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DREAM THEATER - Train Of Thought (2003)
Par GUILLAUME le 1er Décembre 2003          Consultée 29229 fois

Prés de deux ans après Six Degrees Of Inner Turbulence, DREAM THEATER revient avec un nouvel album gavé d’énergie. Le défi des américains est de réaliser un album de heavy metal « direct » c'est-à-dire concis, galvanisant, avec un morceau instrumental et peu de titres, finalement un album comparable aux meilleurs exemples du genre (Number Of The Beast d’Iron MAIDEN et Master Of Puppets de METALLICA pour n’en citer que deux) et sans renier le style de DREAM THEATER. Les américains ont parfaitement rempli ce contrat puisque Train Of Thought propose sept morceaux inspirés, d’une puissance inhabituelle et en à peine 68 minutes. De quoi contraster avec la centaine de minutes essoufflées du précédent album. DREAM THEATER ressort ses meilleures recettes et signe cinq morceaux oscillant entre la dizaine de minutes et le quart d’heure. La prise de risque est néanmoins indéniable : la place est faite à un métal gras aux riffs lourds simplistes et entêtants. Mais ce qui rend l’écoute de l’album encore plus étonnante, c’est que le groupe réussit à conserver des mélodies discrètes (toutefois immanquables) et des compositions alambiquées rendant instantanément à l’initié ses points de repères.

La particularité de cet album est son inspiration : l’influence de METALLICA est incontournable. Autant dire que DREAM THEATER emmène l’aficionado des californiens en territoire conquis. Impossible de manquer les différents clins d’œil volontaires ou non. Au jeu des ressemblances, Train Of Thought est un puit sans fin. En vrac : le thème de Blackened dans This Dying Soul, le riff de Devil’s Dance dans As I Am, l’intro à la Sanitarium dans Endless Sacrifice, Damage Inc. dans Honor Thy Father… Les albums Master Of Puppets, And Justice For All et Black Album ont fourni cette inspiration. Sur un plan technique, DREAM THEATER conserve toutefois son style et éparpille quelques démonstrations incroyables au milieu d’une rafale de riffs incisifs. Ainsi la seconde moitié de Honor Thy Father est une démonstration de batterie et de clavier. Endless Sacrifice rappelle par sa complexité les passages les plus barrés de Metropolis Part. I ou Dance Of Eternity. Rudess s’offre la fantaisie d’insérer un aparté musical orienté « cartoon ». Avec Stream Of Consciousness, le groupe signe l’instrumental de l’album. Si l’intro est simple, le clavier de Rudess est rapidement à l’honneur. En revanche, peu de fioriture pour As I Am. Son riff est un régal et ses ruptures rythmiques grisantes. This Dying Soul est mené de bout en bout à un tempo infernal et est conclu par des solo de guitare et clavier inconcevables. Sur un plan mélodique, Vacant est probablement le morceau le plus sombre et le plus mélancolique. Son accompagnement au violoncelle (pris en main par le seul invité) et au piano intervient aux deux tiers de l’album. Ce titre n’est qu’un court intermède bienvenu avant la reprise des hostilités. Malgré sa complexité, Endless Sacrifice est certainement le titre le plus mélodique et le plus varié de l’album. La diversité du chant de James Labrie est parfaitement mise en valeur ! Enfin, In The Name Of God est le morceau de bravoure de cet album. Le chant de Labrie est poussé dans ces derniers retranchements. Puis la basse de Myung rejoint le clavier de Rudess pour un duo étourdissant. Sur fond de piano et de cloches, le final à la batterie rappelle la conclusion palpitante de Finally Free.

Lorsque le chemin de la pensée rejoint le théâtre des rêves, cela donne un album imprévisible, empreint de poigne et d’agressivité mais aussi envahi de mélodies bien pensées et parfois complexes. Malgré des titres puisant leur inspiration dans le champ lexical de la religion, seul In The Name Of God évoque le fanatisme religieux relatif au 11 septembre 2001. On peut simplement regretter de la part des new-yorkais un manque d’objectivité et l’absence d’examen de conscience. Le livret est minimaliste : il propose les paroles des morceaux et quelques clichés d’un photographe que Portnoy affectionne particulièrement (Jerry Uelsmann). A noter la présence de deux vidéos disponibles en streaming sur Internet (haut débit indispensable) présentant deux sessions de l’élaboration de Train Of Thought. Finalement, l’expérimentation est minimale sur cet album. Ainsi son ancrage résolument heavy incite à l’écouter au premier degré. Mais pour DREAM THEATER, l’absence d’expérimentation n’est-elle pas déjà une forme d’expérimentation ? Produit par Portnoy et Petrucci et mixé par Kevin Shirley (Iron MAIDEN), la comparaison avec METALLICA s’arrête donc là, Portnoy n’ayant pas encore troqué sa batterie contre une gouttière. Ironiquement, le batteur déclare que Train Of Thought est l’album que METALLICA aurait du faire. Disons simplement que cet album est le chaînon manquant entre ce que METALLICA et DREAM THEATER font de mieux.

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   (3 chroniques)



- Mike Portnoy (batterie)
- John Petrucci (guitare)
- James Labrie (chant)
- John Myung (basse)
- Jordan Rudess (claviers)


1. As I Am
2. This Dying Soul
3. Endles Sacrifice
4. Honor Thy Father
5. Vacant
6. Stream Of Consciousness
7. In The Name Of God



             



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