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2023 Supercluster
 

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JAAW - Supercluster (2023)
Par DARK BEAGLE le 1er Janvier 2024          Consultée 1443 fois

"Hard Cold Fire", le dernier album de THERAPY?, aura peiné à me convaincre. D’ailleurs, il n’y est pas parvenu, trop poussif et pas assez rageur à mon goût. Cependant, quand j’ai appris que Andy Cairns, sa tête pensante, faisait partie d’un super groupe nommé JAAW, je n’ai pas hésité longtemps à écouter le fruit de cette formation composée également de Jason Stöll (basse, guitare, claviers - SEX SWING), Adam Betts (batterie - THREE TRAPPED TIGERS, GOLDIE, SQUAREPUSHER), Wayne Adams (guitare, claviers, programmations, connu pour avoir monté le projet PETBRICK avec Igor Cavalera). En revanche, nous pouvons revenir sur la définition de super groupe. Si cela se joue à la célébrité des musiciens, on parlera plutôt d’un side project, cela transpire moins les egos démesurés qui s’entrechoquent. Mais la créativité qui se dégage de JAAW mérite clairement que l’on se penche dessus.

Vu les noms alignés, il ne fallait pas s’attendre à de la Pop ou du Heavy Metal plus-traditionnel-que-ça-tu-meurs. Le rendu allait forcément être Noisy à souhait et l’option Electro était tout à fait possible. En fait, JAAW va nous replonger dans les années 90, à l’époque où les GODFLESH, MINISTRY et autres KILLING JOKE amenaient la musique Industrielle sur le devant de la scène. On va passer outre la pochette qui est assez immonde dans le genre psychédélisme morbide qui traduit seulement le contenu par le choix des couleurs : à la fois chaud, froid et terriblement venimeux. En fait, on ne s’attend pas à ce qui va arriver, on pouvait imaginer de nombreux scenarii, celui-ci était probable, mais absolument pas certain.

L’Indus de JAAW est forcément rétro, vu les influences et ponts possibles cités. La musique produite n’en demeure pas moins marquante car elle résonne malgré tout de façon actuelle au niveau de la prod, qui laisse volontairement des guitares bien sales pour accentuer la sensation de malaise qui se répand petit à petit, comme de la mélasse. Le chant est trafiqué, il ne sonne jamais de façon naturelle, il contribue à la déshumanisation des compositions qui vivent beaucoup sur des effets lancinants ponctués de gros riffs bien énervés, des accélérations brusques et cruelles qui ne sont pas que là pour nous maintenir éveillés.

"Supercluster" est un disque relativement court, ce qui n’est pas un mal vu la musique oppressante proposée par le groupe. La formation ne nous épargne pas, elle s’est échinée à varier son propos tout en gardant une ligne directrice simple et efficace. Les morceaux, de longueurs variables, se succèdent dans un maelström sonore aux variations souvent subtiles. Par moments, les riffs se veulent plus secs, lancés dans un galop qui semble provenir de l’écurie MINISTRY ("Hellbent On Happiness" évoque clairement ce que produisait Jourgensen à l’époque de "Psalm 69"). C’est totalement déshumanisé et cela fonctionne à merveille dans ce cas précis. Cette impression d’être écrasé, balancé à droite à gauche, de ne pas savoir exactement dans quoi on a mis les pieds possède un truc jouissif, comme si on partait à l’aventure.

La force de JAAW réside dans sa capacité à nous coller la tête dans la boue sans vergogne pour mieux nous étriller par la suite avec des guitares aiguisées qui ne font pas de quartier. Si l’on peut reprocher au chant d’être un peu trop désincarné et de ne pas se diversifier, cela accentue également les effets provoqués par la musique et cela fonctionne très bien en définitive. "Bring Home The Motherlode, Barry", morceau-fleuve de ce premier essai parfaitement transformé, ressemble à une expérience, sur fond de dissonance maîtrisée, de guitares revêches et de lignes de chant qui agissent comme des aiguilles que l’on planterait dans le creux de la main. Et cela résume au final assez bien JAAW : un laboratoire où l’on revient à la musique Indus générique, mais que l’on titille pour la faire sortir de sa torpeur, de la facilité dans laquelle elle s’est glissée depuis quelques années.

Cependant, JAAW n’est en rien révolutionnaire. Ce que le groupe joue n’est pas novateur, ni même original. Il s’agit plutôt de revenir sur l’aura d’une scène qui aura marqué les esprits en lui donnant quelques couleurs inédites et surtout une crédibilité après ces décennies passées, qui avaient marqué les jeunes années des musiciens présents ici. Alors non, il n’y aura pas de speederie à la "Troublegum", ni d’Electro Funk. Pour Andy Cairns et sa bande, il ne s’agit pas de se toucher le nombril en jouant ce que l’on attend d’eux ou de taper dans le style de prédilection du nom le plus ronflant ici (en d’autres termes, Cairns), mais de se mettre en danger en pratiquant un style où les lettres de noblesse ont été rédigées depuis longtemps et ont figé le genre dans des créneaux bien particulier.

Il ne faut pas s’attendre à du martial façon RAMMSTEIN ou toute cette vague allemande. JAAW renoue avec l’Indus crade et viscéral, plus américain qu’européen en définitive (mais KILLING JOKE, originaire de la Perfide Albion, ne possède-t-il pas une aura internationale ?). Et quelque part, c’est tant mieux, surtout à notre époque où GODFLESH déçoit de plus en plus et que MINISTRY divise plus qu’il ne rassemble ? "Supercharger" risque malheureusement de rester trop discret, trop confidentiel pour véritablement provoquer des remous explosifs sur une scène qui a besoin de formations capables de crisper, de mettre à mal les auditeurs. Quoi qu’il en soit, JAAW reste l’un des meilleurs side-projects paru cette année, en compagnie de JOHNNY THE BOY dans un genre toutefois différent.

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- Andy Cairns (chant, guitare)
- Wayne Adams (guitare, claviers, programmations)
- Jason Stöll (basse, guitare, claviers)
- Adam Betts (batterie)


1. Thoughts And Prayers (mean Nothing)
2. Reality Crash
3. Rot
4. Total Protonic Reversal
5. Bring Home The Motherlode, Barry
6. Hellbent On Happiness
7. The Dead Drop
8. Army Of Me



             



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