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METAL INDUS  |  STUDIO

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- Style : Nine Inch Nails, Infection Code, Joy Division
- Membre : Zoetrope, Gwar
 

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MINISTRY - Amerikkkant (2018)
Par DARK BEAGLE le 19 Mars 2018          Consultée 4889 fois

J’imagine que vous vous êtes déjà tous réveillés avec un goût comparable à une vieille bière éventée en bouche, avec très peu de souvenirs quant à la soirée passée. C’est tout juste si vous êtes rassurés de voir que vous portez encore vos vêtements parce que vous êtes incapable de vous souvenir si le vomi qui macule vos chaussures est le vôtre ou celui d’un des invités de la soirée. Et cette sensation est d’autant plus déstabilisante quand vous vous retrouvez dans un endroit que vous ne reconnaissez pas. Bref, le genre de gueule de bois qui fait jurer de ne plus jamais boire la moindre goutte d’alcool jusqu’au jugement dernier, quand le moindre son, même infime comme le pet discret d’une mouche, prend des allures cacophoniques. Al Jourgensen s’en est pris une comme ça un certain 8 novembre 2016.

Et pourtant, niveau lendemain de cuite, il s’y connaît. Il a dû en vivre des apocalyptiques, où l’expression « se rendre minable » n’a même plus de sens. Mais l’impensable pour lui s’est produit, Donald Trump a été élu quarante-cinquième président des États-Unis. De quoi attiser la colère de Jourgensen, qui avait déjà délivré une trilogie anti-Bush Jr et qui ne peut pas, ne veut pas comprendre que ses con(de)patriotes (1) aient pu récidiver huit ans plus tard. À ce moment-là, il officie au sein de SURGICAL METH MACHINE, projet qu’il avait monté après le décès du guitariste Mike Scaccia, qui avait mis fin à l’existence de l’entité MINISTRY, une fin qui aurait dû rester définitive normalement. Une formation plus fun, plus « Rock’N’Roll » que MINISTRY, avec laquelle il ne se sentait pas forcément de hurler sa rage. Rage envers Trump, ainsi qu’envers les Américains.

Forcément, après les douloureux épisodes "Relapse" et "From Beer To Eternity", pour des raisons différentes (le premier nommé est un des plus faibles albums du groupe, le second est marqué par le décès de Mike Scaccia et offrait un final plus qu’acceptable), revoir Jourgensen remonter une version inédite de MINISTRY, ça laisse un peu dubitatif. Nous sommes coincés entre une espèce de m’en-foutisme poli et un intérêt mitigé pour l’effort. Difficile de savoir à quelle sauce nous allons être mangés, mais la pochette ne laisse aucun doute quant au ressentiment de Jourgensen. La Statue de la Liberté se cache le visage de la main tandis que derrière elle New York est survolée par des avions militaires. Sa tablette de loi a été attaquée, d’où sa honte. Le verso nous montre cette même statue quitter son piédestal avec un doigt d’honneur pour l’Amérique. Et le titre de l’album, "Amerikkkant", il est suffisamment parlant, inutile de revenir dessus.

Aussi, nous nous attendons à nous en prendre plein la gueule d’entrée de jeu, à nous noyer dans un déluge de haine et de violence à l’état brut. Seulement Jourgensen va mener sa barque avec une intelligence rare. Il commence à placer ses pions en proposant une longue introduction où il ridiculise Trump en samplant certaines de ses citations, diminuant la vitesse pour accentuer un effet comique et dédaigneux à la fois, mais très vite cela devient surtout oppressant. D’ailleurs, nous nous rendons vite compte que ce disque l’est du début à la fin, aussi bien dans son développement que dans ses moments de violence qui sont bels et bien présents, mais qui ne sont pas l’argument principal ici. MINISTRY prend son temps, il se construit sur des bases parfois Hip-Hop mâtinées à l’Indus le plus froid possible, avec un chant erratique, qui joue sur l’ambivalence.

