TREPONEM PAL semble avoir vécu de nombreuses vies. Formé en 1986, le groupe va bientôt souffler ses quarante bougies, un joli score pour un groupe qui évolue dans le domaine du Metal Indus sans pour autant avoir plus de visibilité que cela en France par rapport à d’autres combos qui évoluent dans des genres moins marginaux. Il n’empêche, malgré un turn over au fil des ans et quelques retours aussi inespérés que judicieux (Laurent Bizet à la guitare) et des associations pour le moins étonnantes sur le papier mais qui fonctionnent quand on écoute le résultat (j’y reviendrai), les TREPO sont toujours présent. Si un nouvel album est annoncé pour cette année, ils offrent avec "Life Inside" un apéro de choix.

Doucement les gars. N’allez pas imaginer un apéritif dinatoire avec petites verrines, bouchées dans des cuillères en porcelaine et champagne. Non, avec les TREPO, nous sommes à la bonne franquette : ça sent la bière, le saucisson et la mousse de thon dans laquelle on trempe des gressins, histoire de dire que l’on est à peu près classe. "Life Inside", c’est un petit EP-de-reprises-mais-pas-que. Le même pas que résidant dans le title-track qui est une composition originale bien agressive qui annonce du bon pour l’album à venir. En fait, TREPONEM PAL utilise ici le même système que pour "Rocker’s Vibes", dans un format plus court : alterner covers et compo originale.

Si "Rocker’s Vibes" pouvait surprendre dans le choix de ses reprises (Tom WAITS, TEN YEARS AFTER…), "Life Inside" peut paraître plus conventionnel : SUICIDE via son "Ghost Rider" ou encore BAUHAUS avec "Double Dare". La particularité ? Il s’agit à chaque fois du titre d’ouverture du premier album pour chacun de ces deux groupes mythiques. La cover de "Cherchez le Garçon" de TAXI GIRL pourrait sembler incongrue, pourtant elle s’inscrit parfaitement dans le schéma musical de cet EP.

En effet, le groupe modernise ces compositions en les mâtinant d’Indus, tout en conservant leurs mélodies. Elles se reconnaissent immédiatement, mais elles se retrouvent triturées, gonflées, appesanties par des guitares lourdes et sonorités Indus, avec toujours ce groove typique du groupe, solide et musclé. "Cherchez le Garçon", où Béatrice Demi Mondaine vient une nouvelle fois épauler Marco Neves au micro, devient vite entêtante : les TREP ont su garder la ligne de clavier d’origine, mais ils ont complètement changé le reste, à grand renfort de boucles et de guitares agressives. Daniel Darc, là où il est, a dû être surpris, mais flatté par l’attention.

Si "Double Dare" devient vraiment épaisse, tous les contours ayant été musclés, "Ghost Rider" se veut plus classique et à ce titre, il ouvre idéalement l’EP, histoire de bien nous mettre en jambes. Neves arrive encore à nous en mettre plein la tête derrière le micro, sa prestation sur la reprise de BAUHAUS vaut bien son poids en camemberts. Il se dégage encore un truc, qu’on avait déjà pu apprécier sur "Screamers", disque d’un retour réussi, une motivation et une envie d’en découdre authentique.

Ce qui nous amène à "Life Inside", compo originale, qui se fond au milieu de ces quatre pistes sans le moindre souci. Nous retrouvons ici le groove du groupe, ces guitares bien présentes et toutes ces partitions Indus écrasantes. Et cela permet d’apprécier en outre la participation de l’ex-VULCAIN Marc Varez à la composition, qui a rejoint les TREPO il y a un an de cela. Il s’est parfaitement adapté à cet univers et cela augure le meilleur pour le futur prochain album.

Il convient aussi de noter l’énorme travail fait par le groupe autour de ces reprises. Le titre original, comme je l’ai dit, se fond à merveille dans l’ensemble. TREPONEM PAL est parvenu à tirer une ligne directrice des morceaux choisis et l’a accommodée à son propre travail afin qu’il ne dénote pas. Un joli petit tour de force de la part d’un groupe qui n’a plus grand-chose à prouver (hormis qu’il a toujours quelque chose à dire quarante ans après sa création).

Le bémol ? Un quart d’heure de musique, c’est court. Très court même ! Wën vous dirait que c’est une durée un peu juste pour un single de Funeral Doom, pour vous faire une idée (ou pas) du truc. Il n’empêche, il s’agit d’un quart d’heure de qualité, que l’on prend plaisir à écouter, et à relancer, histoire de le faire durer. Les TREPO peuvent donner l’impression de ne pas s’être fait chier sur ce coup, mais rien que pour l’équilibre offert, les partis pris et les choix parfois audacieux, ça vaut le coup de s’y attarder. En tout cas, cet apéro ouvre bien l’appétit pour déguster l’album à venir.