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INDUS  |  STUDIO

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1989 Pretty Hate Machine
1992 Broken
  Fixed
1994 The Downward Spiral
1995 Further Down The Spiral
1999 The Fragile
2000 Things Falling Apart
2005 With Teeth
2007 Year Zero
2008 Ghosts I-iv
  The Slip
2013 Hesitation Marks
2016 Not The Actual Events
2017 Add Violence
 

- Style : Godflesh, Marilyn Manson, Ministry, Two, Host, Sleep Token
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NINE INCH NAILS - The Downward Spiral (1994)
Par DARK BEAGLE le 9 Mai 2020          Consultée 3089 fois

Certains albums sont des sacs à pus. Ils dégagent une telle ignominie ou une ambiance tellement malsaine qu’ils marquent l’auditeur au fer rouge, un auditeur qui se sent sale après cela, souillé dans sa conscience et dans sa chair. Si nous, en tant qu’amateurs de musique, nous sentons mal quand un disque distille un venin propre à nous déranger, à provoquer une espèce de dégoût profond, alors quel est l’état d’esprit des musiciens au moment de l’enregistrement ? Est-ce que le suicide de Kurt Cobain était prévisible à l’écoute du torturé "In Utero" ? Ne nous mentons pas, nous ne le voyions pas avoir une carrière à la James Hetfield, à crapahuter les scènes passé la cinquantaine. Quand nos oreilles se posent sur "The Downward Spiral", un malaise s’installe très vite, au point de devenir subjuguant.

Derrière une pochette représentant ce qui semble être une tapisserie très défraîchie avec des fils électriques sortant d’un trou dans le mur se cache l’histoire d’un homme pris dans une spirale infernale, qui le tire immanquablement vers le bas. Trent Reznor nous dresse le bilan d’une folie ordinaire qui conduit le narrateur – la plupart des textes sont à la première personne. Un exutoire pour Reznor ? – jusqu’au suicide. Voilà encore un disque joyeux et plein d’entrain comme savent nous les pondre les groupes d’Indus. Un cheminement qui s’étale sur plus d’une heure et où la violence est aussi bien physique que psychologique.

Reznor avait commencé à travailler sur "The Downward Spiral" dès 1991. Il sortira l’EP "Broken" avant et laissera encore passer du temps avant de finaliser ce qui sera son œuvre la plus connue. Cet album est indissociable d’un lieu, qui commence par une adresse bien connue des amateurs de crimes sordides : 10050 Cielo Drive, Beverly Hills. Reznor en fait l’acquisition et transforme la maison en studio d’enregistrement, qu’il appellera le Pig. Il s’agit de la maison où a été assassinée Sharon Tate par la famille Manson (1), le mot « Pig » ayant été marqué avec du sang sur la porte. C’est dans cet endroit charmant que Reznor va donc s’enfermer pour donner vie à un album qui porte la sanie sur lui. Parce que "The Downward Spiral" est terriblement sulfureux, il ne laisse aucune chance à son auditeur.

Si nous prenons un groupe comme MINISTRY, nous remarquons que les machines sont au service des instruments plus organiques pour décupler la violence du propos, en créant un espace où le synthétique se marie aux riffs provenant de guitares bien réelles. Chez NINE INCH NAILS, il ne semble pas y avoir de frontières distinctes entre les instruments et les machines, elles semblent combinées en un tout puisque les guitares ou la basse peuvent provenir de samples quand le besoin s’en fait sentir. Reznor crée ainsi des structures étranges, agressives ou doucereuses, qui vont illustrer son petit grimoire des horreurs.

À travers quatorze compositions dont les paroles sont souvent des chapelets d’insultes d’une violence inouïe, Reznor va composer un des disques les plus marquants du genre ainsi que des années 90, rien que ça. Trent avouera souvent s’être inspiré de "The Wall" de PINK FLOYD pour créer l’ambiance froide, mécanique de son album. Et en écoutant bien, il est vrai que nous retrouvons un peu de l’univers de Roger Waters, dans le sens où nous retrouvons ce côté déshumanisé, parfois éprouvant, où l’on assiste, impuissant, à la perte totale de contrôle d’une personne. Autant sur "The Wall" il y avait toujours cette planche de salut que l’on distinguait au loin, ici tout semble vouloir noyer le protagoniste, qui ne peut, ou ne veut pas se dégager de cette spirale. Et nous, spectateurs, attendons le dénouement avec non pas de l’appréhension, mais une certaine envie. Envie de voir une mort violente, bien que musicale.

