’était plus seul, il avait plein de gens qui aimaient sa musique. Tout content, il voulut enregistrer un deuxième disque. « Primitive » il l’appellerait.

En 2000, le disque est fini, et Max est fier ! « Primitive », c’est cinquante minutes d’une musique à base de riffs épais et tout ronds, et de rythmiques très « Jump, muthafucka ! », avec tout pleins de percussions et d’instruments traditionnels (le beau mais un peu trop long instrumental « Soulfly II » tout particulièrement)... et cette voix enragée et pas du tout contente ! Toujours un grand énervé, ce Maxounet, c’est vrai ! Mais il n’était plus cet enfant accablé de railleries et de pauvreté ! Et il nous montrait en plus son inclination aux expérimentations et arrangements riches et subtils : le tribal et excellent « Multimbo », la foire à flows et beats programmés du presque hip-hop « In Memory Of… », sans compter la floraison de petits détails perceptibles après plusieurs écoutes ! Et on découvrait aussi qu’il aimait bien, finalement, glisser quelques passages mélodiques et planants dans sa musique (les breaks de « Bring It » et « Jumpdafuckup » qui nous plongent en pleine jungle au crépuscule, le refrain de « Flyhigh » assuré par la talentueuse Asha Rabouin, une chanteuse de Gospel).

De plus, comme Max se sentait un peu tout seul malgré tout, et qu’il avait besoin de se savoir entouré depuis le départ de ses camarades de SEPULTURA qui poursuivaient leur route de leur côté avec un nouveau chanteur, il décida d’inviter tout plein de copains : Corey Taylor des fripouilles masquées de SLIPKNOT sur un « Jumpdafuckup » qui porte bien son nom (même si le garçon y apparaissait en contre-emploi, sa voix se faisant douce), Chico Moreno (DEFTONES) sur « Pain », Sean Lennon sur « Son Song » - une bien étrange composition avec la voix geignarde du fils de John – et un autre camarade de souffrance sur « Terrorist » : le très remonté Tom Araya de SLAYER. Encore un gamin malmené par des camarades de classe stupides, ces vilains marmots y allant de leurs « Eh, l’Ara, y’a Tom » et autres fadaises idiotes qui avaient le don d’incommoder le brave Tom. Lui aussi forma ainsi un groupe de garnements qui avaient envie de tuer tout le monde ! C’est pourquoi ils l’appelèrent SLAYER ! Et l’association entre Max et Tom, ouhlala, c’était fait pour faire des dégâts !

Bref, avec son deuxième album de SOULFLY partagé entre titres typiques ("Back To The Primitive", "The Prophet", "Boom") et compositions plus osées (généralement, celles avec les invités), Max avait donc réussi à prouver à tous les vilains pas beaux qui l’avaient enterré… qu’il était bien vivant ! Bruyamment ! Et son « Primitive », s’il s’avançait parfois sur le terrain de jeu d’une autre bande de sales mômes difficiles (KORN), reste un beau témoignage d’un Jumping Power Metal bien fait et travaillé, truffé de percus et d'inspirations tribales, avec tous pleins d’invités aux bras chargés de cadeaux musicaux, et qui avaient bien aidé Max à réussir sa grande boum !

Voilà les enfants, l’histoire est finie pour ce soir. On racontera une autre histoire la prochaine fois. Et maintenant, un bisou à grand papa Julien... et un gros dodo !