Petit retour avec ce mini Live de THRESHOLD "Livedelica". Live originellement sorti en 1995 et enregistré lors d’une tournée européenne de plusieurs dates qui suivirent la sortie du très bon "Psychadelicatessen" (1994) second effort studio des Anglais. THRESHOLD ayant le vent en poupe (ses deux premiers opus sont franchement encourageants en matière de Hard/Metal Prog’) partage alors l’affiche avec des groupes comme MAGNUM, PSYCHOTIC WALTZ et DREAM THEATER. Rien que cela !

À noter que ce "Livedelica" est aussi disponible sur la version double CD du Remaster de 2001 de l’album "Psychadelicatessen". Possédant les deux versions, je dois reconnaître que personnellement, je n’y ai pas vu tant d’améliorations que cela niveau son, le live ayant déjà à l’époque de sa sortie originelle une belle qualité sonore, même s’il y manque un poil de basse et d’impact notamment sur la batterie qui frappe un peu à plat parfois. Pour le reste, la production est d’un bon niveau, le son est clair et met particulièrement bien en avant les claviers de Richard West, les guitares de Karl Groom et celles de Nick Midson, et les vocalises probantes de Glynn Morgan qui montre là un beau potentiel vocal (déjà entrevu sur "Psychadelicatessen").

Bien évidemment ce "Livedelica" n’atteint pas la qualité et l’intensité de Lives de THRESHOLD tels que "Critical Energy" (2004) ou encore "European Journey" plus récent celui-là (2015) mais sincèrement il reste très correct même si on aurait aimé un live non entrecoupé (ici on a des coupures entre les morceaux… Personnellement, j’ai un peu de mal avec cela). On aurait également souhaité quelques passages davantage plus marquants, ainsi que quelques moments de communion plus conséquents avec le public qu’on perçoit davantage en début et fin de morceaux (hormis sur "Paradox" où il se manifeste sensiblement). Pour le reste c’est assez succinct et il faut réellement tendre l’oreille pour l’entendre.

"Livedelica" d’une durée de quarante minutes, nous permet en tout cas de découvrir (ou de redécouvrir) les premiers pas de THRESHOLD avec pas moins de cinq titres (c’est un peu juste niveau quantité, il faut bien le reconnaître) dont trois tirés de "Wounded Land" ("Sanity’s End", "Paradox" et "Surface To Air"), album marquant les débuts très prometteurs de THRESHOLD, et deux issus de "Psychadelicatessen" ("A Tension Of Souls", "Innocent"). "Livedelica" c’est également l’opportunité d’entendre en Live, le batteur Jay Micciche (futur MINDFEED) qui aura finalement fait une très courte apparition (!) chez THRESHOLD ainsi que Glynn Morgan (que l’on reverra sur l’album récent de 2017 "Legends Of The Shires" !), vocaliste qui a succédé sur "Psychadelicatessen" à l’excellent et atypique Damian Wilson qu’on ne présente plus compte tenu de son CV long comme le bras (LANDMARQ, futur AYREON, STAR ONE, MAIDEN UNITED, HEADSPACE…). Un Damian Wilson qui reviendra d’ailleurs chez THRESHOLD en 1997 sur l’album assez controversé qu'est "Extinct Instinct".

Coté compositions, on regrettera tout de même, outre la durée un peu courte du live, l’absence de titres tels que "Sunseeker", "Devoted" ou bien encore de "Siege Of Baghdad", figurant parmi les meilleurs de mon point de vue de "Wounded Land" et de "Psychadelicatessen" et qui avaient largement leur place pour figurer sur le premier live du groupe. On se contentera néanmoins des cinq titres présents, tous de qualité c’est à souligner, à commencer par l’excellent "Innocent" bien évidemment, morceau le plus court du live (même pas cinq minutes !) mais un futur classique du groupe mine de rien avec ses tonalités sombres et ses harmonies de toute beauté. Glynn y délivre là et en tout cas une belle prestation.
Bien évidemment, "A Tension Of Souls", morceau ultra solide du long de ses sept minutes et quelques, marque également les esprits que ce soit dans sa construction, plus complexe qu’il n’y parait, dans ses changements de rythmes, avec ses riffs puissants, ses avalanches de claviers quand ces derniers ne sont pas utilisés pour créer une ambiance. Du bel ouvrage mine de rien et typique de ce que nous propose THRESHOLD même encore aujourd’hui et dans un style toujours aussi reconnaissable.

Mais c’est bien "Sanity’s End" qui me fait la plus grosse impression sur ce Live avec ses onze minutes durant lesquelles THRESHOLD montre une nouvelle fois tout son savoir-faire. Composition aventureuse et alambiquée, changements de rythmes là encore, entre passages presque atmosphériques, moments plus musclés et nerveux et sur lesquels l’ami Glynn se montre décidément à son avantage entre vocalises douces et chant plus agressif et légèrement éraillé à la manière d’un Jon Oliva (SAVATAGE), parvenant presque du même coup à nous faire oublier l’ami Damian Wilson qui occupait le micro sur cette composition de la première heure (titre figurant sur "Wounded Land"). "Surface To Air" ainsi que "Paradox" (qui a pris un petit coup de vieux je trouve, mais quel titre énergique malgré tout !) incontestablement plus légers avec leurs passages presque Pop (parce que c'est aussi cela THRESHOLD !), le chant de Glynn incontestablement et étonnamment plus lisse (sur "Paradox" notamment), leurs claviers fortement FMisants et les quelques guitares quelque peu PINK FLOYDiennes (sur "Surface To Air") complètent brillamment ce "Livedelica".

"Livedelica" constitue donc une bonne représentation des débuts de THRESHOLD, idéal pour celles et ceux qui voudraient découvrir les premiers pas du groupe anglais. Il pourrait être une porte d’entrée intéressante en tout cas. De mon côté, je trouve que c’est un live correct, sans plus, même s'il a le mérite de mettre en avant les solides et premières compositions du groupe, transcendées par de très bons instrumentistes (entre le jeu de Karl Groom et la créativité d’un Richard West, c’est un régal !), et par un vocaliste de qualité (Glynn n’est pourtant pas le plus reconnu des vocalistes de THRESHOLD, entre Damian Wilson et Andrew 'mac' Mcdermott -RIP- mais ce n’est pas un hasard non plus si THRESHOLD l’a repris récemment dans le groupe).

"Livedelica" reste un peu court tout de même comme je l’ai précisé plus haut, manque assurément de folie et ne marque pas forcément plus que cela les esprits. Préférez quand même les Lives plus récents du groupe type "Critical Energy" ou "European Journey".

Morceaux préférés : "Sanity’s End".