Et c’est en tant que voyeur que nous entrons dans ce disque. Nous assistons à un spectacle de Freaks immonde, sauf que c’est un one-man show destructeur. "The Downward Spiral", c’est un "Fight Club" mental. C’est un disque réservé aux initiés et il semble interdit d’en parler autour de soi. La première règle… Alors nous dégustons, chaque coup, chaque insulte, avec un sourire béat aux lèvres. Nous aimons être salis. Nous serons toujours attirés par une flaque de boue et quand elle cache des tessons de bouteille comme c’est le cas ici, c’est encore mieux. Et la première déflagration va être physique.

"Mr. Self Destruct" est une mise en bouche douloureuse. Un coup de boule de bienvenue, donc. Reznor est ici jusqu’au-boutiste, il reprend là où il s’était arrêté avec "Broken" et la déflagration sonore est bruyante, un véritable maelström de notes, de sons qui forment un tout agressif, violent, qui ne laisse place à aucune échappatoire. Dans le genre, "March Of The Pigs" et "Big Man With A Gun" sont encore plus impressionnantes. Les parpaings s’enchaînent, la brutalité naît de ce trop-plein d’expressivité, de cette colère non contenue qui nous éclabousse de sa noirceur malsaine. Mais les déluges de violences seraient parfaitement inoffensifs s’ils n’étaient pas contrebalancés par des moments de calme.

Ça, Jourgensen l’avait bien compris quand il avait écrit "Psalm 69". Il ne pouvait pas proposer de l’intensité tout du long sous peine d’éteindre l’auditeur, aussi son album ressemblait à un sablier musical, qui s’adoucissait pour repartir de plus belle. Sur "The Downward Spiral", Reznor prône plutôt l’alternance et la violence laisse place à des moments où la sérénité n’est que relative. Le flot d’insanité des paroles est là pour nous ramener systématiquement à la réalité de l’album à chaque fois. Aussi, des passages comme "Piggy" ou "A Warm Place" s’avèrent salutaires pour l’ensemble de l’œuvre, qui respire et ne rend les morceaux agressifs encore plus arides.

Quant au final de l’album, constitué du title track et de "Hurt", il est à la fois beau et inhumain. Reznor ne fait pas que du bidouillage, il apporte une réelle profondeur à son Indus et à cette introspection enrobée de souillures pour passer plus inaperçue. Quand les dernières notes meurent, elles laissent un grand vide, un silence terrible qu’il faut rapidement combler. Alors, bien que l’œuvre soit en noir et peu ragoûtante pour le commun des mortels, la meilleure chose est de rappuyer sur play, encore, et s’enfoncer cette spirale à coup de tournevis dans le crâne. Le sang appelle le sang.

Comment définir cette œuvre au moment de la noter ? Crier au chef d’œuvre ? C’est d’un commun, mais cela serait au final assez juste, non ? Dire qu’il s’agit d’un amas de merde dans laquelle grouille une vermine dont nous ne voulons pas avoir à faire ? Selon le point de vue, cette affirmation est tout aussi exacte. "The Downward Spiral" est le genre d’album que l’on ne peut pas noter. Parce que chaque écoute peut s’avérer différente, selon son état d’esprit. D’ailleurs, si vous êtes dépressifs, évitez de l’écouter ce disque. À la fois brillant, subversif, obscur et dégueulasse, "The Downward Spiral" est un opus majeur de ces trente dernières années (2). Encore aujourd’hui, il force le respect ou génère le rejet le plus absolu. Pour moi, c’est le 5/5, sans trop hésiter.


(1) et pour parfaire la chose, il produira les premiers opus de MARILYN MANSON également. La boucle est bouclée.
(2) et l'album de remixes "Further Down The Spiral" est également très intéressant.

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   DARK BEAGLE

 
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- Trent Reznor (tout ou presque)


1. Mr. Self Destruct
2. Piggy
3. Heresy
4. March Of The Pigs
5. Closer
6. Ruiner
7. The Becoming
8. I Do Not Want This
9. Big Man With A Gun
10. A Warm Place
11. Eraser
12. Reptile
13. The Downward Spiral
14. Hurt



             



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