En effet, Al Jourgensen n’est pas le seul à tenir le micro. Si ici Arabian Prince, un producteur/rappeur américain est surtout là pour le scratching, le chant est partagé avec Burton C. Bell, que l’on ne présente plus. Tout est une question de contraste, et le relief créé est parfois étrange avec des îlots de rage qui explosent çà et là. Ou, au contraire, elle se montre plus immédiate, plus continue. Et si au début nous ne prêtons pas forcément attention à tout le travail accompli à ce niveau, parasité par les samples de Trump qui deviennent de plus en plus glaçants à mesure que l’album se déroule, jusqu’à sa fin implacable, le soin apporté au chant (ou hurlements selon les sensibilités de chacun) finit par sauter aux oreilles au fil des écoutes tant il contribue à nous plomber, à nous pousser dans nos derniers retranchements. Et il participe grandement à l’effet oppressant et claustrophobique de ce disque.

Et Jourgensen joue avec nous, vicelard, nous perdant dans des compositions lentes et finalement peu agressives jusqu’au final de "Victims Of A Clown" qui se charge d’un rythmique Thrash qui vient donner un coup de fouet et qui annonce clairement la déferlante qui s’en suit. Et là encore, le musicien a l’intelligence de ne pas user toutes ses cartouches tout de suite. On s’en prend plein la gueule avec "We’re Tired Of It", mais ce sont au final les mid-tempos qui vont faire le plus mal, comme ce "Wargasm" absolument angoissant, ou encore le title-track, avec ses cuivres qui n’ont rien de réconfortant. Quant à "Antifa", qui aura fait couler pas mal d’encre et de pixels quand il fut présenté, il s’intègre parfaitement au contexte de l’album avec ses réminiscences de "Psalm 69" à peine dissimulées. Il se fond dans la continuité des morceaux qui offrent au final une évolution des plus intéressantes jusqu’à une conclusion qui en dit long sur les pensées lugubres de Jourgensen vis-à-vis de son pays.

"Amerikkkant" est une jolie claque. Ou un bon coup de pied dans le paquet, tout dépend de notre point de vue. Si on pensait que Al Jourgensen était lessivé par ces années d’abus, de drames et de déceptions, il n’en est rien. Il a encore des choses à dire, avec une franchise crûe pour un album qui l’est nettement moins. "Amerikkkant" est un disque intelligent, qui ne se dévoile pas en une fois et qui demande des écoutes répétées pour en tirer toute sa substantifique moelle. Il est peut-être difficile de réellement rentrer dedans tant le début est étrange, presque rebutant dans la forme, écrasant par son côté menaçant, mais ce serait une erreur de s’arrêter à cela. Le meilleur reste à venir et l’opus ne baisse presque pas en qualité à mesure qu’il s’écoule, froid, sournois, parfois un peu cruel avec l’auditeur. En tout cas, je ne pensais pas que MINISTRY pouvait, en 2018, m’accrocher comme il l’a fait avec "Amerikkkant". Chapeau bas monsieur Jourgensen !


(1) Ceci est un jeu de mot totalement foireux, conservé sans aucune arrière-pensée politique

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   DARK BEAGLE

 
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- Al Jourgensen (chant, guitare, programmation, claviers, samples)
- Sin Quirin (guitare)
- Jason Christopher (basse)
- Tony Campos (basse)
- Roy Mayorga (batterie)
- John Bechdel (claviers)
- Michael Rozon (claviers, boîte à rythme)
- Liz Walton (samples)
- Lord Of The Cello (violon)
- Dj Swamp (scratching)
- Burton C Bell (chant)
- Arabian Prince (chant, scratching)


1. I Know Words...
2. Twilight Zone
3. Victims Of A Clown
4. Tv5/4 Chan
5. We're Tired Of It
6. Wargasm
7. Antifa
8. Game Over
9. Amerikkkant



             



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